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Nouvelles tensions au Comité olympique malien

Contesté ouvertement depuis plusieurs semaines, le président du Comité olympique malien, Habib Sissoko, s’est vu remettre une correspondance par huissier émanant d’un de ses opposants, le président de la Fédération malienne de cyclisme, Sidy Bagayoko, pour une supposée violation flagrante des textes avant l’Assemblée générale quadriennale élective du 6 juillet. De quoi envenimer des relations glaciales en vue des prochaines élections.

Par Romain Molina

Habib Sissoko, président du Comité National Olympique et Sportif du Mali.

Élu le 11 mars 2000 à la tête du CNOSM (Comité National Olympique et Sportif du Mali), Habib Sissoko a depuis brigué avec succès six mandats consécutifs. 24 ans de règne qu’il entend bien prolonger avec les prochaines élections de décembre. Pour cela, il compte sur le fidèle soutien de vingt fédérations, dont certaines parmi les plus importantes du pays (basket, boxe, football, handball ou taekwondo), qui signèrent une lettre de soutien en commun fin avril pour la candidature de Sissoko à sa propre succession dans un nouveau cycle de 4 ans.

Problème, l’enthousiaste de ces fédérations, dont certaines ont fait face à de terribles scandales depuis des années (abus sexuels sur mineurs au basket, président de la fédération de football incarcéré depuis 10 mois pour des allégations de détournement de fonds), n’est pas partagé par l’ensemble des acteurs sportifs maliens. Quelques jours plus tôt, un groupe, le CRMOSM, le Collectif pour la refondation du mouvement olympique et sportif du Mali, avait organisé une conférence de presse le 24 avril avec une bannière montrant un carton rouge « au président du CNOSM qui a montré toutes ses limites en 24 ans de règne avec zéro médaille olympique ». Parmi ce collectif, un homme était particulièrement vocal : Sidy Bagayoko, le président de la Fédération malienne de cyclisme depuis 2011.

« Même dans les pays les plus dictatoriaux, les élections se font par la voix des urnes »

Contesté par des ligues régionales et évincé de la présidence en décembre 2022, Bagayoko était revenu à la tête de sa fédération grâce à une décision de justice le 25 mai 2023. Qualifié de « casse-pied pour les autorités sportives du pays » par l’homme l’ayant écarté, Amadou Togola (proche du CNOSM), le patron du cyclisme malien a repris son pouvoir et sa croisade contre Habib Sissoko, un dirigeant qu’il glorifiait pourtant quelques années auparavant lors de ses interventions publiques.

Si les relations entre les deux individus sont désormais au point mort, Bagayoko est soutenu dans sa lutte par de nombreuses personnes dénonçant un « pouvoir solitaire » et « opaque » ; le porte-parole du Collectif, Sidy Diallo, expliqua même qu’un rapport financier certifié n’a été réalisé sur la gestion des fonds alloués au CNOSM par l’État et ses partenaires internationaux.

Désireux de voir de « nouvelles têtes », ce groupe appelle à de véritables élections puisque Sissoko était parvenu à se faire réélire six fois sans passer par les urnes. « Même dans les pays les plus dictatoriaux du monde, les élections se font par la voix des urnes », déclara Diallo. Sans limite d’âge ou de mandat prévue dans les statuts, le CNOSM semble effectivement taillé pour son président, qui cumule également les fonctions de vice-président de la Fédération internationale de judo et plusieurs autres fonctions :

- Président d’honneur de l’Union africaine de judo après l’avoir dirigé entre 2016 et 2021
- Représentant de la zone 2 de l’ACNOA, l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique
- Président honoraire de la Fédération de judo du Mali
- Président honoraire de la Fédération de handball du Mali
- Président honoraire de la Fédération de taekwondo du Mali

« Black-out incompréhensible et intolérable »

Si Habib Sissoko contestait les allégations présentées par ce Collectif de refondation, ces derniers présentèrent des suggestions pour redynamiser le CNOSM en impliquant davantage les athlètes dans la vie olympique et en démocratisant le vote (à bulletin secret). Des mesures nécessaires, surtout pour les sportifs, souvent délaissés par certaines fédérations et qui souffrent d’impayés réguliers.

En attendant de possibles réformes et les élections de décembre, la bataille entre le CNOSM et CRMOSM continue avec une correspondance par huissier envoyée par Sidy Bagayoko. Ce dernier proteste contre une supposée violation flagrante des textes et l’exclusion de la Fédération malienne de cyclisme à présenter un candidat lors de l’Assemblée générale quadriennale élective du 6 juillet.

Selon une lettre officielle obtenue par Sport News Africa, Bagayoko se plaint de ne pas avoir reçu de convocation comme convenu dans les deux mois précédents l’Assemblée pour sa fédération membre affiliée au CNOSM. « Monsieur le Président, de toute évidence, vous opérez un black-out incompréhensible et intolérable au regard de toutes les lois nationales, continentales et mondiales », écrit-il. « Votre démarche est assimilable à une volonté incontestable et inacceptable d’exclusion de la Fédération Malienne de Cyclisme […] Nous vous demandons très respectueusement de vous conformer aux textes en reprenant le processus de convocation de l’assemblée générale pour y inclure la Fédération Malienne de Cyclisme. »

Remise par huissier, cette correspondance n’a pour le moment pas été suivie de réponse du CNOSM et de son président Habib Sissoko.

Romain MOLINA

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