Pour la deuxième fois de suite le Tout Puissant Mazembe va manquer à l'appel lors de la phase de groupes de la Ligue des champions de la CAF. Une situation qui confirme la dégringolade du club de Lubumbashi sur le plan continental depuis ses derniers titres gagnés en 2015 en Ligue des champions et en 2017 en Coupe de la Confédération. Plusieurs causes peuvent Justifier cette chute du quintuple champion d’Afrique et Sport News Africa a essayé de réfléchir avec la presse sportive congolaise afin d’en trouver les causes.
De notre correspondant en RD Congo
Sur le Continent africain, le Tout Puissant Mazembe ne semble n'avoir de puissant plus que son nom. Car dans la cour de grands africains, le géant congolais n'y fait plus partie depuis quelques années maintenant. D'ailleurs, les Corbeaux qui ont dominé l'Afrique entre 2009 et 2017, n'ont pas réussi à se qualifier pour la phase des groupes de la Ligue des champions pour la deuxième fois de suite cette année. En effet, après avoir été éliminé la saison dernière par Amazulu FC de l'Afrique du Sud, le TP Mazembe a fois de plus calé en seizièmes de finale cette saison face aux Ougandais de Vipers SC qui a éliminé les Congolais à l'issue de la séance de tirs au but (2-4) après un nul blanc enregistré en aller comme au retour.
Lire sur le même sujet : LDC : les grands au rendez-vous... sauf le TP Mazembe
2018, le début de la chute
Après avoir fait suivre quatre titres continentaux entre 2015 et 2017 dont une Ligue des champions (2015), deux Coupes de la Confédération (2016, 2017) et une Super Coupe d'Afrique (2016), les Corbeaux ont entamé une chute qui a pris de la vitesse au fil des années avec une seule demi-finale de Ligue des champions et une autre en Coupe de la Confédération, atteintes entre 2018 et 2022. Des statistiques bien maigres pour le TP Mazembe par rapport au huit précédentes années, durant lesquelles le club noir et blanc de Lubumbashi avait réussi à remporter un total de huit titres continentaux entre Ligue des champions (2009,2010, 2015), Super Coupe d’Afrique (2010,2011,2016) et Coupe de la Confédération (2016,2017).
La première alerte a été l’élimination en 2018 du TP Mazembe, à la surprise générale, en quart de finale de la Ligue des champions par le club Angolais de Primeiro d'Agosto qui semblait être de loin à sa portée sur papier. L' année d'après, Mazembe a semblé revenir à son niveau, atteignant les demi-finales de la compétition. Il a été éliminé par un des cadors africains, l'Esperance Sportive de Tunis, future vainqueur. Mais la vraie descente démarre au cours de la saison 2019-2020, quand le club a été éliminé dès les quarts de finale par le Raja Casablanca. La saison d'après, les Corbeaux n'ont pas réussi à se qualifier en quarts de finale, éliminés dès la phase de groupes après avoir terminé troisième du groupe A derrière Mamelodi Sundowns et le CR Belouizdad qui disputait la première phase de groupes de C1 de son histoire. Les choses se sont empirées pour les Corbeaux lors des deux dernières saisons, 20221-2022 et 2022-2023 avec des éliminations dès les seizièmes de finale.
