Eliminé en demi-finale de la Coupe de la ligue par l’ASM Sangarédi, Horoya AC a réalisé une saison blanche. Une première depuis plus d’une décennie. Avec sa troisième élimination de suite en phase de poule de la Ligue des champions et les difficultés financières rencontrées par le club, s’achemine-t-on vers la fin d’une ère fructueuse ?
De notre correspondant en Guinée
Après avoir perdu le championnat il y a quelques semaines face au Hafia FC lors de l’ultime journée du championnat, Horoya AC est éliminé le 25 juin en demi-finale de la Coupe de la Ligue par l’ASM Sangarédi. Une défaite aux tirs au but qui a enterré les derniers espoirs de titre du club cette saison. Une première dans l’histoire du club depuis onze saisons. Une situation qui interpelle le journaliste sportif Amadou Major Diallo. « Le Horoya va se relever. Il a la chance de disputer la Ligue des champions la saison prochaine. Même avec l’interdiction de recrutement imposée par la FIFA, le club a poussé le Hafia FC dans ses derniers retranchements. Même s’ils n’ont pas décroché le titre, ils n’ont pas aussi été ridicules », analyse le confrère.
Habitué à jouer les premiers rôles et détenteur de huit des neuf derniers titres en championnat, le club se retrouve bredouille à l’issue de la saison 2022-2023. Au cours de l’exercice, le technicien sénégalais Lamine Ndiaye a quitté le navire pour céder la place à Kanfory Lappé Bangoura. Un départ qui témoigne de la situation difficile que traverse le club, souligne pour sa part Mahmoud Nani Diabaté. «Beaucoup de facteurs ont concouru à cette situation. Le coach qui était là depuis plusieurs saisons a quitté le navire, des joueurs cadres sont partis sans être véritablement remplacés», fait remarquer le confrère. Il poursuit : « Ça peut-être la fin d’un cycle. Après avoir gagné le titre huit ans d’affilée, le club a vu sa série brisée par le Hafia. Et cela peut laisser des traces », craint pour sa part Nani Diabaté.
Après avoir mené la lutte pour la course au titre pendant de longues semaines, le Horoya s’est effondré dans la dernière ligne droite. L’international guinéen Yakhouba Gnagna Barry, grand artificier du club, a été suspendu quatre mois par la FIFA dans le cadre de son transfert avorté à Quevilly Rouen (Ligue 2-France). Pour ce confrère cet éloignement des pelouses de ce redoutable buteur a contribué à cette mauvaise saison du club. « Le club a été privé de son buteur Gnagna Barry pour 4 mois et cela a été préjudiciable. Il y a des joueurs qui ont atteint leurs limites, il faut l’avouer mais de là à parler d’une fin de cycle, il faut être prudent. Il y a certes des ajustements à faire mais il n’y a quand même pas péril en la demeure » souligne Major.
Depuis le rachat du club en 2012 par l’homme d’affaires Mamadou Antonio Souaré, le Horoya AC n’a jamais aussi vacillé. Après les départs de cadres comme Morlaye Sylla (Arouca-D1 Portugal) et Boniface Haba (Olympique Safi-D1 Maroc) notamment, le club misait sur les jeunes pousses issues de son Académie. Force est de constater que depuis lors, le club traverse une crise financière sans précédent. Les joueurs sont restés sans salaire pendant des mois.
Face à cette situation, l’Académie a fermé ses portes et les pensionnaires ont rejoint leurs familles. Une situation qui témoigne des difficultés financières que traverse le club. Le journaliste sportif Mahmoud Nani a son analyse pour rebondir. « Un rajeunissement de l’effectif s’impose. Des joueurs sont depuis quelques saisons en deçà des attentes. Des cadres qui tenaient l’équipe ne répondent plus aux exigences du haut niveau. A cette situation se greffe une crise financière. Les joueurs ne sont plus payés depuis quelques mois. Et avec l’interdiction de recrutement infligée par la FIFA, la situation s’annonce compliquée. A défaut de trouver des capitaux, le club risque de vivre une situation difficile prochainement » explique le confrère.
Octuple champion de Guinée entre 2014-2022, Horoya reste sur trois éliminations de suite en en phase de groupe de la Ligue des champions. Avec une participation à la première édition de la Super League en suspens, l’avenir s’annonce incertain chez les champions de Guinée. Avec un Yakhouba Gnagna Barry courtisé par l’Espérance Tunis et un effectif de plus en plus vieillissant, c’est peut-être bien la fin d’une ère.
Mamadou Gongorè DIALLO
