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Le Gabon secoué par les révélations sur des viols commis par un entraîneur

Le Gabon et le monde sportif sont en émoi après les glaçantes révélations faites par The Guardian. Dans une enquête appuyée par des témoignages, le média britannique dévoile les viols et abus sexuels commis par Patrick Assoumou Eyi, surnommé «Capello», Directeur technique de la Ligue de Football de l’Estuaire (LFE) et ancien sélectionneur de l’équipe des moins de 17 ans.

Patrick Assoumou Eyi
Patrick Assoumou Eyi, l'entraîneur au cœur du scandale qui a éclaté au Gabon.

L'affaire est déjà retentissante et elle dépasse les frontières tant les témoignages sont saisissants. Dans une enquête choc publiée le 16 décembre, The Guardian révèle les nombreux abus sexuels commis durant des années par Patrick Assoumou Eyi, l'ancien sélectionneur de l'équipe des moins de 17 ans du Gabon. Celui qui est surnommé «Capello» aurait contraint de nombreux jeunes à avoir des relations sexuelles avec lui. Ceci depuis le début des années 90 et durant toute sa mandature, qui a pris fin en 2017. Ce qui laisse présager du nombre important de victimes potentielles qui auraient subi attouchements, abus et autres gestes répréhensibles par la loi.

Près de 30 ans à sévir dans le milieu au Gabon

«Il m'a forcé à avoir des relations sexuelles avec lui. C'était la condition pour rester dans l'équipe nationale (…) ''Capello'' a violé tant de garçons qu'il allait parfois à la campagne pour en trouver de nouveaux», témoigne l'une des victimes auprès du média britannique, avant d'ajouter : «Il profitait de leur pauvreté. C'est la réalité du football au Gabon depuis des décennies, mais personne ne peut arrêter le système. Les prédateurs sont trop nombreux.» Témoignage qui a libéré la parole sur les réseaux sociaux. D'autres anciens joueurs révélant avoir eu affaire à «Capello» durant leur jeunesse ou ayant eu connaissance de ses agissements.

Un son de cloche bien différent de celui de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot). L'instance indique n'avoir jamais eu connaissance ou enregistré de plaintes relatives aux actes dénoncés. «A notre connaissance, Patrick Assoumou Eyi n’a pas d’équipe et n’est nommé pour diriger aucune équipe nationale au Gabon. Les joueurs que vous avez rencontrés devraient également envisager de nous contacter afin d’enquêter avec diligence, car nous confirmons que de tels faits doivent être dénoncés devant les tribunaux et les instances judiciaires compétente », a fait savoir la Fédération.

La Fédération gabonaise impliquée, d'après les auteurs de l'enquête

Pourtant, la Fegafoot est bien indexée par les auteurs de l'enquête, dont Romain Molina. Le journaliste connu pour d'autres révélations du genre, notamment en Haïti, fait savoir que d'autres personnalités du monde du football gabonais auraient profité du réseau mis en place par «Capello». «Notre enquête a fait bouger les lignes. Les langues se délient au Gabon et d'autres sont prêts à parler désormais», a-t-il indiqué à Sport News Africa, avant de préciser : «Ce n'est que le premier volet. Des gens au sein de la Fédération sont impliqués. Patrick Assoumou Eyi n'est que l'arbre qui cache la forêt.»

Suffisant pour que l'affaire ne remonte jusqu'au sommet de l'Etat gabonais. Compte tenu des répercussions médiatiques, la presse internationale s'étant emparé de cette affaire, le ministère des Sports a très vite réagi en annonçant la suspension de l’ancien sélectionneur et l'ouverture d'une enquête. «Pour le Chef de l’État c’est une affaire très grave (…) Toute la lumière sera faite sur ces abus dans le sport gabonais», indique le communiqué signé du ministre des Sports. Signe que cette affaire n'en est qu'à ses débuts et ne sera pas passée sous silence cette fois.

Mansour LOUM

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