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RDC : le sport, acteur de paix et de réintégration des ex-combattants à l’Est

L’Est de la RDC, marqué par des conflits liés aux ressources naturelles, peine à retrouver la paix malgré les efforts de l’État depuis 2003. Le mouvement sportif et les athlètes sont mobilisés pour contribuer à la cohésion et démontrer que le sport peut être un outil efficace pour instaurer la paix.

Les joueurs de la RDC avaient eu un geste fort lors de la CAN 2023.

La région Est de la RDC souffre des conflits armés à cause de ses ressources naturelles. L’Etat congolais, depuis 2003 multiplie les stratégies pour rétablir la paix dans cette région mais il est difficile de créer un cadre favorisant la cohésion ou le dialogue. Comme Didier Drogba dont l’action a permis d’arrêter la guerre, le mouvement sportif congolais ainsi que les athlètes sont appelés à participer dans l’effort pour la paix.

L'implication du sport dans les conflits armés à l’Est du pays

Depuis des décennies, la partie Est de la République Démocratique du Congo est en proie à une guerre que personne ne peut prétendre ignorer actuellement.

Les conflits sont alimentés par des tensions ethniques, des rivalités politiques, la corruption et la lutte pour le contrôle de ressources naturelles précieuses notamment le coltan, l’or, les diamants et le cobalt qui attirent les groupes armés. Le pays compte nombreux groupes armés qui fonctionnent sous financement des puissances étrangères et des sociétés multinationales. L’expert Charles Onana souligne dans "Holocauste au Congo" que « le Rwanda étant un petit pays pauvre et enclavé, ceux qui avait soutenu Paul Kagame et les Tutsis dans leur prise de pouvoir au Rwanda avaient prévu d’être récompensés grâce aux minerais du Congo-Zaïre. »

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Cette situation chaotique attire l’attention du mouvement sportif. Tantôt, c’est une question de géopolitique, lorsque l’on utilise le sport d’une part comme outil de propagande pour vendre une belle image d’un pays conflictuel, d’autre part pour passer un message relevant notamment d’une responsabilité sociale, de patriotisme comme lors de la CAN 2023 où nombreux joueurs ont manifesté leur mécontentement. Le Capitaine Chancel Mbemba avait eu ces mots : « Une très grosse pensée pour toutes les victimes des atrocités de Goma […] Je prie de tout mon cœur que mon pays retrouve sa paix. » Cédric Bakambu était allé dans le même sens : « Mettez la même énergie que vous mettez pour parler de la CAN pour mettre en avant ce qu’il se passe chez nous, il n’y a pas de petits gestes. »

Tantôt, l’action des groupes armés rend impossible l’exercice des activités sportives. Ainsi, en avril 2024, le Président de l’Union des footballeurs du Congo, Hérita Ilunga déclarait « appel à l’action urgente du gouvernement congolais, de la FIFA, la CAF et de la FECOFA pour garantir la libération immédiate des joueurs de l’Association Sportive Onze Vedettes de Pinga. La captivité de ces footballeurs par les terroristes du M23 est inacceptable […] »

L'influence du sport pour faciliter le désarmement et la réinsertion des combattants

Si Didier Drogba est une légende africaine c’est pour plusieurs raisons notamment à cause de son message de paix qui démontre l’influence sociale du sport. « Ivoiriens, Ivoiriennes, du Nord et du Sud, du Centre à l’Ouest, vous avez vu, on vous a prouvé aujourd’hui que toute la Côte d’Ivoire peut cohabiter, peut jouer ensemble pour un même objectif : se qualifier pour le Mondial. On vous avait promis que cette fête allait rassembler le peuple. Donc aujourd’hui, on vous demande, s’il vous plaît, on se met à genoux […] Le seul pays d’Afrique qui a toutes ses richesses ne peut pas sombrer dans la guerre. S’il vous plaît, déposez tous les armes, organisez les élections et tout ira mieux […] »

Pour organiser une vie sociale face aux conflits armés, la RDC avec l’aide de ses partenaires a adopté depuis 2003 à nos jours le Programme de désarmement, démobilisation et réintégration des ex-combattants qu’on abrège DDR (il y a eu le DDR1 entre 2003-2007, le DDR2 en 2007-2011, le DDR3 en 2011-2018 et actuellement, il y a le DDRCS ou Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation depuis 2018 ).

Pour la réussite de son programme de lutte contre les conflits armés, la RDC a besoin de créer un cadre favorisant la cohésion sociale, le dialogue, la paix pour faciliter la réinsertion des ex-combattants. L’initiative de Didier Drogba interpelle sur la mission du sport qui est de mener à la paix, l’union et le vivre ensemble tout en mettant chaque athlète devant une responsabilité face au bien-être communautaire qui nécessite un engagement civique.

Le sport pour appuyer l'éducation à la paix

Le sport a la capacité d’influencer le changement du monde, de renforcer les liens sociaux, de faciliter le développement, la paix, la solidarité et le respect de tous. Ainsi, en 2013, l’assemblée générale des Nations Unies a fixé la Journée Internationale du Sport au Service du Développement et de la Paix (IDSDP) le 6 avril.

Le Président de la FIFA, Gianni Infantino, a rappelé lors de son discours dans le cadre du tirage au sort final de la Coupe du monde en 2022 : « Nous traversons une période troublée. L’agressivité est omniprésente et nous avons donc grand besoin d’occasions de nous rassembler pacifiquement pour faire la fête ensemble. C’est le rôle de la Coupe du monde. Par notre intermédiaire, la communauté du football adresse une prière aux dirigeants, ainsi qu’à l’ensemble des habitants du monde : s’il vous plaît, mettez fin aux conflits et aux guerres. »

C’est ainsi que les autorités congolaises doivent utiliser les activités physiques et sportives pour promouvoir la culture de la paix à travers l’éducation au sport dans les différents établissements. Encore, il faut concrétiser les efforts de l’éducation par de meilleures politiques qui vont créer le cadre du développement de l’économie du sport le plus adapté dans lequel les jeunes athlètes pourront obtenir du sport un mieux-être et un mieux-avoir.

Contribution de Gauthier PIKADJO, chercheur en droit des sports

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