Suspendu par la Fédération équato-guinéenne de football jusqu'à nouvel ordre en raison d'actes d'indiscipline durant la CAN 2023, Ivàn Edu Salvador n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Dans un entretien avec So Foot, le vice-capitaine du Nzalang enfonce encore plus la Fédération.
C’est une guerre ouverte entre la Fédération équato-guinéenne, Emilio Nsue et Ivan Salvador. Depuis son élimination à la CAN 2023, le Nzalang Nacional est en pleine crise. Iban Salavador, le sélectionneur Juan Micha ainsi Emilio Nsue ont été tous suspendus pour raisons disciplinaires. Ivan Salvador revient sur cet épisode dans un entretien avec So Foot. Il raconte : «Je l’ai appris comme tout le monde : sur les réseaux sociaux. (Rires.) C’était le lendemain du match contre la Guinée, on m’a demandé de regarder les infos, et je suis tombé sur le communiqué de la Fédération. C’est fou parce que tu es pris au dépourvu et que tu ne sais pas comment réagir. Qui aller voir ? Que leur dire ? Donc avec Emilio, qui était l’autre joueur cité dans l’affaire, plus le coach, on s’est mis d’accord pour ne pas communiquer avant la fin de la compétition. C’est pour cela que deux jours après, on a fait cette vidéo.»
Toutes les accusations de la Fédération sont archi fausses, soutient Salvador. «Toutes les choses dont on nous a accusés sont fausses, tout simplement. Cela fait dix ans que je suis en sélection. Ma première cape, je l’ai eue à 18 ans, et je n’ai jamais eu le moindre souci depuis. Mieux, notre génération n’a fait que progresser. Et aujourd’hui, on dit de nous que nous foutons le bordel dans le groupe ?! Donc avec Emilio, qui est notre capitaine, nous avons décidé de contre-attaquer, en mettant en lumière les agissements de certains membres de la fédération, qui pensent avant tout à leur situation personnelle. »
Iban Salvador insiste sur la corruption qui gangrène le football équato-guinéen. «Ce que l’on veut dénoncer, c’est le problème de beaucoup de sélections africaines : la corruption. Trop de dirigeants fédéraux utilisent l’argent qui doit normalement revenir au football local, à des fins personnelles. Pendant longtemps, le football en Guinée équatoriale avait mauvaise presse, car la fédération naturalisait des étrangers, au lieu de faire confiance aux joueurs du pays. Il y avait ensuite eu un nettoyage à la fin des années 2010 avec l’arrivée des binationaux et d’une génération vraiment amoureuse du pays. Et là, on retombe dans nos travers, mais si c’est le prix à payer pour que notre football soit encore plus propre qu’avant, alors on continuera à protester », martèle-t-il.
Le bras de fer entre la Fédération et les joueurs est d'ailleurs loin d’être terminé. Puisqu'ils ont entamé une procédure pour faire le ménage dans le football équato-guinéen. «On a fait consensus pour ne pas trop s’étaler dans les médias. Il y a une procédure interne en cours pour virer ceux qu’Emilio a bien nommés «cancers», et c’est en bonne voie. Donc, c’est pour cela qu’on va moins s’exposer médiatiquement, pour laisser faire la procédure. On a juste décidé de faire quelques entretiens, dont celui-ci, pour mettre en avant nos problèmes, ceux de beaucoup de fédérations africaines et ne pas nous laisser dans l’indifférence», indique Iban Salvador.
Né en Espagne, Iban Salvador a tout sacrifié pour représenter la Guinée équatoriale. Il dispute ainsi sa première CAN en 2015. Cette période marque d'ailleurs la fin d'une tradition de la Fédération équato-guinéenne qui naturalisait des des joueurs de l'Amérique du Sud pour défendre les couleurs du Nzalang Nacional. Iban Salvador explique : «Avant 2015 et la mise en place de la réforme qui obligeait les joueurs à posséder des origines équato-guinéennes, la fédération naturalisait des Brésiliens, des Colombiens ou des Argentins. Heureusement, une génération de joueurs d’origine équato-guinéenne est arrivée. En rencontrant les dirigeants de la fédération à Valence, je leur ai même demandé d’accélérer les procédures, car j’étais pressé de rejoindre l’équipe. Pouvoir me dire aujourd’hui que j’ai 9 ans d’expérience en sélection est exceptionnel. »
Malgré sa suspension, Iban Salvador n’envisage pas une seule seconde de prendre sa retraite internationale. «Je n’ai que 28 ans, donc je suis loin de la retraite. (Rires.) Je compte bien revenir en sélection avec encore plus d’envie. En mars prochain, c’est une série de matchs amicaux qui nous attend, donc bon, pas très grave si je ne suis pas là. En revanche, au mois de juin, on reprend les qualifications à la Coupe du monde 2026 avec un choc déjà décisif contre la Tunisie, et je compte bien être présent. En espérant, bien sûr, que d’ici-là, les problèmes seront derrière nous. »