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Le dernier rassemblement de la sélection nationale de football du Cameroun a été un véritable feuilleton. Entre calvaire, tensions, coup de gueule et sursaut d’orgueil, les Lions Indomptables ont vécu un regroupement mouvementé.
Au fond, rien de vraiment surprenant ! Le stage des Lions Indomptables, pour le compte de la fenêtre FIFA de mars 2025, vient de s’ajouter à la longue liste des rassemblements aussi tumultueux que révélateurs des tensions internes qui gangrènent le football camerounais. Au programme : un match nul poussif face à l’Eswatini, une prise de parole inédite des joueurs dénonçant des dysfonctionnements profonds, la menace de départ de Marc Brys, une victoire face à la Libye dans un contexte tendu, et des divisions naissantes autour d’un joueur : Vincent Aboubakar.
Un voyage chaotique en Afrique du Sud
Le premier acte de ce rassemblement a eu lieu le 19 mars à Johannesburg en Afrique du Sud, où le Cameroun devait affronter l’Eswatini le lendemain, dans le cadre de la 5e journée des éliminatoires du Mondial 2026. Mais la bande à André Onana ne savait pas qu’elle allait être bloquée pendant des heures à l’aéroport de la capitale sud-africaine. D’ailleurs, ce n’était que le début du calvaire ; puisque Marc Brys et ses hommes ont ensuite rallié Mbombela, lieu de la rencontre située à près de 400 km, la même nuit à bord d’un bus.
Or, selon la Fécafoot, le président de l’instance camerounaise du football, Samuel Eto’o avait pris des dispositions pour que l’équipe passe la nuit à Johannesburg, afin de rallier Mbombela par avion le lendemain matin. « Mais les Lions et le staff ont refusé et ont préféré rejoindre leur destination par voiture la même nuit, malgré tous les risques que cela comporte », dixit les services de communication de la Fécafoot.
Des points perdus contre Eswatini
La facture de cet amateurisme est tombée le lendemain, jour de match contre Eswatini (0-0). Dans un match censé leur permettre de prendre la tête de leur groupe face à une équipe classée 148e au classement FIFA, les joueurs camerounais, visiblement fatigués par le périple de la veille, ont livré une prestation terne, sans inspiration offensive ni rythme dans la construction.
Malgré une possession largement en sa faveur, l’équipe de Marc Brys s’est heurtée à un bloc bas et compact, sans jamais réellement le déséquilibrer. Ce 0-0 a eu des allures de coup d’arrêt. Incapables de concrétiser leur domination, les Lions ont laissé filer deux points précieux.
Lire aussi : Cameroun : les joueurs brisent le silence en plein bras de fer entre la Fecafoot et le ministère des Sports
Les Lions brisent le silence
Au cœur de ce malaise profond, les hommes de Marc Brys se sont sentis exaspérés. Alors, dès leur retour au Cameroun, Vincent Aboubakar et ses coéquipiers ont pris la résolution de briser le silence. Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, les joueurs ont pointé du doigt les tensions institutionnelles entre le ministère des Sports et la Fécafoot, qu’ils estiment nuisibles à la sérénité de l’équipe.
« Les batailles de leadership entre nos instances dirigeantes deviennent insupportables et s’apparentent à de l’égocentrisme. Elles mettent en péril l’équilibre de notre équipe (…) Nous n’acceptons pas de devenir l’objet ou les victimes des conflits externes ». Les joueurs ont par ailleurs réclamé le retour de Joachim Mununga, l’assistant de Marc Brys sur le banc de touche, les jours de match : « Permettez au coach qui travaille avec nous au quotidien d’exercer dans la sérénité notamment en lui permettant d’avoir à ses côtés son assistant ».
Marc Brys menace de démissionner
Seulement, la doléance des joueurs n’a trouvé aucun écho favorable auprès de la Fécafoot qui persiste à refuser l'accréditation à Joachim Mununga pour les matchs officiels. Un épisode symptomatique des tensions entre le staff technique et les dirigeants du football camerounais.
Éreinté par ces ingérences, Brys a tenté de démissionner avant la réception de la Libye mardi. Cependant, les joueurs et certains membres du gouvernement camerounais l’ont convaincu de rester. « J’ai effectivement voulu partir. Mais j’ai finalement décidé de jouer le match du 25 mars contre la Libye. Il y a eu des interventions et de nombreux appels téléphoniques de l’État, et même quelqu’un qui a été envoyé pour me convaincre », a expliqué l’entraîneur belge, laissant entendre que cette envie de partir reste d’actualité.
Dans ce contexte explosif, le Cameroun devait réagir sur le terrain. Le 25 mars, au Stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, les Lions Indomptables ont retrouvé des couleurs en dominant la Libye (3-1).
Aboubakar répond aux critiques et se rapproche d’un record d’Eto’o
Au-delà de la victoire, un joueur ne devait pas se rater dans cette rencontre : Vincent Aboubakar. Le capitaine des Lions Indomptables était attendu au tournant, pour avoir pris la parole pour fustiger l’attitude de la Fécafoot vis-à-vis du sélectionneur. Une posture qui lui vaut des critiques cinglantes de la part des supporters de la fédération et de son président Samuel Eto’o. Certains estimant que l’ex-buteur du FC Porto n’a plus sa place au sein de l’effectif.
Mais c’était mal connaître le natif de Garoua qui a répondu aux critiques de la meilleure des manières : un doublé salvateur qui permet au Cameroun de prendre les 3 points. Avec désormais 48 buts à son actif sous le maillot national, l’attaquant de 32 ans se rapproche du record absolu (56 buts) détenu par Samuel Eto’o. Avec encore plusieurs matchs de qualification et une Coupe d’Afrique des nations en ligne de mire, Aboubakar pourrait bien inscrire son nom un peu plus profondément dans l’histoire du football camerounais. Pour le grand "malheur" de ses détracteurs ?
