Le sélectionneur du Cameroun, Marc Brys, a récemment accordé une interview explosive à dhnet.be, dans laquelle il n'hésite à critiquer sévèrement Samuel Eto'o, l'actuel président de la Fédération Camerounaise de Football (Fecafoot). Au fil de l’entretien, Brys est revenu sur ses premiers contacts avec Eto'o, révélant une relation particulièrement tendue et marquée par des affrontements verbaux et des désaccords profonds sur la gestion de l'équipe nationale.
Dès le début de l'interview avec dhnet.be, Marc Brys ne mâche pas ses mots : « Il [Samuel Eto’o, Ndlr.] n’a réussi que comme footballeur ! Dans les autres domaines, il a échoué : comme entraîneur, comme entrepreneur et visiblement comme dirigeant, quand je vois sa façon de faire à la Fécafoot ». Cette déclaration cinglante résume la pensée du sélectionneur, qui ne cache pas son exaspération face à la manière dont Eto'o dirige la Fecafoot. Pour Brys, l’ancien attaquant légendaire semble totalement déconnecté des réalités du management sportif.
Brys dénonce particulièrement les efforts de la Fédération pour « nous déstabiliser et donc pour augmenter nos chances de perdre ». Selon lui, Samuel Eto'o et son entourage ne cherchent pas à soutenir l'équipe nationale mais semblent au contraire agir contre les intérêts des Lions Indomptables. « Comment peut-on être contre son propre pays ? », s’interroge-t-il, soulignant l’absurdité de la situation. « Mon prédécesseur Rigobert Song était sa girouette et n'avait rien à dire. Eto'o rentrait dans le vestiaire avant le match et au repos et il changeait l'équipe de A à Z. Les joueurs se sentaient tyrannisés ; c'était une farce totale. Dans un tel environnement, il ne fallait pas attendre que le Cameroun réalise les performances qu'on attend de lui ».
L'entraîneur a également relaté un épisode particulièrement tendu qui a eu lieu au sein de la Fécafoot le 28 mai 2024. Ce jour-là, lors d’une réunion où il était de nouveau convoqué "sans ordre du jour", Brys raconte qu’Eto'o l’a d'abord ignoré avant de lui faire signe de le rejoindre de manière "agressive". « Je lui ai laissé un vent, et c'est à partir de ce moment-là que la vidéo démarre. Il s'est senti humilié parce que je lui ai rendu la monnaie de sa pièce en étant méprisant comme lui et il a donc commencé à crier et à me menacer », relate Brys. Cette altercation a marqué un point de non-retour dans leur relation.
Loin d'être un incident isolé, ce conflit semble illustrer une série de dysfonctionnements sur la manière dont la Fécafoot gère la sélection fanion du Cameroun. Enfin, selon Marc Brys. Le sélectionneur pointe en effet du doigt la gestion plus ou moins chaotique de l'organisation. Comme l'avant-veille de son premier match (victoire 4-1 contre le Cap-Vert) où l’équipe n’avait ni bus, ni ballons, ni équipements. « C'était fait exprès. Et donc, j'ai dit à mes joueurs que l'entraînement était remplacé par une promenade. J'ai voulu montrer que ça n'allait pas comme ça. Ce n'était pas tout. Avant notre match en Angola, il n'y avait soi-disant pas de chambres dans l'hôtel pour les entraîneurs, uniquement pour les joueurs et les dirigeants. J'ai refusé d'aller ailleurs et on a reçu une chambre », relate-t-il.
« La nuit avant le match, j'ai reçu un mail à 1h30 et 5h40 disant que les passeports des joueurs et les noms de l'équipe de base devaient être fournis à un commissaire de la Fifa qui logeait à une heure et demie de là. À 7 heures du matin, j'ai loué une voiture pour aller tout lui donner moi-même. Je craignais que la Fécafoot fasse des changements dans mon équipe. Et puis, nouvel incident : les membres de mon staff n'étaient pas accrédités pour ce match. André Onana, gardien de Manchester United, a donc dû s'échauffer lui-même, sans entraîneur des gardiens ! Du jamais-vu. Voilà ce que Samuel Eto'o, grand footballeur qu'il a été, a fait en tant président de sa fédération ».
En dépit de ces tensions, Marc Brys reste déterminé à accomplir sa mission à la tête des Lions Indomptables. Lorsqu'on lui demande comment il envisage sa future collaboration avec Eto'o, il répond de manière pragmatique : « La balle est dans son camp. S'il veut des relations cordiales et apaisées, je suis preneur. S'il veut des relations inamicales et brutales, elles le resteront jusqu'à ce que je finisse ma mission ».