Au Congo-Brazzaville, Maurice Odzola dit Ondjolet Fontaine n’est plus de ce monde. Mais joueur ou manager, son œuvre continuera de parler pour cette légende du football du congolais.
«Un baobab vient de nous quitter. Tous à Siafooumou (quartier où résidait le défunt, NDLR)», écrit sur Facebook, Nestor Issanga, journaliste sportif. «On perd une icône du football congolais», explique Janvion Moukakounou, ancien Diable rouge et aujourd’hui directeur technique à la ligue départementale de football de Pointe-Noire.
Des mots et des réactions qui suffisent pour mesurer le degré de tristesse qui étrangle en ce moment tout l’univers footballistique du Congo-Brazzaville suite à la disparition le 16 juillet à Pointe-Noire de Maurice Odzola dit Onjolet Fontaine.
Mais peu ou pas du tout connu des nouvelles générations, «Fom» comme on le surnommait, c’est un citoyen congolais né le 28 septembre 1942 à Brazzaville qui va faire la pluie et le beau temps du football au tout début des indépendances en 1960.
Grâce à ses brillantes prestations (efficacité dans l’exécution des balles arrêtées dont les coups-francs, la réussite de ses dribbles) au sein de Botafogo et FC Gazelle, deux anciens clubs, il intègre l’équipe nationale en 1962, la même année de la fondation de la Fédération congolaise de football (FECOFOOT).
Absent du tout premier match du onze congolais le 13 avril 1960 contre La Réunion (succès 4-1 des Congolais) et lors de la plus large défaite du Congo (1-8) contre Madagascar le 19 avril 1960, Maurice Ondjolet est de la partie quand le Congo décroche son tout premier trophée international en remportant la première édition de la Coupe des Tropiques organisée par la Centrafrique.
Si le Congo ne rempile pas lors de la deuxième et dernière édition (organisée et remportée par le Cameroun) de cette ancienne compétition, le milieu de terrain et défenseur central est capitaine de l’équipe nationale congolaise lorsque cette dernière remporte la médaille d’or aux premiers Jeux africains organisés du 18 au 25 juillet 1965 à Brazzaville.
La première participation à la CAN est un échec cuisant. Logé dans le groupe B avec la RDC, le Ghana et le Sénégal, «Congo sport» (surnom de l’équipe nationale à l’époque) sort de cette 6e édition avec zéro point et seulement deux buts.
Sa sélection éliminée pour la CAN 1970, Ondjolet est absent lors du sacre en 1972. Mais pas de quoi décourager le jeune qui, en tant que joueur, va créer son propre club, le FC Abeilles basé à Pointe-Noire. Au sein d’Abeilles, il assume à la fois les fonctions de capitaine et manager. Il rejoint ensuite V Club Mokanda, une autre équipe de Pointe-Noire avec laquelle il va disputer la coupe d’Afrique des clubs champions de 1971.
Mais Maurice Ondjolet, c’est aussi ce manager qui a dirigé plusieurs clubs du Congo dont Diables noirs, CARA et Étoile du Congo. Et de son passage au club le plus titré (11 trophées) en championnat national, les Congolais retiennent beaucoup plus l’élimination en huitièmes de finale de la coupe d’Afrique des clubs champions de 1980 du tout-puissant Hafia Football Club de Conakry.
En tant que sélectionneur des Diables rouges, Maurice Ondjolet fut «ce manager, enseignant et père qui a énormément contribué à l’éclosion de ma carrière. Par exemple l’art de tirer les penalties ou les tirs au but. Et si au niveau du club et même en équipe nationale, les responsables me confiaient cette lourde tâche, c’est parce que j’appliquais à la lettre ses instructions et leçons», reconnaît Janvion Moukakounou.
Et Georges Bweillat, ancien journaliste sportif et auteur de plusieurs ouvrages sur le sport congolais de résumer : « très souvent quand on explore l’histoire du football congolais, on voit beaucoup plus les héros de Yaoundé 1972. Mais avant, il y a eu une génération qui a fait rayonner le football congolais. Ce sont eux les pionniers. Et parmi les pionniers, Maurice Ondjolet».
C’est donc ce pionnier que le gotha footballistique congolais s’apprête à accompagner à sa dernière demeure…. Avec probablement des honneurs dignes d’une légende. Pourtant une légende que tout le monde ou presque aura laissée lutter seule pendant plus de dix longues années, contre la maladie qui vient de l’emporter. Et Maurice Ondjolet n’est pas le seul à subir le diktat de l’indifférence générale. Mais probablement pas le dernier.
John Ndinga Ngoma