Lions Indomptables : Marc Brys, les dessous d’une vraie-fausse démission

Samedi 7 juin 2025. Marrakech. La quiétude apparente ayant suivi la victoire du Cameroun face à l’Ouganda (3-0) dans le cadre du tournoi amical Africa Week Series 2025 n’était qu’un leurre. En coulisses, les tensions larvées entre le sélectionneur national Marc Brys et son environnement immédiat ont refait surface, avec une intensité nouvelle.

Ce jour-là, avant-veille du second match des Lions Indomptables contre la Guinée Equatoriale, l’absence du technicien belge et de son adjoint Joachim Mununga à la séance d’entraînement a fait naître une rumeur aussi spectaculaire que confuse : celle de leur démission. Une rumeur montée en épingle par des médias locaux réputés proches de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), qui n’a jamais été aussi silencieuse en de telle circonstance.

Une absence qui sème le trouble

Pourtant, Vincent Aboubakar et ses coéquipiers se sont pointés à l’heure, au terrain d’entraînement, pour une séance légère de décrassage, comme il est de coutume le lendemain d’un match. Mais un détail interpelle : ni Marc Brys, ni Joachim Mununga ne sont présents. Surpris, certains acteurs présents pensent d’abord à un contretemps. Mais au fil des minutes, la tension monte. Aucun message, aucune instruction, aucun signe de vie du sélectionneur. Dans ce climat d’incertitude, c’est Martin Ndtoungou Mpile et les adjoints locaux qui prennent les choses en main. Les joueurs suivent, sans se poser de questions.

Dans la soirée, une série de publications sur les réseaux sociaux alimentent le malaise : Brys et Mununga « ont abandonné » l’équipe. Les mots sont forts. L’affirmation brutale. Le doute devient certitude pour certains. Et l’affaire enfle. A y regarder de plus près, plusieurs indices laissent penser que cette séquence n’est pas le fruit du hasard. Les auteurs de cette « révélation » sont connus pour leur alignement sur les positions de la Fécafoot dont il est de notoriété publique que les dirigeants, de l’avis général, peinent encore à digérer la nomination de Marc Brys par les autorités politiques il y a un an. En coulisses, plusieurs observateurs soupçonnent une manœuvre visant à fragiliser un technicien dont l’autorité n’a jamais été acceptée par l’instance fédérale.

Lire aussi : Complexe sportif d’Olembé : Magil réclame plus de 23 millions d’euros au Cameroun

Joint au téléphone, un proche du sélectionneur balaie la rumeur d’un revers de main : « Il n’a jamais été question de démission. La séance de samedi était un décrassage. M. Brys a juste décidé de la laisser à ses adjoints locaux. Toute autre interprétation est de la pure manipulation ». Le même interlocuteur dénonce une tentative de « mise en scène » orchestrée pour faire passer le Belge pour un entraîneur instable ou en rupture avec son groupe : « Tout ceci n’est qu’un grossier montage. Ceux qui ont diffusé ces informations ont un agenda clair : pousser Brys à la faute. Mais il reste droit dans ses bottes. La preuve, lundi, jour de match, il était sur le banc de l’équipe [qui a obtenu le nul 1-1, Ndlr.] ».

Une réunion tendue et des silences éloquents

Selon plusieurs sources, une réunion houleuse se serait tenue dans la tanière des Lions dans la nuit du vendredi, après la victoire contre l’Ouganda (3-0). La discussion, tendue, aurait porté sur des aspects organisationnels et des interférences supposées dans le management de l’équipe. Certains évoquent même un coup de pression de l’entourage fédéral pour faire plier l’intransigeant technicien dont l’adjoint - Mununga - qui demeure tenu à l’écart du banc de touche lors des matchs officiels. Quoi qu’il en soit, le mutisme de la Fécafoot dans cette affaire n’est pas passé inaperçu. Aucune clarification, aucune mise au point, ni même un démenti n’a été émis depuis l’éclatement de la rumeur. Une attitude qui contraste avec la célérité habituelle de l’institution lorsqu’il s’agit de recadrer ou de défendre ses positions.

Brys répond, sans détour

Face à la tempête, Marc Brys a rompu le silence dimanche soir à travers un message sobre mais incisif sur ses réseaux sociaux : « Les vainqueurs n’abandonnent ; ce sont ceux qui ne gagnent jamais qui abandonnent ». Une déclaration qui sonne comme un défi, à la fois à ceux qui ont précipitamment annoncé son départ, et à ceux qui œuvrent en coulisse pour lui rendre la tâche impossible. Le technicien belge, qui compte 12 matchs, 7 victoires, 5 nuls et aucune défaite à la tête des Lions Indomptables, semble plus déterminé que jamais à rester maître de son destin. Même si l’incident de Marrakech aura laissé des traces, et plus encore des questions : jusqu’où ira l’affrontement entre le sélectionneur et la fédération ? Et à quel prix pour l’équipe nationale ? Affaire à suivre.