Prévues pour ce tenir le 30 novembre dernier, les élections à la présidence de la Fédération de football au Tchad ont été suspendues sur décision du Tribunal de Grande Instance de N’Djamena. La raison ? La saisine par un des candidats dont le dossier a été invalidé, ainsi que le procès en cours du candidat unique restant en course. Malgré les pressions exercées par la FIFA pour tenter de forcer le scrutin, l'instance mondiale s'est heurtée au refus des autorités locales.
Le 30 novembre 2023 devait marquer un nouveau départ pour le football tchadien. Après une suspension de la FIFA, impliquant l'exclusion de toutes les sélections nationales et des clubs des compétitions continentales et mondiales, puis la mise en place d'un Comité de normalisation, la Fédération tchadienne de football devait connaître son nouveau président. Deux candidats étaient en lice, Tahir Hassan et Ibrahim Foullah. Sauf qu'au final, le Comité de normalisation a invalidé la candidature de Hassan, faisant de Foullah le seul candidat pour le poste.
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Dans un courrier adressé à Tahir Hassan, le Comité de normalisation l'accuse notamment de falsification de documents dans son dossier de candidature. De quoi le disqualifier d'office. Pour l'intéressé, il s'agit là d'une preuve de plus que des membres de l'instance, à commencer par la présidente Jacqueline Moudeïna, souhaitent le mettre hors course afin de faciliter l'élection de leur candidat. Signe des tensions et divisions en interne, Nair Abakar, le vice-président du Comité de normalisation, a lui refusé de signer le procès-verbal signifiant à Tahir Hassan l'invalidation de sa candidature.
Face à cette situation, le candidat déchu a saisi le Tribunal de Grande instance de N’Djamena. Après examen de la requête en urgence, la juridiction a prononcé la suspension des élections le temps de pouvoir statuer sud le fond. Décision contestée par Ibrahim Foullah, qui estime que toutes les conditions pour le bon déroulement du scrutin étaient réunies et que l'éviction de son rival pour falsification de documents était justifiée. «Tout cela, c’est la faute de gens étrangers au football. Ils ont falsifié des documents alors qu’on est dans un petit milieu. On se connaît tous», a-t-il confié dans un entretien à RFI.
Le processus électoral dans l'impasse, la FIFA a diligenté sur place une délégation afin de désamorcer la situation et pousser pour que le scrutin puisse se tenir malgré la candidature unique. Un argument de plus pour Tahir Hassan pour dire qu'Ibrahim Foullah est le candidat souhaité par la FIFA et que l'instance mondiale du ballon rond fait pression pour son élection. Et ce, alors que ce dernier est lui-même en liberté conditionnelle, dans l'attente de son procès pour corruption et détournement de deniers publics.
Si tout a été fait pour que l'élection puisse se tenir à la date prévue, le Tribunal de Grande Instance de N’Djamena a dépêché les forces de l'ordre sur place afin de suspendre le processus. Des hommes en tenues ont pris possession des urnes pour que le vote ne puisse pas se tenir. «Les autorités ne veulent pas se faire dicter des ordres», précise une source fédérale à Sport News Africa. «Ils sont prêts à risquer une nouvelle suspension plutôt que de céder à une quelconque pression.»
Face à l'inflexibilité des autorités tchadiennes, la FIFA obtenu que sa délégation sur place, dirigée par Gelson Fernandes, directeur régional de la division des associations membres pour l'Afrique, soit reçue en audience par le Premier ministre, chef du Gouvernement d'Union Nationale, Saleh Kebzabo. Mais à la sortie de cette réunion, la position du Tchad n'a pas évolué, faisant risquer une nouvelle suspension au pays. Une décision sera prochainement prise par a FIFA, alors que dans le même temps, Tahir Hassan a lui décidé de porter l'affaire devant le Tribunal arbitral du sport. Signe que ce nouveau feuilleton n'est peut-être pas prêt de connaître son épilogue.