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Mondial 2022 : cinq Africains, cinq interrogations

À moins d’un mois de la Coupe du monde (20 novembre-18 décembre), certains points de l’actualité des sélections africaines qualifiées posent questions. Chaque pays avec ses problèmes.

Les cinq représentants de l'Afrique ne respirent pas la sérénité à l'approche du Mondial 2022.
Les cinq représentants de l'Afrique ne respirent pas la sérénité à l'approche du Mondial 2022.

Tunisie : les Aigles survivront-ils à la crise politique domestique ?

Tous les voyants étaient jusque-là au vert. Malgré la lourde défaite (1-5) contre le Brésil, en amical, en septembre dernier, la Tunisie avançait lentement, mais sûrement, vers le prochain Mondial. Et avec à sa tête son sélectionneur, Jalel Kadri, dont c’était la première défaite depuis janvier dernier et sa nomination sur le banc des Aigles de Carthage. Mais voici que les Aigles de Carthage risquent de rater le train de Qatar 2022. À cause de la crise politique qui secoue en ce moment le pays avec un président de la République, Kaïs Saïed, qui a décidé de mettre son nez partout. Même dans le football.

La FIFA a mis en garde la Fédération tunisienne de football (FTF). «Il a été porté à notre connaissance que les autorités étatiques sembleraient vouloir s’immiscer dans les affaires et la gestion de la FTF, notamment en envisageant la dissolution du Bureau fédéral, a suggéré l’instance mondiale dans une correspondance adressée au président de la FTF, Wadii Jari. Les associations membres de la FIFA sont statutairement tenues de gérer leurs affaires de manière indépendante et sans influence de tiers.»

La FIFA avait donné au patron du football tunisien jusqu’à ce vendredi 28 octobre pour lui fournir des explications sur la situation. En cas d’immixtion avérée, elle menace d’exclure les sélections et les clubs tunisiens de toutes les compétitions régionales et internationales. Une exclusion de la Tunisie du Mondial, après qu’elle a empoché son billet de haute lutte contre le Mali, serait du beau gâchis.

Cameroun : les Lions Indomptables auront-ils la pêche ?

À en juger par ses prestations lors de ses deux derniers matches (amicaux), en septembre, on peut dire que le Cameroun n’a rien montré qui puise faire peur à ses adversaires du groupe G du Mondial 2022 (Brésil, Serbie et Suisse). Non contents d’avoir perdu face à des équipes de seconde zone, l’Ouzbékistan (0-2) et la Corée du Sud (0-1), les Lions Indomptables ont livré des prestations inquiétantes.

S’ils ont paru en meilleur état face aux Sud-Coréens, ils se sont montrés fébriles et sans inspiration contre les Ouzbeks. Leur sélectionneur, Rigobert Song, dispose de deux matches amicaux supplémentaires pour corriger les nombreuses aspérités relevées dans l’expression collective de son équipe. Le 9 novembre prochain à Yaoundé, le Cameroun reçoit la Jamaïque avant d’affronter le Panama le 18.

Maroc : Regragui a-t-il trouvé la bonne formule ?

Sa nomination était une évidence. Elle suscite l'enthousiasme au Royaume chérifien. Après avoir remporté le championnat marocain et la Ligue des champions avec le Wydad, Walid Regragui était bien lancé pour succéder à Vahid Halilhodzic. Intronisé en août dernier, l’ancien Lion de l’Atlas avait moins de trois mois pour bâtir son équipe et imprimer sa marque.

Le délai était court. Lui-même l’a reconnu. Ajoutant que, par conséquent, il ne va pas se lancer dans une révolution. Il préfère plutôt y aller avec quelques coups de pinceaux ici et là, avec l'espoir de présenter au Mondial une sélection marocaine compétitive.

S’il a signé une victoire (2-0) face au Chili et un nul (0-0) contre le Paraguay, en amical, Regragui ne chasse pas les interrogations au sujet de sa capacité à faire rugir les Lions de l’Atlas au Qatar malgré sa nomination à proximité de la compétition. D’autant qu’il doit réussir la greffe des revenants : Hakim Ziyech, Noussaïr Mazraoui et Younès Belhanda.

Ghana : vaincra-t-on la malédiction des primes ?

La dernière fois que le Ghana a pris part à la Coupe du monde, à Brésil 2014, une histoire de primes avait pollué le parcours des Black stars. Celle-ci n'est d'ailleurs pas étrangère à leur défaite (1-2) contre le Portugal, synonyme d’élimination au premier tour. En effet, quarante-huit heures avant ce match capital les joueurs ghanéens ont exigé avec les muscles le paiement de leurs primes. Le sélectionneur de l’époque, Kwessi Appiah, a été pris à partie, tandis que le représentant du ministère des Sports a été agressé par Sulley Muntari. Pour calmer les esprits, le gouvernement ghanéen avait envoyé 3 millions de dollars au Brésil par vol spécial.

Les Black stars seront-ils à l’abri d’une telle mésaventure au prochain Mondial ? Rien n’est moins sûr. Le pays traverse une situation économique difficile. Le moindre mouvement de fonds pour des postes de dépense jugés non prioritaires suscite la polémique. C’était le cas il y a quelques jours. Après que le journaliste indépendant Collins Atta Poku a déclaré que le gouvernement a décaissé 800 000 dollars pour les matches amicaux du Ghana, joués en septembre, contre le Brésil et le Nicaragua, des députés ont réclamé la tête du ministre des Finances et d’un ministre d’État en poste à la Présidence ghanéenne.

La Fédération ghanéenne de football a démenti le journaliste indépendant. Elle gagnerait aussi à s’assurer qu’elle aura les fonds nécessaires, et à temps, pour que ce qui s’était au Brésil en 2014 ne se reproduise pas au Qatar.

Sénégal : que restera-t-il du champion d’Afrique ?

Édouard Mendy, meilleur gardien de la CAN 2021, ne joue pas à Chelsea. En Premier League et en Ligue des champions, Graham Potter, le nouveau manager des Blues, lui préfère l’Espagnol Képa. Son coéquipier et compatriote Kalidou Koulibaly est, lui, un intermittent dans le club londonien qu’il a rejoint cet été en provenance de Naples. Saliou Ciss, meilleur latéral gauche de la dernière Coupe d’Afrique, n’a pas de club. Pape Guèye de l’Olympique de Marseille (OM) est blessé. Malgré un léger mieux ces dernières jours, Sadio Mané, ne paraît pas au meilleur de sa forme. Sans compter que Gana Guèye (Everton), Abdou Diallo (Leipig), Nampalys Mendy (Leicester) et Bamba Dieng (OM) retrouvent à peine la compétition.

Ça fait beaucoup pour une équipe qui ambitionne de surfer, lors du Mondial, sur la vague de son succès au Cameroun en février dernier. Et cette situation avait poussé l’ancien défenseur des Lions Ferdinand Coly à faire deux recommandations aux champions d’Afrique et à leur sélectionneur. Aux joueurs qui ne jouaient pas, il avait suggéré de privilégier des clubs moins prestigieux mais qui leur offrent du temps de jeu plutôt que des grosses écuries où ils sont des indésirables. Coly signalait à ce propos que pour arriver au top en Coupe du monde, il faut avoir au moins 20 matches dans les jambes. Seconde recommandation : l’ancien international avait mis en garde Aliou Cissé contre le risque de bâtir son système autour de Sadio Mané. Car, prévenait-il, si l'attaquant du Bayern Munich ne tourne pas, le Sénégal sera bloqué.

La Rédaction – Sport News Africa

 

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