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Beach soccer-CAN 2008 : l’amorce d’une domination sans partage du Sénégal

Sextuple champion d’Afrique et demi-finaliste de la dernière Coupe du monde de Beach soccer, le Sénégal se prépare pour la conquête d’une 7ème étoile continentale au Mozambique au mois d’octobre pour la 11ème édition de la CAN de cette discipline. En 9 participations, les Lions du sable ont atteint 8 fois la finale et ont toujours été médaillés. Un règne qui débute en 2008 en Afrique du Sud pour la 3ème CAN de Beach soccer. La première des 6 étoiles.

De notre correspondant au Sénégal,

Les Lions du Sénégal soulevant leur dernier sacre continental

Dans le sport comme dans toute chose, l’importance de la première fois est fondamentale. Le Beach soccer africain et son ogre le Sénégal, se sont embrassés pour la première fois à Durban en 2007 avant de décider de s’unir devant tout un continent un an plus tard sur ce même sable. Une histoire d’amour qui dure depuis 15 ans, que Ibrahima Ndiaye «Chita» a accepté de compter à Sport News Africa l’acte fondateur.

«Tout est parti de Mbaye Ndoye, (président de la Fédération sénégalaise de football à l’époque) qui nous a fait confiance. Et a pris le risque d’envoyer la première sélection du Sénégal à une CAN de Beach soccer un an plus tôt, se souvient encore le précurseur de la discipline au Sénégal. En 2007 déjà, la FSF était dans des eaux troubles et le président sous la sellette. Nous sommes parti jusqu’en finale, battus par le Nigeria», rappelle Ibrahima Ndiaye « Chita ».

La résilience pour des premiers pas douloureux

Capitaine de l’équipe de football du Sénégal, le doyen «Chita» met du cœur à l’ouvrage pour installer le Beach soccer dans un pays où le football, la lutte traditionnelle concentrent toutes les ressources. Pas de quoi refroidir la détermination du vieux. «À l'époque, j'organisais pas mal de tournois de beach soccer sur la plage de Ndénatte dans l’optique d’une participation à la CAN. Après avoir vu notre invitation annulée pour la CAN en 2006, le secrétaire général de la FSF d’alors Doudou Sène m’avait demandé d’envoyer une liste de 12 joueurs pour l’édition de 2007», raconte-t-il.

Il poursuit : «C’était essentiellement des jeunes de Yoff et Ouakam. J’ai alors pensé à l’expérience à ce niveau et j’ai pu convaincre d’anciens footballeurs comme Mamadou Diallo (actuel sélectionneur du Sénégal) qui jouait en Afrique du Sud. J’ai aussi convaincu Victor Diagne (ex international sénégalais) et Ass Malick Dieng. Ces trois-là ont pu encadrer cette jeune équipe. Je n’ai pu faire le voyage. J’ai donc fait appel à Amadou Diop «Boy Bandit» pour démarrer les entraînements et conduire l’équipe à Durban. On est allé jusqu’en finale et on s’est qualifié pour la Coupe du monde au Brésil.»

Quart de finaliste à Rio, au Brésil (éliminé par la France), le Sénégal venait de poser les jalons de sa future conquête africaine. L’année suivante, retour à Durban pour cette fois-ci truster la plus haute marche du podium. «Après ces épopées fantastiques, j’ai continué à y croire et j’ai fait un prêt bancaire pour acheter du matériel. J’ai continué d’organiser d’autres tournois. 2008, coïncide avec la dissolution de la FSF. J’étais obligé d’être chef de délégation et manager général de l’équipe.»

Des difficultés financières et l’absence d’une fédération menacent alors la participation du Sénégal à cette coupe d’Afrique des nations. «À l’époque, heureusement que les billets d’avion des délégations étaient réglés par le promoteur de la Coupe d’Afrique de beach soccer, révèle Ibrahima Ndiaye. On manquait de tout avec une Fédération dissoute. Pour éviter d’éventuels retards des joueurs avant le départ pour l’Afrique du Sud, j’ai pris de ma poche pour payer le déjeuner à toute la délégation que j’ai convoqué au siège de la FSF. Pour nous rendre à l’aéroport, j’ai même acheté l’essence pour mettre en marche le bus de la Fédération caillassé par les supporters après un match Sénégal - Gambie», a-t-il confié.

Sur place, les joueurs du Sénégal ont dû faire preuve de dévouement au maillot national. Littéralement. «Nous n’avions qu’un seul jeu de maillots que la Fédération nous a demandé de rendre à l’issue de la compétition. Après chaque match, les joueurs lavent eux-mêmes leur maillot pour le match suivant. C’est là que j’ai compris que j’avais en face de moi, des gosses déterminés et que nous allions gagner ce trophée. À mon humble avis, et n’en déplaise à la génération actuelle, l’équipe de 2008 est la meilleure équipe du Sénégal de beach soccer que j’ai pu voir», soutient le manager général des Lions du sable.

