Le bassin de la piscine olympique de Dakar a vibré du 27 au 29 mai 2022 au rythme des exploits des nageurs de l’Afrique de l’Ouest lors des championnats d’Afrique de la zone II. Une compétition de très haut niveau où le Sénégal conserve son hégémonie sous-régionale avec sa tête d’affiche Oumy Diop qui a survolé la compétition.
L’Afrique de l’Ouest continue à développer sa natation pour rattraper son retard sur l’Afrique Australe et du Nord. La 8ème édition des championnats d’Afrique de la zone II a permis aux 22 pays de cette partie du continent d’engranger de l’expérience et d’avoir beaucoup de compétition en prévision des échéances internationales à venir. Dix-neuf (19) pays étaient présents dans la capitale sénégalaise, alors qu'ils étaient 15 lors de la précédente édition, pour trois jours de compétition où le Sénégal a par ailleurs confirmé son leadership devant le Nigeria.
Les nageurs sénégalais ont remporté 28 des 42 courses durant ces trois journées de compétition dans le bassin de piscine olympique et en eau libre. « L’organisation du Sénégal est de grande qualité avec cette belle piscine construite pour les compétitions de haut niveau et qui favorise de belles performances, magnifie le Pdt de la commission technique du comité d’organisation des championnats d’Afrique zone II. On a vu un très beau visage de la natation sénégalaise (...) Le Sénégal a pu conserver son titre malgré l’absence de quelques nageurs cadres comme Amadou Ndiaye, Mathieu Sèye qui n’ont pu faire le déplacement » a confié à SNA, M. Monteiro.
En l’absence de leurs cadres, les Sénégalais remportent quand même pour la 7ème fois d’affilée les championnats zone II avec des révélations chez les nageurs locaux qui en ont profité pour se montrer. C’est le cas d’Ousseynou Diop (spécialiste du 1500m) de Saint-Louis, aujourd’hui pensionnaire du club de l’ASFA. Le jeune fondeur repart de la compétition avec 5 médailles dont 3 en or. Des performances qui traduisent les progrès dans la formation au niveau de la direction technique nationale mais aussi du centre de développement de la Fédération internationale de natation (FINA) basé à Dakar. Une structure que dirige aujourd’hui M. Monteiro.
« Le centre permet de regrouper des nageurs de l’Afrique de l’Ouest plus précisément de la zone II. Au Sénégal on a l’expertise et l’infrastructure pour pouvoir aider les autres pays environnants. Actuellement le centre a 7 boursiers de la FINA qui sont basés à Dakar et qui s’entraînent avec un technicien sénégalais, Malick Fall (ancien champion d’Afrique et plusieurs fois olympien). 4 de nos pensionnaires dont un Guinéen et un Nigérien ont été médaillés. Ceux qui ne sont pas montés sur le podium ont réalisé leurs meilleures performances. C’est l’avantage du centre de développement, il permet d’équilibrer la formation car certains pays n’ont même pas d’experts ou de piscines permettant le développement de nageurs » explique l’ancien directeur technique national de la natation sénégalaise.
Avec Oumy Diop, le Sénégal tient là le porte-étendard de sa natation. La nageuse de 18 ans n’a pas manqué son premier grand rendez-vous à domicile avec 18 médailles glanées dont 13 titres. Rien que ça! « Pour Oumy Diop c’est une confirmation car depuis plus d’un an elle est au sommet de la natation sénégalaise chez les dames, soutient M. Monteiro. Elle a su s’imposer lors de ces championnats de la zone II en remportant 13 courses ».
La native de Grenoble expliquait d'ailleurs dans une interview accordée à Sport News Africa et parue le 24 mai dernier, toute l’excitation de concourir pour la première fois devant sa famille et les supporters sénégalais. Malgré la pression, celle qui rêve d’offrir au Sénégal sa deuxième médaille olympique aux JO de Paris dans deux ans, a parfaitement tenu le choc. Le seul bémol pour celle qui prépare un Bachelor en carrières juridiques à l’Université de Grenoble, ce sont ses défaites sur 100 et 200m nage libre face à la Camerounaise Élisabeth Milanesi.
En Afrique, le gap entre l’Afrique du Sud, les pays d’Afrique du Nord et les pays d’Afrique Subsaharienne est assez conséquent. Cependant, les compétitions comme les championnats zone permettent de réduire l’écart entre les nageurs d’Afrique de l’Ouest et les meilleurs du continent. « La zone II continue son évolution avec cette 8ème édition où 19 pays ont répondu présent. Ce qui est un record. En 2005 pour les premières éditions, on était 5 ou 6 pays présents » explique M. Monteiro.
Le Sénégal a ainsi joué un grand rôle dans cette évolution. Dakar est en effet devenu la plaque tournante des championnats de la zone II avec 5 des 8 éditions abritées. Des efforts des différentes fédérations de nation ont permis de relever le niveau de cette compétition. « Jusqu’à la 6ème édition, chaque délégation avait une prise en charge gratuite pour un ou deux nageurs. Aujourd’hui toutes les délégations se prennent totalement en charge et sont bien présentes » renseigne le directeur du centre de développement de la FINA de Dakar.
Ce dernier n’a pas manqué de noter les bons points de cette 8ème édition avec 7 nations sur 19 médaillées. « Le Sénégal et le Nigeria ont dominé ces championnats jusqu’à la 4ème édition. Ensuite on a vu le Mali, le Ghana pointer le bout du nez. Aujourd’hui on a au moins 5 à 6 pays qui sont tout le temps sur le podium. Il y a un nivellement vers le haut. On a eu un niveau très élevé dans cette compétition. Vous avez également les épreuves en eau libre avec le 5 KM sur la corniche Est. Ça a été d’un très haut niveau avec un record de participation qui est passé de 15 engagés lors de la dernière édition à 38 engagés » a-t-il relevé.
Moustapha M. SADIO