La récente visite de Faé Emerse en Turquie a remis au goût du jour le retour en sélection de Wilfried Zaha.
De notre correspondant en Côte d'Ivoire
Passée la CAN 2023 remportée de haute lutte sur leurs terres, les Éléphants se remettent en ordre de bataille pour les échéances futures. Ils ont affronté récemment en match amical le Bénin (2-2) et l'Uruguay (2-1) en France. Le sélectionneur ivoirien Faé Emerse a profité de ce séjour en Europe pour rendre visite à certains professionnels, surtout ceux en délicatesse avec les pachydermes, ou de potentiels renforts en vue des éliminatoires de la CAN 2025 et du Mondial 2026. Wilfried Zaha, banni du groupe par Jean-Louis Gasset avant le banquet du football africain en terre ivoirienne, a donc eu l'occasion d'échanger avec son coach dans l'optique de revêtir de nouveau la vareuse orange. Mais pour quel rôle surtout que la victoire à la CAN a montré que le feu follet de Galatasaray n'est pas indispensable au groupe?
C'est en 2016 que Wilfried Zaha a décidé d'opter pour la Côte d’Ivoire au détriment de l'Angleterre. Depuis, son histoire avec les Éléphants n'a jamais été un long fleuve tranquille. Alors qu'il rêvait de la CAN à domicile, son rêve a été stoppé net pour des problèmes d'adaptation à la vie du groupe. Mais la porte ne lui a jamais été fermée d'où l'arrivée de Faé en Turquie pour recoller les morceaux avec l'ailier de Galatasaray. Ce rapprochement s'est fait en douce surtout avec un rôle crucial joué par le capitaine Serge Aurier. «La signature de Aurier à Galatasaray, en pleine CAN, a favorisé beaucoup de choses. Elle a aidé a faire baisser la tension car Aurier a été comme un éclaireur pour la Fédération. Sa présence aux côtés de Zaha chaque jour à l'entraînement et en dehors des terrains a permis un nouveau rapprochement entre le joueur et les dirigeants », explique un membre du staff qui n'a pas voulu être cité puisque la priorité revient à l'entraîneur de parler de tout ça officiellement.
Mieux, cette rencontre a été voulue par le président de la Fédération Ivoirienne de football qui veut les meilleurs joueurs du moment pour les deux échéances cruciales à venir : les éliminatoires de la CAN 2025 au Maroc et ceux de la Coupe du monde 2026 au Mexique, Canada et États-Unis. Cependant, beaucoup d'observateurs se demande ce que pourrait bien apporter encore un joueur trentenaire au moment des ailiers d'une vingtaine d'années à peine comme Adingra et Diakité brillent de mille feux. La réponse se trouve dans l'expérience de Wilfried Zaha qui a déjà disputé trois CAN (2017, 2019 et 2021) et a cruellement manqué au 1er tour de la CAN 2023. Mieux, en dehors de Adingra et Diakité, les autres ailiers semblent en dedans à l'instar de Pépé et Jonathan Bamba. Zaha devient comme une alternative qui s'impose à Faé surtout en terme de percussion sur les côtés où il pourrait être titularisé en compagnie de Adingra et Haller en pointe.
«Wilfried Zaha, a confié récemment un ancien international, est un joueur imprévisible sur le terrain. En un contre un, il est difficile à prendre. On ne sait jamais s'il va aller à droite ou à gauche. En pleine course, il est capable de déclencher un tir puissant sans élan. Du droit ou du gauche, il a la même puissance. Il vaut mieux l'avoir avec soi. Il est capable de sortir son équipe de certaines situations. Il a révolutionné des choses en sélection», a-t-il loué les qualités de dribbleur de l'ancienne vedette de Crystal Palace. Mais même avec ce talent, il y a une vie de groupe à préserver.
«Au-delà de toutes ces qualités, il y a l'esprit du groupe. La sélection nationale est un moule dans lequel tout le monde soit se fondre et former un. Chacun vient avec ses qualités et ses défauts, et la combinaison donne un groupe qui doit viser le même objectif. Wil a bien suivi ce qui a précédé la CAN, pendant la CAN et après la CAN. Il est réclamé par de nombreux fans et il est conscient que la pression est aujourd'hui de son côté. S'il est appelé pour les échéances à venir, il sera très attendu puisque la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2026 approchent. Je suis content que le sélectionneur ait fait le déplacement pour aller échanger avec lui», a terminé notre interlocuteur, qui a joué en Angleterre et fait partie de ceux qui ont poussé Zaha à choisir la Côte d'Ivoire.
«Faé a eu une belle démarche. Elle réhabilite Zaha qui a manqué le train de la CAN et elle veut clairement dire "reviens avec nous, nous avons beosin de toi ". Au joueur de décider s'il va revenir ou pas. Sur le terrain, c'est clair qu'avec la retraite de Gradel, on avait besoin d'un ailier droit de métier et en plus expérimenté. De plus, il faut les meilleurs pour se qualifier à la CAN 2025 et au Mondial 2026 et Zaha fait clairement partie de cette catégorie de joueurs» , analyse, pour sa part Dago Charles, ex-attaquant des Eléphants.
Pour mettre fin définitivement aux moqueries de ceux qui disent qu'il n'a pas encore totalement épousé la culture ivoirienne encore moins la langue officielle, Wilfried Zaha leur a répondu sur les réseaux sociaux de Aurier. « A tous ceux qui disent que je ne sais pas parler le Français, je sais parler Français », a martelé celui qui a joué avec les jeunes de l'Angleterre. Voilà qui est clair. La liste du mois de juin 2024, pour les qualifications au Mondial 2026 face au Gabon et au Kenya, devrait marquer le retour de l'enfant terrible de la sélection.
Sanh Séverin