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Sénégal : 2012, le Casa Sport enfin sacré après 43 ans d’attente

Fondé en 1969, Casa Sport a dû prendre son mal en patience avant d’enfin inscrire son nom au palmarès des vainqueurs du championnat du Sénégal. Un titre acquis au terme d’une saison 2011-2012 « harassante » comme nous le décrit le secrétaire général du club, Siaka Bodian. Une victoire 0-1 à l'arraché pour le dernier match de playoffs sur le terrain du leader Diambars. Unique buteur et héros de ce sacre, Laye Diallo livre les secrets du 1er titre de l’histoire du club.

Le Casa Sport soulevant le trophée de champion du Sénégal en 2012

Le 2 septembre 2012, le Casa Sport remporte le championnat du Sénégal en s’imposant 0-1 à Saly face à Diambars. Le premier titre de champion de l’histoire du club de Ziguinchor (sud du Sénégal). Une anomalie corrigée tant les vert et blanc ont cravaché, génération après génération, à la quête de ce trophée. C’est finalement une bande de copains issus des Navétanes qui vont ravir toute une région.

 

La Prophétie de la légende Jules Bocandé

Le Casa Sport était sur une pente ascendante avec une finale du championnat perdue en 2009 face à la Linguère. Cette année-là, en finale de coupe de la ligue, les supporters de « Allez-Casa bloquent l’accès au stade Alassane Djigo au bus de leur propre club en protestation contre les instances du football. Le Casa Sport perd cette finale sur tapis vert. S’en suivent les victoires en finales de coupe de la ligue en 2010 et de coupe du Sénégal en 2011. Les planètes semblent enfin alignées pour le club sudiste. « On retient de cette saison-là qu’elle ne pouvait en être autrement (…) Ce titre sonnait comme un aboutissement pour le Casa Sport. Devenir champion du Sénégal pour ce club depuis sa création. Ça représentait beaucoup de choses pour le club et pour la région », a avoué Siaka Bodian, interrogé par Sport News Africa.

Après la victoire en finale de la coupe du Sénégal en 2011, l’équipe rend visite à Jules François Bocandé pour lui dédier ce trophée. « Je me souviens qu’après cette victoire, nous nous sommes rendus chez Jules François Bocandé qui était malade. Depuis son lit il confie au Coach Demba Ramata que ce groupe là était celui qui ramènerait le premier titre de champion du Casa, se remémore Laye Diallo. Ces mots ont résonné dans nos têtes, tout le monde connaît l’aura de Jules. C’est là que tout le groupe s’est fixé comme objectif d’aller décrocher ce titre de champion. On a fait une préparation hivernale poussée du côté de Djibelor. On était tous conscient qu’il n’y avait que le championnat qui nous intéresse cette saison-là. On avait déjà tout gagné sauf ce titre », a révélé l’ancien défenseur central du club de Ziguinchor.

Une prise de conscience s’est opérée dans cette formation du Casa Sports avec la régularité des performances. Les finales de championnat et de coupe de la ligue en 2009, les victoires en coupe de la ligue 2010 et en coupe du Sénégal 2011 ont fini de renforcer la confiance du groupe du Coach Demba Ramata Ndiaye. « Le Casa Sport n’a malheureusement pas toujours visé le titre de champion. C’était souvent une équipe de milieu de tableau, rappelle Laye Diallo. Lorsqu’on a commencé à accumuler les trophées, on s’est rendu compte du pédigrée de nos victimes en finale de coupes et c’était devenu évident qu’on pouvait viser le titre de champion. Il y avait toute la Casamance derrière nous. Il y avait un grand public qui ne nous lâchait pas et qui a eu un rôle prépondérant dans ce titre », a reconnu l’homme aux dreadlocks.

 

Un effectif talentueux à la mentalité de gagnant

Cette saison 2011-2012 était celle de la confirmation pour cette bande d’amis. La construction de cet effectif semblait être arrivée à maturité. « Notre groupe a été constitué en 2009 avec pas mal d’éléments en provenance des Navétanes qui avaient à l’époque un très bon niveau. On a pris les meilleurs de chaque ASC pour constituer l’effectif, explique Laye Diallo. On était d’abord une famille, une bande de copains. Il y avait pas mal de joueurs talentueux. Mais au Casa Sport, il fallait mettre de côté ces étiquettes de Starlette du quartier pour former un groupe. Quand on a créé ses liens familiaux, rien ne pouvait nous ébranler », a-t-il ajouté.

Cette mentalité était la clé pour décrocher le saint graal. « Le secret de notre groupe était l’entente, soutient Diallo. Il existait une vraie cohésion au sein de l’équipe. Personne ne pouvait s’immiscer entre nous. Ce qui a facilité le travail des coachs Demba Ramata et Athanas Tendeng. On faisait quasiment nous-mêmes les compositions d’équipe. Quand un joueur était hors de forme, on venait voir les coachs pour leur demander de le sortir du groupe pour cette journée. On respectait aussi les qualités de chacun. Cela était une force parce qu’on ne trichait pas. Nous étions très solidaires. Il y avait du talent et du travail mais l’union des cœurs dans le groupe a permis ces performances », a-t-il avoué.

