Une semaine après la CAN, quelques joueurs ivoiriens respirent la joie et la confiance sur le terrain. Le prétexte de ce retour en forme est pris pour s’interroger sur les lendemains de compétition pour les déçus, et autres frustrés de la CAN, ainsi que les vainqueurs.
Simon Adingra et Oumar Diakité, dans la continuité de la victoire à la CAN, ont brimmé avec leurs clubs à leur retour. Le premier inscrivant son premier doublé, hasard ou en lien avec la CAN ? Diakité marquant et pesant de tout son poids dans le match de Reims contre Lens. A contrario, Osimhen est revenu blessé, par exemple. D’autres déçus de la CAN avec des éliminations précoces, comme l’Egyptien Mostafa Mohamed, André Ayew, Lamine Camara, Bentaleb…, ont plutôt bien repris.
Ce qui nous fait cogiter sur les questions relatives à l’impact que peut avoir une victoire à la CAN, ou une élimination de la compétition pour un joueur. Des joueurs et entraineurs forts de leurs expériences personnelles en parlent.
Le Burkinabé Jonathan Pitroipa, est revenu, sur ses lendemains de CAN, en 2013. Il avait terminé meilleur joueur de cette édition. Le Burkina Faso avait perdu la finale contre le Nigeria (1-0). Avant la CAN, Pitroipa, avec son club, avait inscrit 6 buts et délivré 4 passes décisives. Sa CAN pour beaucoup, en toute logique, devait renforcer sa confiance, avec le statut de meilleur joueur africain.
Pourtant cette coupure, pour diverses raisons, lui a été préjudiciable, sur la suite de sa saison en Ligue 1, dit-il, à l’Equipe. « J’étais fatigué émotionnellement et physiquement. Avec du recul, je me dis que j’aurais eu besoin de quelques jours de repos au lieu d’enchaîner dès mon retour à Rennes. À peine revenu, j’étais tombé malade à cause du changement de température et je n’ai jamais retrouvé mon rythme sur la fin de saison », se rappelle-t-il. Son bilan statistique à son retour sera faible, 1 but et 2 passes décisives. La suite de la saison de Rennes dont, il était l’un des fers de lance, s’en ressentira, avec une dégringolade au classement.
Toujours dans le quotidien français, le technicien Frederic Antonetti, se souvient de la baisse de forme de Gyan Asomoah, après avoir joué la finale de la CAN 2010. Avant la compétition interafricaine, le buteur avait fait trembler les filets 8 fois, contre 5 à son retour. « Asamoah Gyan marchait sur l’eau avant la CAN 2010 (8 buts) son départ, 13 au total sur la saison), où il a atteint la finale avec le Ghana. Mais il n’était plus le même après son retour. Pour relancer ces joueurs, ce n’est pas une histoire de jours, mais presque de semaines. Psychologiquement, ils sont cuits. L’attente de tout un pays leur cause beaucoup de pression et une décompression à leur retour », juge-t-il.
D’autres indépendamment des déceptions et autres joies de remporter ou pas la CAN, énoncent d’autres considérations relatives entre autres à la fatigue des joueurs. Ils avancent donc des situations qui ne suivent aucune loi, mais répondent au cas par cas.
« Chaque situation est différente. Par exemple Moffi a moins joué avec le Nigeria et devrait revenir un peu plus frais à Nice que Simon à Nantes. Mais la bascule entre l’excitation africaine et le calme européen peut être difficile à faire. Il faut savoir s’adapter aux joueurs et prendre le temps qu’il faut pour les relancer », dit Gernot Rohr.
