Si elle veut espérer se qualifier pour les 8es de finale, la Tunisie devra battre la France mercredi à Al Rayyan, et attendre le résultat de Danemark-Australie. La mission des Aigles de Carthage s’annonce particulièrement relevée, mais pas forcément impossible.
La Tunisie n’a encore jamais battu la France en quatre confrontations -deux nuls en 2002 et 2010 (1-1), deux défaites en 1978 (0-2) et 2008 (1-3) - et toujours amicales. Si elle veut s’inventer un avenir en Coupe du Monde et atteindre pour la première fois le second tour, il lui faudra non seulement s’imposer face aux Bleus, déjà qualifiés après leurs victoires contre l’Australie (4-1, le 22 novembre) et le Danemark (2-1, le 26 novembre) et espérer un résultat favorable dans l’autre rencontre du groupe (match nul ou victoire du Danemark sur un score inférieur de celui des tunisiens, ndlr). «Cela fait beaucoup de conditions. Battre la France, ce sera compliqué bien sûr, mais cela peut arriver. Mais les Tunisiens peuvent très bien venir à bout des français et être éliminés si l’Australie bat le Danemark, par exemple», résume Alain Giresse, ancien international français (47 sélections, 6 buts) et sélectionneur des Aigles de Carthage de décembre 2018 à août 2019.
Bien sûr, depuis le début de la Coupe du Monde, on a vu l’Arabie Saoudite renverser l'Argentine (2-1), le Japon essorer l’Allemagne (2-1) et le Maroc éreinter la Belgique (2-0), preuve que les surprises, même de taille, sont toujours étroitement liées à l’histoire de cette compétition pas comme les autres. Après tout, la Tunisie a bien réussi à accrocher le Danemark lors de la 1ère journée (0-0, lequel avait atteint les demi-finales du dernier Euro et dominé deux fois la France en Ligue des Nations (2-1, 2-0).
«On a bien débuté face aux Danois, avec ce très bon match nul. Il fallait confirmer contre l’Australie (0-1), et on ne l’a pas fait. Les regrets sont là. La Tunisie a cherché à rivaliser avec les Australiens sur le plan athlétique, un domaine où ces derniers sont supérieurs. Offensivement, elle n’a pas assez pesé. Elle n’a pas fait preuve d’assez de créativité, et c’est ce qu’il faudra faire contre la France, où les Aigles n’auront sans doute pas beaucoup d’occasions», intervient Nabil Maâloul, l'ancien sélectionneur de la Tunisie (2006-2008, 2013, 2017-2018), désormais entraîneur de l’Espérance Tunis. Une efficacité surprenante à la lecture des noms qui peuplent le secteur offensif tunisien, dont Naïm Sliuti, Wahbi Khazri ou Youssef Msakni.
Ce mercredi à Al Rayyan, face à une équipe Tricolore remaniée mais bien décidée à terminer en tête de son groupe et si possible en bouclant le premier tour avec trois victoires, la Tunisie devra «être très rigoureuse, vigilante défensivement face à la qualité des attaquants français, essayer de poser son jeu et se montrer efficace, car elle n’aura pas beaucoup d’occasions», prévient Nabil Maâloul, qui veut rester «optimiste malgré l’ampleur de la tâche».
Depuis Toulouse, Alain Giresse, désormais sélectionneur du Kosovo, aimerait «que la Tunisie fasse quelque chose, même si, en tant que français, je serai supporter des Bleus. Si les Aigles veulent gagner et croire en leurs chances, il leur faudra faire un match presque parfait…».
Alexis BILLEBAULT