Lamia Boumehdi est l'une des grandes figures du football féminin au Maroc. Après une carrière sur les pelouses, l'ex-internationale a rapidement gravi les échelons jusqu'à diriger le Wydad Casablanca et les sélections féminines. Une reconversion réussie à coups de persévérance pour cette jeune coach.
De notre correspondant au Maroc,
Si aujourd'hui le football féminin marocain fait parler, c'est surtout grâce à la sélection A et à l'AS FAR de Rabat. Respectivement vice-championne et championne d'Afrique en titre. Sur le plan individuel, des figures ont pourtant marqué ce sport sur le terrain mais aussi en dehors. Comme l'interntionale Ibitissam Bouharat. La première femme à diriger un club de D1 Nawal Khalifa. L'ex-joueuse et actuelle présidente de la LNFF, Khadija Ila... fait aussi partie de cette cuvée. Mais, l'une de ces icônes du football féminin n'est autre que Lamia Boumehdi.
A 39 ans, cette Casablancaise a réussi sa reconversion après une carrière au Maroc et à l'international. Bien avant la domination de l'AS FAR sur l'échiquier nationale, le Club de Berrechid (situé dans la région de Casablanca) régnait sur le Royaume grâce notamment à une certaine Lamia Boumehdi. La joueuse a aussi tenté sa chance en Europe. A Paris, mais l'essai n'a pas été concluant. Boumehdi rejoindra ensuite le championnat norvégien en 2004, chez le FC Trondheim, avant un saut à Pérouse pour évoluer dans le futsal en D2 italienne. Elle reviendra dans son pays natal afin de poursuivre l'aventure avec son club, le FC Berrechid et la sélection. A l'époque, l'équipe nationale était très loin du standard actuel. Les succès glanés avec Berrechid ouvrent toutefois d'autres portes à Boumehdi.
Contactée par Sport News Africa, l'ancienne joueuse garde un souvenir de cette carrière. «J'ai démarré le football à Berrechid dans un club 100% dédié au football féminin. J’ai ensuite réussi à remporter plusieurs titres dans le championnat national (2005, 2006, et 2008 ). Mais également une place de vice-championne (2007), une Coupe du Trône, une Coupe de l’Union nord-africaine de football (UNAF). En plus du tournoi organisé aux Emirats arabes unis en 2007 lors du Ramadan », se remémore Lamia Boumehdi.
Si Boumehdi espérait réaliser une très grande carrière ailleurs pour se mesurer aux meilleures, elle sera pourtant freinée par quelques blessures. Une petite déception pour celle qui, aujourd'hui, est devenue un exemple de reconversion réussie dans le milieu du football féminin. Après avoir raccroché ses crampons, Boumehdi poursuit ses études. Elle décroche ainsi une licence CAF (A), un diplôme en sciences du sport à l'Unversité de Leipzig (Allemagne).
« Je suis aussi la première femme marocaine à décrocher la licence CAF A», s'est elle targuée. Sa carrière de coach démarre toutefois au Maroc. Lamia Boumehdi prend donc les rênes du Wydad Casablanca en 2015, puis la sélection marocaine U17 avant celle des U20. Avec beaucoup de prouesses à une période où le football féminin marocain tentait encore de s'offrir une belle vitrine sur le plan international. Sous sa houlette, les U17 marocaines vont notamment remporter le tournoi "Girls Alsace Cup" en France, un «beau souvenir» pour Boumehdi. Avec les U20, Boumehdi réussit à obtenir le bronze aux Jeux africains de Rabat en 2019 puis le titre lors du tournoi UNAF tenue à Tanger la même année. «Des succès qui ont contribué à booster les autres sélections».
L'entraineure évoque avec satisfaction sa contribution à la réussite du football féminin au Maroc. «Aujourd'hui, dans la sélection A, il y a 8 joueuses que j'ai eu à entrainer lorsque je dirigeais les équipes nationales U17 et U20. Pour moi, la continuité a finalement porté ses fruits», fait remarquer Lamia Boumehdi.
L'ancienne footballeuse se réjouit d'ailleurs du développement du football féminin marocain ces dernières années. Elle met en avant les performances signées par l'AS FAR de Rabat hors du Maroc et la place de vice-championne d'Afrique de la sélection A qui disputera prochainement la Coupe du monde pour la première fois. Pour Lamia Boumehdi, «ces succès constituent le fruit du travail effectué pendant de longues années ».
Elle estime que ces pas en avant proviennent de l'évolution dans le traitement des équipes, les entrainements devenus plus exigeants et surtout la professionnalisation de cette discipline qui avait été pendant longtemps à la traîne. A l'époque, les clubs ne dépassaient pas les trois séances par semaine. «Aujourd’hui, les clubs s'entrainent six fois par semaine », souligne celle qui a assuré l'intérim à la tête des A avant l'arrivée de Reynald Pedros.
Mohamed HADJI