Alexandre Dellal, ancien préparateur physique de l’OGC Nice passé par les sélections ivoirienne et algérienne ajoute : « Au retour d’une CAN, c’est du cas par cas. Il y a un état des lieux à faire, avec de nombreux facteurs à prendre en compte : déplacements, matches joués et temps de jeu, charge de travail à l’entraînement, qualité des terrains. Une fois ces facteurs contextuels évalués, on décide d’une stratégie avec le joueur. »
Comme relevé par ces techniciens et joueurs, les lendemains de CAN ont donné à voir des suites de saison différentes selon les joueurs. Salah et Drogba par exemple, malgré plusieurs contrariétés sont toujours revenus en forme dans leurs clubs. Pitroipa et Asomoah après de belles CAN, se sont effondrés, l’équipe des Fennecs après la victoire en 2019, a vu ses joueurs briller souvent dans leurs clubs respectifs. Au Sénégal encore, après la victoire de 2022, les situations ont été différentes selon les joueurs. Cela n’a pas ensuite conduit à des saisons exceptionnelles ou inoubliables des joueurs portés par leur CAN. Même si on peut retenir que Sadio Mané a été couronné Ballon d’or africain. Sans doute la CAN ayant plus pesé que sa saison en club.
Ce qui nous fait voir qu’une bonne campagne ou une mauvaise à la CAN, offre des suites de saison qui ne suivent aucune logique. L’élément brillant à la CAN peut s’éteindre à son retour en club, et l’élément moins brillant peut faire des étincelles.
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Denis Troch, préparateur mental et ancien entraineur donne son avis toujours à l’Equipe sur la gestion des joueurs faisant leur retour de la CAN. « Il faut, selon moi, différencier les “gagnants” des “déçus”. Post-succès, les joueurs peuvent faire face à une décompression logique. Elle se matérialise par une chute de motivation, mais un rebond assez facile. Dans ce cas, au club de s’appuyer sur le rayonnement du vainqueur pour qu’il bonifie le groupe. En revanche, après une déception liée à une élimination précoce ou une finale perdue, la motivation peut là aussi fortement baisser, jusqu’à causer une dépression. Il faut la traiter, au risque que le joueur fasse preuve de tristesse ou d’agressivité dans la durée, parfois au détriment du club », pense-t-il.
Il poursuit pour le cas spécifique des plus déçus. « Généralement, les joueurs n’ont pas très envie d’être cajolés. Ils veulent simplement se relancer au plus vite, parfois trop vite. Il faut trouver les mots justes et les freiner si besoin. Pour les plus déçus, tourner la page est important, pour accepter ce qu’il s’est passé et retrouver le plaisir de jouer. Pour lui, dés fois, « il est parfois préférable de perdre huit à dix jours dans l’immédiat pour retrouver un joueur plus saignant dans la durée. »
Enfin, selon lui, passer à autre chose après une CAN requiert du temps. « Personnellement, j’aime dire que le deuil d’une compétition ne se fait qu’à l’entame de la suivante. Dans le cas d’une CAN, le cycle durerait donc deux ans pour totalement passer à autre chose. Ça n’empêche pas que, dans l’intervalle, des traumatismes ou des joies puissent ressurgir dans des situations similaires. »
La CAN pose aussi d’autres soucis, les inamovibles peuvent retrouver leurs places, eu égard, à leurs statuts. Mais pour d’autres joueurs, la CAN peut sonner la perte de leurs places de titulaire avec des concurrents qui brillent en leur absence. Ce qui doit les pousser à un sursaut pour essayer de regagner leurs places de titulaire. D’où souvent le calendrier de la CAN qui est indexé.
Il entraine une coupure en pleine saison, pousse des fois des joueurs à décliner leur convocation. L’édition marocaine de 2025 prévuee en juillet et août 2025 va régler le souci, les appréhensions des joueurs susceptibles de perdre leur place… Mais il y a encore ceux qui prouvent leur vraie valeur et parviennent à gagner à leur retour un autre statut, pour ceux-là la CAN aura sonné comme une seconde chance voire même une bénédiction. Et puis pou finir, ceux qui évoluaient dans des clubs locaux ou de seconde zone, ont l’occasion de se faire voir…
📊 𝐔𝐥𝐭𝐢𝐦𝐚𝐭𝐞𝐅𝐚𝐧 𝐓𝐨𝐩 𝐏𝐨𝐢𝐧𝐭 𝐒𝐜𝐨𝐫𝐞𝐫𝐬 - 𝐆𝐖𝟐𝟓
🥇 João Gomes
🥈 Simon Adingra
🥉 Rasmus Højlund✍️ Read up on each performance as we run through the stars in @UltimateFanUK over the weekend 👇
— WhoScored.com (@WhoScored) February 20, 2024
