La Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a récemment adopté de nouveaux statuts qui bouleversent ses règles internes. Ces réformes, perçues par certains comme une stratégie pour renforcer la position de Samuel Eto'o en vue d'un second mandat, suscitent de vives critiques. Entre allongement des mandats, assouplissement des critères d'éligibilité et suppression d'incompatibilités, ces modifications interrogent sur la gouvernance et la transparence de l'institution.
La Fédération camerounaise de football (Fécafoot) a adopté, lors de son Assemblée générale du 16 novembre 2024 à Mbankomo, de nouveaux statuts marqués par des changements significatifs. Cette révision des textes, la quatrième depuis l'arrivée de Samuel Eto'o à la présidence de l’instance en décembre 2021, alimentent les débats sur la transparence et la conformité aux standards internationaux. Certains y voient une préparation stratégique pour un second mandat, voire une consolidation du pouvoir.
Parmi les modifications les plus discutées, le nombre de mandats présidentiels a été étendu de deux à trois, chacun de quatre ans, permettant à un président de rester en poste jusqu'à 12 ans. Cette disposition qui tombe à un an de la fin du premier mandat de l’ancien capitaine des Lions Indomptables, est donc perçue par certains comme un instrument visant à prolonger l’influence de Samuel Eto'o au-delà des standards admis.
Les nouveaux critères d’éligibilité pour les candidats aux postes électifs posent également question. La modification des articles 34 et 36 autorise désormais des individus ayant été épinglés par des instances juridictionnelles nationales et internationales à briguer un poste, à moins d’avoir été condamné « à une peine définitive privative de liberté assortie d’un titre de détention » ou alors « sans sursis supérieure à trois mois ».
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Cette disposition semble taillée sur mesure pour Samuel Eto’o, condamné à 22 mois de prison avec sursis en Espagne pour fraude fiscale en juin 2022, et récemment condamné à une amende de 200 000 euros pour avoir enfreint les statuts de la CAF en matière d'éthique. Ces changements heurtent les principes édictés par la FIFA et la CAF, qui imposent des critères stricts d’intégrité. Un dirigeant reconnu coupable de violations graves des règles d'éthique ne pouvant siéger dans les organes de gouvernance d’une Association membre.
L’abaissement de l’âge limite pour la présidence, désormais fixé à moins de 65 ans au lieu de 70, alimente également les spéculations. Certains observateurs estiment que cette clause vise à exclure des candidats potentiels, notamment Yannick Noah, ancien champion de tennis et figure influente, qui aura 65 ans en 2025 et dont la rumeur susurre qu’il nourrirait l’ambition de briguer la présidence de la Fécafoot.
De plus, le passage de 20 à 22 membres au sein du Comité exécutif, avec la possibilité pour le président de coopter deux personnalités, renforce le pouvoir discrétionnaire de Samuel Eto'o. Les récentes nominations de Pascal Abunde et Pierre Batamack en sont une illustration.
Ces réformes, perçues par certains comme une tentative de verrouiller l'appareil dirigeant en faveur de Samuel Eto’o, suscitent de vives réactions au Cameroun. Guibai Gatama, membre du Comité exécutif, dénonce des textes qui « bâillonnent les clubs », « détruisent les règles éthiques » et instaurent une « répartition discriminatoire ». Toutefois, selon Abdouraman Hamadou Babba, à l’origine de l’annulation de plusieurs élections à la Fécafoot avant l’ère Eto’o, les modifications des statuts de la Fécafoot adoptées le 16 novembre 2024 ne peuvent pas entrer en vigueur sans l'approbation préalable du ministère des Sports et de l'Éducation Physique, conformément à l'article 7 de la loi nº 2018/014 du 11 juillet 2018.
Cette loi exige un contrôle de conformité du ministère sur les statuts et règlements des fédérations, aussi bien lors de leur adoption que de leur modification. En l'absence de cet avis, seuls les statuts adoptés le 10 octobre 2023 demeurent juridiquement valables et applicables aux acteurs du football camerounais.