A bientôt 41 ans, Alaixys Romao continue de jouer un rôle capital dans l'organisation du jeu des Eperviers. Mais l'idylle, qui a commencé entre lui et le Togo en 2005, semble approcher à sa fin même si au pays sa retraite internationale à venir suscite l'inquiétude.
En sélection, il est le dernier joueur toujours en activité à avoir connu la belle épopée de 2006. Alaixys Romao, à bientôt 41 ans continue de défendre les couleurs du Togo, mais tout porte à croire qu'il ne lui reste plus de longs mois à passer dans le nid des Eperviers.
S'il y a bien un joueur au Togo sur les deux dernières décennies qui n'a jamais été associé à un clash, un scandale, une guerre d'égos ou encore sujet aux critiques sur un manque d'implication, c'est bien Alaixys Romao. L'ancien milieu de terrain de l'OM a toujours fait l'unanimité auprès de ses coéquipiers et sélectionneurs successifs.
L'exemplarité et le professionnalisme du natif de L'Haÿ-les-Roses lui ont permis de traverser les générations. Romao qui était à la Coupe du monde 2006 en Allemagne et la CAN 2013 en Afrique du Sud, a vécu les meilleurs moments de l'histoire du football togolais tout comme ces moments les plus tristes comme l'attentat de Cabinda en 2010 et cette série de quatre éliminations successives en qualifications de la Coupe d'Afrique des nations.
Lire aussi : CAN 2025 (Q) - Togo : Nibombé, une qualification et un avenir en jeu
Ces éliminatoires de la CAN 2025 pourraient être la dernière campagne qualificative de la compétition que l'ancien rémois dispute avec le Togo. S'il était encore un incontournable du Onze des Eperviers sous Paulo Duarte, Alaixys Romao est devenu depuis l'arrivée de Daré Nibombé un joueur de rotation. Il ne lui a d'ailleurs pas donné la moindre minute contre le Liberia (1-1) à Lomé en début d'éliminatoires avant d'en faire un remplaçant (entré en jeu à la 46e) contre la Guinée Equatoriale (2-2).
Des décisions qui ont soulevé une vague de critiques dans la presse. « Aujourd’hui, on ne doit plus avoir peur de laisser Romao sur le banc en pensant que s’il ne joue pas, le Togo ne va pas gagner », s'est-il justifié en octobre dernier. « L’avenir du football togolais ne va pas se construire sur Romao. Avant de l’appeler, il a été renseigné sur le rôle que je voudrais qu’il joue, dans l’équipe. Il est une pièce maîtresse de notre équipe et si on sent le besoin qu’il doit jouer, il va jouer. Mais on doit faire une projection. »
Romao a fait ses débuts en équipe nationale du Togo le 17 août 2005 lors d'un match amical contre le Maroc. A seulement 21 ans, il était passeur décisif pour sa première sous le maillot des Eperviers qu'il pourrait bientôt ne plus porter : « Oui, c'est sûr », a-t-il admis, interrogé par RFI au sujet d'une retraite internationale plus que jamais proche.
« Jamais je n’aurais imaginé jouer jusqu’à cet âge en équipe nationale. Je profite maintenant. Il y a cinq déjà, des amis me disaient : ‘’tant que tu peux continuer, il faut profiter. Tant que tu as la passion, tant que tu as la forme, vas-y, profite’’. Là, ce n'est que du plaisir, mais aussi transmettre avec les jeunes, c'est ça qui est bien, qui est enrichissant. Ce qui est sûr, c’est qu’après la retraite, je ne serais pas loin des Éperviers, c’est une grande histoire entre la sélection et moi. »
Une sortie qui ne ravit pas tout le monde, car l'on ne voit personne le remplacer valablement en sélection malgré l'émergence de Dermane Karim : « C'est quelqu'un qui a connu quelques succès avec le Togo notamment les qualifications au mondial 2006 et le quart de finale de la CAN 2013. Et durant cette campagne des éliminatoires de la CAN 2025, il a été à mon avis l'un des meilleurs Togolais comme il l'a toujours été quand on lui fait confiance. Le souci aujourd'hui, est que le Togo a du mal à trouver un remplaçant idéal à son poste donc je pense que malgré son âge, il va falloir continuer un peu jusqu'à la fin des éliminatoires du mondial 2026. Même si des gens disent qu'il faut savoir laisser les choses avant qu'elles ne vous laissent, il a encore beaucoup de choses à transmettre à la jeune garde au cours de ces éliminatoires. Il est aujourd'hui à remarquer que beaucoup de joueurs finissent leur carrière internationale au delà de la quarantaine et Romao peut le faire aussi », estime Félix Kalepe, journaliste togolais officiant sur Togo Foot. Même s'il rappelle que « la décision finale revient au joueur lui-même. »
Dela Ayité partage la même inquiétude. « Romao, comme Dare Nibombé l'avait signifié, son avenir en sélection est en pointillé. On ne peut plus construire l'équipe autour de lui. Par contre, il joue toujours un grand rôle à chaque fois en sélection. Le voir arrêter ou continuer, la décision lui revient, mais je pense qu'il doit continuer dans la mesure où on a pas encore trouvé son véritable remplaçant », a déclaré le journaliste de CSports Infos. En somme, tout le monde est conscient au Togo que l'avenir de la sélection ne repose plus sur les épaules d'Alaixys Romao, mais personne n'ose l'inviter à dire stop car son digne successeur se fait attendre.