Comme un symbole, c’est au caractère que le dénouement de cette saison historique s’achève. Avec 2 points de retard sur Diambars avant cette ultime journée des playoffs, le Casa Sport se rend sur la pelouse du leader avec l’objectif de l’emporter. « Dans ce match, c'était peut-être Diambars qui avait la pression, lance Laye Diallo. À l’aller, Diambars nous avait battu chez nous dans un match où Saër Thioune et moi étions absents. Je savais qu’on pouvait leur créer des problèmes au retour. Il fallait juste un petit but et fermer la boutique. À l’époque dans le championnat sénégalais, la paire axiale du Casa Sport faisait peur à tous les attaquants. C’était un sacré avantage ».

Une défense de fer qui ne prendra qu’un seul but en 6 matchs durant ces playoffs. Soutenu par des pépites en attaque. « Devant, on avait des flèches avec Émile Paul Tendeng, Youssouph Coly, Aliou Coly, Alouise Thiaw… On savait qu’ils auraient la possession, c’était une équipe qui jouait super bien au ballon. Mais c’était parfait pour nous avec une stratégie pour subir et piquer en contres sur chaque perte de balle. C’était le dernier match de la saison, nous étions déterminés à remporter enfin ce titre de champion. Rien ni personne ne pouvait nous freiner dans notre quête », insiste Diallo, seul buteur lors de cet ultime match. Une confiance qui avait fini de contaminer toutes les sphères du club. « La preuve de cette certitude, nous avions confectionné des t-shirts à l’entame des playoffs avec l’inscription « en route vers le titre ». Ça voulait tout dire », révèle le secrétaire général du club.

 

Les raisons d’une interminable disette

Dix ans après sa création, le Casa Sport remporte la coupe du Sénégal en 1979. Le premier trophée de l’histoire du club qui, derrière, a végété pendant plus de 30 ans avant de re-goûter à l’ivresse d’un titre. Les milliers de kilomètres parcourus chaque année, les aller-retour entre la D1 et la D2, la frustration liée à l’arbitrage sont enfin oubliés. « L’arbitrage a été un véritable problème pour le club à une certaine époque. Les conditions de voyage aussi étaient extrêmement difficiles, liste Laye Diallo. Je ne dirai pas que nous étions la meilleure génération du Casa Sport mais celle qui avait la meilleure alchimie », a-t-il concédé.

La fatalité avait fini de s’installer dans la tête des Ziguinchorois. « On est arrivé au point de croire qu’il nous était impossible d’être champion du Sénégal, soutient M. Bodian. Il y avait beaucoup d’obstacles sur la route du Casa Sport. Il y avait cette impression que tout était contre nous. Une impression vérifiable par moment et par d’autres non. Même lors de cette saison-là, nous avions perdu un match sur tapis vert de manière incompréhensible face à Diambars qui menait 0-1. On égalise et dans la foulée l’un des arbitres assistants se plaint d’avoir reçu un projectile. Le corps arbitral refuse de reprendre et on perd sur tapis vert. Nous avions la sensation que tout était contre nous, que les instances du football, les arbitres étaient contre le Casa Sport », avoue-t-il.

Il y avait aussi l’autre obstacle, la distance. Entre 800 (Mbour) et 1200 Km (St-Louis), toutes les deux semaines lors de leurs déplacements en bus. « Les moyens ne suivant pas, nous étions obligés de voyager la veille pour jouer le lendemain. Nous avions l’impression qu’on n’y arriverait jamais. À chaque fois nous faisions de bonnes saisons, mais au finish, pas de titre. C’est pourquoi celui de 2012 sonnait comme l’aboutissement d’un travail de longue haleine, d’une persévérance et d’une croyance. Parce que nous y croyions fermement qu’un jour, on pouvait enfin être champion. Surtout avec cet effectif de 2012 qui avait gagné la coupe de la ligue et la coupe du Sénégal. On s’était dit : jamais 2 sans 3. Le 3ème serait forcément le titre de champion. C’était pour le club et les populations de la Casamance l’aboutissement d’un rêve », informe Siaka Bodian.

Et pour renforcer la dramaturgie, le Casa perd lors de son dernier match de saison régulière et se retrouve au coude à coude avec Jaraaf (25 points + 9 pour les deux équipes) pour la qualification en playoffs. « Jaraaf avait gagné en marquant beaucoup de buts. Je n’avais pas effectué le déplacement à Mbour et de ma radio j’entendais les journalistes dire que Jaraaf avait fini de coiffer au poteau le Casa Sport. Dès que j’ai compris qu’il existerait un contentieux en matière d’interprétation du règlement, j’ai filé à toute vitesse chez moi pour consulter mes fiches sur les chiffres de la saison régulière. Quand j’ai eu la certitude qu’on était devant Jaraaf, j’ai appelé en direct à la radio pour dire que nous étions encore devant Jaraaf. C’était un grand moment de ma carrière d’administratif du Casa Sport », se rappelle M. Bodian.

Fort de cette expérience du passé et déterminé à ne pas laisser passer une telle occasion, le club lance « l’opération Commando » pour ce match décisif à Diambars. « Nous y sommes allés avec des guerriers, prêts à aller chercher la victoire à Saly. Nous venions de perdre Émile Paul Tendeng, transféré mais inscrit sur la feuille de match dans un premier temps. On a compris par la suite qu’il fallait l’enlever de la feuille de match. C’est à l’échauffement qu’il a compris qu’il ne faisait plus partie du match. Qu’à cela ne tienne, il était derrière ses gars et était convaincu qu’ils allaient le faire même sans lui sur le terrain. C’était un grand moment pour le club et ce que nous retenons c’est cette abnégation là à s’emparer du titre sur le terrain de Diambars », a conclu Siaka Bodian.

 

Moustapha M. SADIO

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