Le Maroc a finalement choisi d’aller au Mondial 2022 sans Vahid Halilhodzic. Malgré le soutien qu’il a souvent reçu de la Fédération pendant la vague de critiques, l'instance a finalement décidé de se séparer du technicien. Un revirement diversement apprécié au Royaume chérifien.
Journaliste actif dans le milieu du sport, Izem Anass avait lâché la bombe la veille. Le départ de Vahid a été finalement annoncé officiellement par la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) jeudi 11 août. Une décision attendue par une grande partie du public qui voyait le coach comme une «épine» dans le pied de la sélection. Pour ces Marocains, le conflit avec Hakim Ziyech et pendant un temps avec Noussair Mazraoui, le niveau de jeu affiché contre la RDC et l’Afrique du Sud, ou encore l’objectif non atteint durant la CAN 2021, sont des raisons suffisantes de se séparer du coach franco-bosnien.
Pour d’autres, la décision de la FRMF semble la bonne, puisqu'un autre technicien ayant eu de bons résultats pourrait prendre sa succession à la tête des Lions de l’Atlas : Walid Regragui, champion avec le Wydad et vainqueur de la Ligue des champions de la CAF.
Si le patron du football marocain a longtemps défendu contre vents et marrées Vahid Halilhodzic, il semble avoir pris cette décision radicale en prenant en compte le ressenti d’une partie du public. «L'équipe nationale ne peut exclure les joueurs marocains de haut niveau qui jouent avec nous depuis 6-7 ans et qui jouent dans des équipes de haut niveau, pour quelque raison que ce soit. Ce sentiment était également partagé par le public et les joueurs eux-mêmes», se justifie Fouzi Lekjaâ au lendemain du départ de Vahid. En d'autres-termes, au sein de la sélection, l'absence de Ziyech serait préjudiciable pour les joueurs.
« Je trouve correcte la décision de la FRMF concernant le licenciement de Vahid, même trois mois avant la Coupe du monde», nous répond Izem Anass sondé sur la pertinence de ce choix. «Le Maroc dispose d'un président de FRMF que tous les Marocains apprécient, M. Fouzi Lekjaa. Il a beaucoup donné à son pays», poursuit-t-il. Concernant la prochaine arrivée de Regragui, Anass ne voit que du positif dans ce choix. «C’est un vrai coach qui cherche toujours les défis, sans oublier sa personnalité... Je pense qu'il va réussir avec l'équipe nationale Incha’Allah», confie-t-il à SNA.
Ilyas Kaddoud, coach du Tihad Athletic Club de football féminin, estime de son côté que la décision de la FRMF est logique, mais tardive. «Même si c’était prévu depuis longtemps, je crois que le timing est critique à trois mois de la Coupe du Monde, d’autant qu’il ne reste qu’une seule fenêtre FIFA (19-27 septembre)», réagit Kaddoud. Pour le jeune coach, «cela risque de compliquer la tâche du nouveau sélectionneur et l’harmonie du staff». Notre interlocuteur reste toutefois convaincu que la situation constitue un moindre mal, «car il y avait trop de divergences entre Vahid et la FRMF, son staff, les joueurs ainsi que le public».
Kaddoud juge d’ailleurs l’arrivée de Regragui comme une suite logique. «Même s’il n’a jamais entrainé une sélection (adjoint entre 2012-2013), il possède plusieurs clés qui peuvent l’aider. Il vient de réaliser une saison historique avec le Wydad. Sa nationalité, son jeune âge et sa carrière en Europe lui donnent plus d’avantages pour avoir une cohésion d’équipe».
Si les critiques sur Vahid Halihodzic pleuvent toujours au Royaume chérifien au lendemain de cette séparation «d’un commun accord», beaucoup de supporters estiment que le coach ne s’est pas remis en question durant le conflit avec ses deux joueurs. S’ils ne prennent pas forcément la défense de Hakim Ziyech, ils estiment que Vahid aurait dû convoquer le Blues et se passer de certaines déclarations en public. Histoire de mettre le joueur devant le fait accompli et de laisser le public marocain se faire un avis sur les prestations du gaucher.
A l’approche de la nomination du nouveau coach, de nombreux supporters craignent pourtant un retour nocif de Ziyech au sein de la sélection. «Virer un coach pour qu'un joueur revienne en sélection est une décision bizarre. Certes, le joueur a un talent fou, mais virer un coach pour Ziyech montre que ce joueur pourra faire ce qu'il veut et qu'il est au dessus de la sélection…», commente un fan des Lions de l’Atlas.
Plus ironique, Abdelhamid, rencontré à son lieu de travail, voit déjà une élimination du Maroc au premier tour du Mondial. «Ce sera trois matchs et un retour à la maison. Parce que Regragui est certes un coach qui a gagné des trophées, mais ses équipes ne proposent pas un jeu séduisant. Avec ou sans Vahid, avec ou sans Regragui, et même avec Ziyech, cette sélection n'ira pas loin au Mondial», pronostique-t-il. Pour lui, si le Maroc n'a pas pu battre des sélections comme l'Egypte «qui ne proposait rien lors de la CAN», ce n'est pas en Coupe du Monde que les Lions de l'Atlas afficheront un meilleur visage. Surtout face à des sélections de la trempe de la Belgique et de la Croatie.
Mohammed Hadji