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Guinée : les raisons d'une vague de violences dans les stades

Depuis quelques saisons, des scènes de violences sont régulièrement enregistrées dans certains stades du pays. Des agressions verbales et physiques auxquelles même les journalistes ne sont pas épargnés.

De notre correspondant en Guinée,

Violence dans les stades en Guinée
Scènes de violences lors d'un match SAG-Hafia

Nous sommes le 29 février 2024 au stade de la Mission à Conakry. L'AS Kaloum affronte Flamme Olympique. Dans cette affiche de ligue 1, il n y aura pas de vainqueur (0-0). Dans un après midi tranquille, les choses vont s’accélérer.

Une journaliste brutalisée

Des journalistes présents sur les lieux, se dirigent vers les deux techniciens pour recueillir leurs avis sur la performance de leur équipe. Avec l’entraîneur de l’AS Kaloum, tout se passera comme prévu. Au moment de se rapprocher de celui de Flamme Olympique, la tension  monte d’un cran. Ilyassou Sadio Diallo raconte sa mésaventure. « Le coach se disputait avec un jeune avec lequel il s’est même pris le col, j’ai décidé de filmer la scène. Il n’en fallait pas plus pour les irriter. Trois membres du staff technique se sont jetés sur moi. Ils ont arraché ma perruque, mes boucles d’oreilles et m’ont même injurié avec des termes grossiers »,  explique la consœur. Mon confrère Thierno Abdoul venu intervenir a été plaqué au sol et son enregistreur endommagé. Thierno Madio Tolo a aussi été roué de coups et son trépied abîmé. Après la dispute, étant la seule fille du groupe, ils ont voulu s’en prendre physiquement à ma personne tout en menaçant de détruire mon matériel de travail (caméra, micro, ordinateur..).

Cette agression va se dérouler durant plusieurs minutes. Des journalistes verront donc leur matériel de travail endommagé. Thierno Abdoul Barry est de ceux-là. «On a déjà écrit à la ligue guinéenne de football professionnel pour dénoncer cette agression. Si rien n’est fait, on va saisir le tribunal de première instance de Kaloum pour porter plainte. Des choses comme ça ne doivent plus être tolérées», prévient Thierno Abdoul Barry.

Le précédent Hafia FC-Horoya AC

Ce cycle de violence n’est pas sans rappeler celui de la saison dernière. Dans la course au titre, le 10 juin 2023, le Hafia FC leader du championnat recevait son dauphin le Horoya AC. Dans une ambiance électrique, le leader ouvrait le score avant de voir champion en titre revenir à la marque. L’arbitre du match a distribué de nombreux cartons pour calmer les ardeurs des joueurs et encadreurs du Horoya AC, mécontents des 3 minutes de temps additionnel annoncées par le quatrième arbitre. Suffisant pour mettre le feu aux poudres. Dans cette confusion, la pelouse a été envahie par une foule de supporters, poussant l’arbitre à siffler la fin du match à la 91ème minute.

Impuissance de la Ligue Pro

Du côté de la Ligue guinéenne de football professionnel (LGFP), on se dit déçu par cette situation. Lucien Guilao est le président du comité provisoire de la ligue. « C’est une situation dommageable », regrette-t-il d’entrée. Force est de constater que plus d’une semaine après l’agression des journalistes la situation n’a pas évolué. L’entraîneur assistant de Flamme olympique, le club incriminé est allé jusqu’à nier cette agression. Les enquêtes annoncées tardent à donner un verdict. Le président de la Ligue tente de rassurer. «Nous l’avons constaté. L’agression des journalistes, c’est quelque chose que nous déplorons. Ils sont parties prenantes. Nous menons des enquêtes et à l’issue de celles-ci, des sanctions vont êtres prises », promet ce responsable.

Ce regain de violence dans les stades inquiète. Malgré des sanctions prises contre certains responsables, la pratique est toujours d’actualité. Si le plan architectural des stades est mis en cause dans certaines circonstances, les raisons peuvent se trouver ailleurs. « La configuration de nos stades n’aide pas. Les stades sont construits de telle sorte, qu’au moindre incident, il peut y avoir un mouvement de foule. Ceux qui ne sont pas sur la feuille de match sont interdits de descendre sur la main courante. Mais certains dirigeants usent de leur influence face à la sécurité pour s’y rendre. Et ça crée des soucis. Parce que plus il y a des gens sur la main courante, plus il y a des difficultés à canaliser ces derniers », explique Lucien Guilao.

Un kinésithérapeute sanctionné deux ans après s’être battu

Si certaines mesures prises ont dissuadé les protagonistes à se livrer à des scènes de violences, elles n’ont pas tenu sur la durée regrette le président de la ligue. «Il est arrivé que la ligue brandisse des menaces avant des matchs à enjeu. Et cela a porté ses fruits quelques fois. Mais sur la durée, ça n’a pas tenu regrette ce responsable. Il y a deux semaines à Kindia, un kinésithérapeute a été sanctionné pour deux ans après s’être battu dans le terrain. Mais cette sanction ne l’a pas empêché le match suivant d’agresser un arbitre qui était dans les tribunes. C’est dommage».

Plus d’une semaine après l’agression des journalistes par des membres du staff de Flamme Olympique, les résultats de l’enquête et les éventuelles sanctions se font attendre. Mis à part un communiqué de la ligue quelques heures après l’agression, aucune mesure prise. Reste à savoir quelle sera l’issue de cette affaire qui alimente les débats des le milieu sportif guinéen.

Mamadou Gongorè DIALLO

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