Critiqué dès l’annonce de sa nomination comme sélectionneur du Cameroun, le Belge Marc Brys, 62 ans, n’a eu droit qu’à deux matchs sur le banc des Lions Indomptables du Cameroun pour mettre tout le monde (ou presque) d’accord.
Tout le monde l’a vu : les Lions Indomptables ont une bien meilleure façon de jouer au football. Et ce changement porte une griffe : Marc Brys. Entre son arrivée au Cameroun en avril et les deux matchs livrés face au Cap-Vert (victoire le 8 juin 4-1) et l’Angola (nul le 11 juin 1-1), le Belge de 62 ans est passé de « entraîneur au CV vierge » à « fin tacticien », selon les commentaires de nombreux de fans de la bande à Vincent Aboubakar.
Ambition et caractère
« Marc Brys arrive sur le banc des Lions dans un contexte très difficile marqué par le conflit entre le ministère des Sports et la Fécafoot. Heureusement, il n’a pas été affecté par la situation, alors qu’un autre entraîneur aurait jeté l’éponge sur le champ. Cela démontre qu’il a de l'ambition et qu’il a du caractère. Ce sont les premières qualités que doit avoir un bon entraîneur », décrypte Michel Tadoun, ancien footballeur professionnel camerounais.
Le seul maître à bord (?)
A première vue, Marc Brys a bien caché son jeu. Si son clash avec le président de la Fécafoot Samuel Eto’o lui a donné une image de « bad boy », lui, avait déjà annoncé la couleur : « Je suis le sélectionneur, c’est moi qui décide ». Plus qu’une réplique à l’endroit de l’ancien buteur du Barça, le technicien envoyait un message à ses joueurs. Et la démonstration de son charisme et son autorité naturelle commence à l’entraînement. Brys assiste, concentré, à chaque atelier. Il est sur la pelouse, se déplace, monte, descend, a ainsi une vue panoramique sur le groupe.
Il échange beaucoup avec ses joueurs et n’hésite pas à interrompre l’exercice si un geste, une passe, un mouvement est mal exécuté. La leçon est répétée autant de fois. Enfin, jusqu’à ce que les joueurs l’intègrent. « Brys a réussi à captiver l’attention de tous les joueurs dont la plupart ont su se réinventer en l’espace de deux matchs. Ils donnent l’impression d’avoir déjà appris beaucoup de choses à ses côtés », renchérit Michel Tadoun.
Style de jeu
Parmi les raisons qui font que de nouveaux espoirs sont nés avec l’avènement Brys sur le banc camerounais, il y a son style. L’homme a construit sa philosophie sur la complémentarité et la notion de "plaisir de jouer ensemble". Les Lions ne sont plus un ensemble d’individualités, mais un seul bloc qui défend, construit et attaque en groupe. Brys a su redonner de l’équilibre au Cameroun. Il a réussi à faire endosser à neuf joueurs, les rôles de onze. Ainsi, Aboubakar peut désormais aisément évoluer entre l’attaque, le couloir et l’entrejeu, Zambo, du milieu à un rôle de faux numéro 9, pendant que Tolo et Faï, les latéraux se muent en pivots.
Lors de leurs deux récents matchs, les Lions Indomptables ont enchaîné les efforts. Ils sont tous offensifs et défensifs, à l’exception du gardien André Onana et du défenseur Wooh. Ce qui a permis d’avoir des joueurs libres entre les lignes. Ça, c’est le style Brys, qui aime que son équipe aille chercher le ballon chez l’adversaire et se repositionne une fois la balle perdue. Il aime aussi que le jeu soit rapide, construit sur de courtes passes avec à la baguette un certain Carlos Baleba qui a montré de belles choses.
On a aimé regardé cette équipe qui a donné à voir cohésion, détermination et bel état d'esprit. « Je fais ce métier depuis 27, 28 ans et je n’ai jamais vu un groupe aussi solide », a avoué Marc Brys. Et s’il était « le sorcier blanc » que le Cameroun attend depuis le départ de son compatriote Hugo Broos, vainqueur de la CAN 2017 avec les Lions Indomptables ?
Arthur Wandji