À un cheveu du rendez-vous manqué

Chita, le père fondateur du beach soccer au Sénégal

Pourtant, tout aurait pu s’arrêter net aux portes de la finale pour les hommes de l’entraîneur Amadou Diop «Boy Bandit». Face à la Côte d’Ivoire en demi-finale, le Sénégal frôle l’élimination et s’en sort miraculeusement. «On termine 1er de notre groupe et en 1/2 finale, on rencontre la Côte d’Ivoire, se souvient « Chita ». Un match qui reste gravé dans ma mémoire. Les Ivoiriens marquent le but du 5-4 alors qu’il ne reste que 5 secondes sur le chrono. J’ai encore des frissons quand je repense à nôtre but égalisateur. J’ai beaucoup de respect pour tous les joueurs mais encore plus pour Gomis Mbengue. Son sang froid à ce moment crucial quand il demande à Koukpaki de lui soulever la balle à mi-hauteur lors de l’engagement. Avant qu’il n’expédie sa frappe dans la lucarne du portier ivoirien. Il nous a délivré. On finit par passer en finale aux tirs au but», savoure encore aujourd’hui « Chita ».

«On venait de décrocher une 2ème qualification au Mondial mais nous étions surtout venus pour le trophée et devant nous il y avait le Cameroun. J’ai dit aux joueurs que la Côte d’Ivoire était l’équipe la plus dangereuse et qu’ils n’avaient pas le droit de tout gâcher face au Cameroun. Avec le coach, on leur a demandé de les faire bouger sur le sable car ce sont de grands gabarits. On les surclasse 12-6 dans cette finale. J’ai encore des coupures de journaux de 2008 avec des titres qui disaient : le Sénégal remporte un premier trophée africain de football. N’oublions pas que le beach soccer est organisé par la FIFA et que c’est avant tout du football. Le fait d’être le précurseur de cette discipline qui a offert au football sénégalais sa première coupe d’Afrique, sans moyens, c’est ce qui me marque le plus», s’est ému le doyen Ibrahima Ndiaye « Chita » au micro de SNA.

La joie de ce sacre avait poussé les commerçants ressortissants sénégalais en Afrique du Sud à organiser une collecte en nature avec des vêtements, sous-vêtements à donner aux joueurs pour qu’ils puissent en faire cadeau à leurs familles en guise de souvenir comme il est de coutume au pays de la Téranga. Mais les joueurs n’étaient pas au bout de leur surprise à leur atterrissage. «À notre retour sur Dakar, nous avons été accueilli par une grande foule qui nous a malheureusement porté jusqu’au palais parce que le public estimait que nous méritions d’être reçu par le président de la république (Abdoulaye Wade à l’époque). J’ai dû expliquer aux joueurs que ça ne se passait pas ainsi, que l’on devait rentrer chez nous et que peut-être les autorités allaient nous recevoir plus tard. »

Le premier d’une longue série

Les Lions toujours au top à chaque compétition continentale

Après leur sacre, le Sénégal prend part à sa 2ème Coupe du monde de suite à Marseille en France et se fera sortir «injustement» en poule dans un match rocambolesque face à la France. Un sombre épisode pour le beach soccer sénégalais qui a vu plusieurs joueurs fondre dans la nature pour rejoindre l’Italie, d’autres l’Espagne. Un souvenir que regrette encore « Chita » en tant que responsable de la délégation.

 

De cette année 2008, le précurseur du beach soccer au pays de la Téranga ne garde aujourd’hui que le meilleur. «Ce premier trophée de Coupe d’Afrique de beach soccer de notre histoire m’a tant marqué que j’ai encore chez moi des coupures de presse qui en ont parlé avoue-t-il. J’espère qu’on mettra nos 6 étoiles sur notre maillot à la CAN au Mozambique», souhaite l’ancien capitaine de l’équipe nationale de football du Sénégal.

Aujourd’hui, le Sénégal en est à 6 couronnes continentales et depuis l’été 2021, la première et seule nation africaine dans le dernier carré en Coupe du monde. Une progression construite progressivement par la volonté d’un homme passionné par le football de plage et enfin suivi par les autorités du football sénégalais. «Le président de la FSF a vu mes efforts et m’a soutenu pour l’installation d’un championnat national de beach soccer. Cela a conforté cette hégémonie sur le continent où des pays comme le Nigeria, le Maroc, commencent à nous copier et créent leur propre championnat».

Mieux structuré et pris en charge par la FSF, l’équipe du Sénégal reste ambitieuse sur le continent mais aussi et surtout en Coupe du monde. Après avoir atteint le carré d’As du dernier Mondial en Russie, les Lions du sable ne s’en cachent plus et visent la plus belle des couronnes. En attendant, ils chercheront le mois prochain au Mozambique, à remporter une 4ème fois de suite la CAN de Beach soccer.

Moustapha M. SADIO

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