Barré par la concurrence, mais surtout négligé à Chelsea, Hakim Ziyech a retrouvé le bonheur des pelouses avec Galatasaray. Tel un phénix qui renaît de ses cendres, le gaucher magique a rapidement posé son empreinte en Turquie, ce qui augure une grande saison. Un retour en force qui fait le bonheur des supporters marocains.
« Gâchis », « perte de temps », « crime contre le football »... Les férus de football au Maroc ne sont pas avares en critiques au sujet de Chelsea. Ils ont tiré à boulets rouges sur les coachs passés sur le banc de Blues et ayant dirigé Hakim Ziyech. En cause, le manque de temps de jeu du gaucher et le peu de considération dont il jouissait chez les Blues malgré une belle Coupe du monde réussie avec la sélection marocaine. À cela, s'ajoute son transfert raté au PSG en raison des péripéties de dernières minutes attribuées aux dirigeants du club anglais. Des accumulations d'échecs frustrantes pour les partisans de l'ancien joueur de l'Ajax Amsterdam.
Parti à Galatasaray lors du dernier mercato, Ziyech s'est rapidement mis dans le rythme. L'ailier a réalisé une passe décisive dès son premier match, avant de marquer d'un joli contrôle-tir lors du deuxième. Des débuts prometteurs et un retour en grâce largement salué au Maroc. « Aujourd'hui, j'ai joué en tant que numéro 10, mais cela ne me dérange pas. Tant que je profite, il n'y a pas de problème. Je peux jouer sur l'aile droite ou derrière l'attaquant », s'est-il réjoui lors du dernier match joué avec le club le plus titré de Turquie.
Si le talent de Ziyech ne souffre d'aucune contestation, il a toutefois perdu beaucoup de temps lors de son passage à Londres. Un vrai frein à sa carrière, d'autant qu'il pouvait, à une certaine époque, prétendre à un Ballon d'or africain comme ses prédécesseurs en Premier League (Salah, Mahrez, Mané). Mais ce n'est que partie remise, car le gaucher a démontré qu'il en a encore sous le capot. Un retour en forme qui réjouit les supporters à l'approche de la CAN en Côte d'Ivoire et de celle de 2025 prévue au Maroc.
De l'avis du technicien marocain Abderrahim Talib, « Ziyech a été complètement négligé lorsqu'il a rejoint Chelsea, alors que c'est un garçon très sensible qui a vécu en étant orphelin jeune. À Chelsea, on voyait qu'il était démotivé et triste ».
« Heureusement, grâce à la sélection nationale et au coach Walid Regragui, il a repris des forces, techniquement et physiquement. Le coach Regragui s'est bien comporté avec lui en oubliant tout ce qui est dogmatique », salue A. Talib.
Pour le coach marocain ayant dirigé plusieurs clubs à l'échelle nationale, « quand un joueur traverse ces périodes, il faut du savoir-faire pour qu'il revienne en forme. Et grâce à cela, il a retrouvé l'envie en Coupe du monde ».
« A Galatasaray, le public, le club et les médias l'ont bien accueilli, ce qui a facilité ses débuts. Quand le comportement du public est positif ainsi que l'accueil du staff et des médias, il est facile pour le joueur de s'intégrer...», explique le technicien marocain.
Le coach du club turc Okan Buruk a aussi salué l'apport rapide de son nouveau joueur. « Ziyech a montré plusieurs choses positives lors de ses premières apparitions. C’est un véritable atout pour nous ».
À Chelsea, Ziyech n'est pas un cas à part, croit savoir Talib. Le club, qui ne lésine pas sur les moyens lors des mercatos, a en effet parfois mal géré certains joueurs de l'effectif, privés de temps de jeu ou obligés d'aller chercher d'autres clubs après avoir été abonnés au banc. « Chelsea fait subir cela à beaucoup de joueurs étrangers, surtout les Francophones. Pour le cas de Ziyech, son niveau a stagné ou même baissé avec Chelsea. Le club n'a pas su exploiter les capacités techniques du joueur », déplore ainsi le coach.
Au Maroc, le public a toujours scandé le nom de Ziyech. Il a toujours eu confiance en ses qualités de meneur de jeu et de leader malgré une période compliquée vécue sous l'ère Halilhodzic. « Avec lui, nous avons toujours plus de solutions », enchaîne A. Talib, qui se réjouit du retour en forme de l'un des joueurs marocains capables de changer le cours d'un match sur un coup de patte dont lui seul a le secret.
Talib reste d'ailleurs convaincu que l'équipe nationale peut faire de très belles choses si Ziyech venait à être indisponible. Mais le technicien reste convaincu que le gaucher magique apporte plus de solutions en raison de sa polyvalence et sa capacité à animer le jeu offensif. Il donne plus de solutions notamment sur les longues passes et les balles arrêtées. « Donc, en gros, l'équipe a besoin de Ziyech, car il apporte plus de confiance à ses partenaires ». D'ici la CAN, Ziyech devra réaliser une course contre la montre pour démontrer qu'il sera l'un des joueurs les plus attendus. Le Maroc visera, au moins, le dernier carré en Côte d'Ivoire avant d'accueillir la CAN 2025. Avec son atout offensif, l'objectif sera de remporter l'une de ses deux éditions.
Mohammed Hadji