Perte de capacité financière et changement de politique
Sport News Africa a essayé d'interroger certains journalistes sportifs de la RDC pour essayer de comprendre les causes de cette dégringolade. Pour Eddy Kanku, la principale cause est le départ du président du club, Moïse Katumbi en exil politique en 2015, année correspondant au dernier titre remporté par le TP Mazembe en Ligue des champions. Pour lui, cette situation a poussé le club à réduire sensiblement son budget. « Les problèmes de Mazembe ont commencé après le départ de Moïse Katumbi de la tête de la province du grand Katanga en tant que gouverneur de province et, ensuite, son départ en exil politique. Mazembe n'avais plus les moyens qu'il pouvait avoir quand son président était gouverneur de cette riche province. Cela a poussé le club à revoir à la baisse son budget » a-t-il déclaré
Un effectif inexpérimenté, reconstruction difficile
Pour Eddy Kanku Kadima, cette baisse de budget a poussé le club à modifier sa politique de recrutement avec moins des joueurs étrangers de haut niveau et plus des jeunes sortis fraîchement du centre de formation du club mais qui n’arrivent pas à compenser certains départ. « N'ayant plus beaucoup des moyens, Mazembe a été contraint de modifier sa politique de recrutement. Avant, Moïse Katumbi recrutait les meilleurs joueurs africains qui brillaient sur le continent. Il recrutait aussi les meilleurs sur le plan national, chose qu'il ne fait plus aujourd’hui. Nous avons vu passer des buteurs comme le Tanzanien Ali Samatta, Zambien Given Singuluma, les défenseurs Stopila Sunzu ou encore le Malien Adama Coulibaly. Le club se contente aujourd'hui de se renforcer avec des joueurs sortis de son centre de formation, et qui n'ont aucune expérience africaine. C'est avec eux que le TP Mazembe a joué la Ligue des champions avec l'encadrement de certains doyens comme Issama Mpeko. On voit bien que la reconstruction de l'équipe prendra du temps à cause de l'inexpérience de ces joueurs. Les Patient Mwǎmba, John Bakata et autres jeunes du club sont encore à l'étape de l'apprentissage. Il faut du temps pour revoir Mazembe au très haut niveau africain. Si le club veut repartir d’aussitôt , il doit adopter une nouvelle politique » a-t-il détaillé.
Une relève pas bien assurée
Allant dans la même logique des choses qu'Eddy Kanku, Alain Kabeya illustre les faits d'une relève pas trop bien assurée après les départs de certains joueurs. « Aujourd'hui nous voyons bien que le TP Mazembe a un grand problème d'efficacité devant le but. Mazembe manque d'un tueur de la trempe de Ben Malango ou encore Jackson Muleka. Aujourd'hui, les avant-centres des Corbeaux ne sont pas de vrais tueurs. Adan Bossu et Jephtée Kitmbala n'ont pas pu être décisif face à Vipers. Depuis la saison dernière, on a bien senti que Mazembe avait un problème dans son secteur offensif. C'est à peine qu'il pouvait inscrire deux buts dans un match de Coupe de la Confédération. Aussi, Mazembe n'a jamais comblé le vide laissé par Meschak Elia » expose -t-il.
Outre tous ces problèmes susmentionnés, on peut également évoquer le problème du choix des entraîneurs européens passés sur le banc de l'équipe après Patrice Carteron. Le coach français avait, lui, réussi à remporter la Ligue des champions 2015 et la Coupe de la Confédération 2016. Tous ceux qui sont passés après lui n'ont rien réussi en commençant par Thierry Froger. Remplaçant direct de Carteron, le technicien français est parti au bout d'un mois seulement, remplacé momentanément par Pamphile Mihayo qui a réussi à reporter la Coupe de la Confédération 2017.
Mais ne lui faisant pas trop confiance, la direction du club lui a préféré le Franco-serbe Dragan Kvectovic qui n'a pas eu de réussite sur le plan continental. Il a été, lui aussi, remplacé par Pamphile Mihayo le temps de finir la saison 2019-2020. Mihayo a été une nouvelle fois remplacé par un autre Français, le tout dernier, Franck Dumas qui n'a réussi à qualifier le TP Mazembe pour la phase des groupes de la Ligue des champions à deux reprises. Néanmoins, il a mené les Corbeaux jusqu'en demi-finale de la dernière Coupe de la Confédération. Avec le retour de Pamphile Mihayo dans l'équipe, Mazembe espère rééditer l'exploit de 2017 en sauvant sa saison par le gain de cette nouvelle édition de la Coupe de la Confédération.
Masiala Jonathan