L’excitation monte de plus en plus à Dakar à quelques heures d’Équateur - Sénégal. La capitale sénégalaise est en apnée avant ce match décisif de Coupe du monde de football entre la Tri et les Lions de la Téranga. Du côté des fans, la tension est à son paroxysme entre la peur de revivre une nouvelle élimination dès le premier tour et la hâte d’en finir avec cette pression de l’attente. Toujours aussi impliqués dans les choix tactiques de l’équipe du Sénégal, les fans veulent voir une équipe conquérante avec le nouveau chouchou de la tanière, Iliman Ndiaye. SNA s’est faufilé parmi eux pour prendre le pouls à moins de 24 heures du match
Ce mardi 29 novembre à 15:00 GMT, 17 millions de sénégalais seront devant leur poste téléviseur pour le 3ème match de groupe de l’équipe du Sénégal dans cette Coupe du monde. Opposés à l’Équateur, les Lions de la Téranga sont obligés de s’imposer pour décrocher une qualification en huitièmes de finale. Vingt ans après la campagne de 2002 en Corée et au Japon.
À Dakar, la capitale sénégalaise, les supporters restent dans l’excitation avec une pointe de crainte et des idées assez claires sur l’approche tactique et la composition pour venir à bout de redoutés Équatoriens. En centre-ville ce lundi, à l’heure du déjeuner dans ce restaurant très fréquenté par les agents de la télévision nationale sénégalaise, ce groupe d’amis est déjà dans le match avec une discussion très animée.
Le micro de SNA s’est glissé dans l’intimité de ces fans pour recueillir les sentiments qui les traversent avant ce « 16èmes de finale. « Cette attente est insupportable. J’ai hâte que ce match débute, nous dit Ablaye Mar, ingénieur du son à la Rts. Franchement j’ai très peur en ce moment. Ce que l’Équateur a montré face aux Pays-Bas prouve que c’est une équipe redoutable. Et le Sénégal a tendance à baisser pied après la 70ème minute dans ce tournoi » concède-t-il.
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Devant leur bol de « Thiébou Guinar » (riz au poulet), ces trois collègues partagent leurs appréhensions avant ce match couperet. Interrogé sur les données du match, Mohamed Ndiaye voit l’affiche telle une « finale ». « Je ressens énormément de pression avant ce match contre l’Équateur, avoue le cadreur à la Rts. On est obligé de prendre les 3 points face à une équipe qui voudra elle aussi s’imposer mais qui peut se contenter d’un nul. Ça sera un match difficile, une finale même ».
Pour des raisons purement sociologiques, Aly Diagne, ingénieur du son lui aussi, explique pourquoi il entretient des doutes sur la capacité de l’équipe du Sénégal à appréhender du mieux possible un tel rendez-vous. « Nous sommes une équipe qui ne se presse jamais, on se dit toujours qu’on a le temps de faire la différence, lance-t-il. C’est à l’image du Sénégalais. On attend d’être mené avant de réagir. Ça nous coûte souvent dans le sport. J’espère qu’ils vont attaquer les 15 premières minutes pied au plancher parce qu’on est champion d’Afrique ».
Férus de tactique et toujours très enclin à proposer la formule gagnante, les supporters sénégalais n’ont d’yeux que pour Iliman Ndiaye depuis le forfait de Sadio Mané. « Il faut qu'Aliou Cissé écoute les supporters, argue Mohamed Ndiaye. L’équipe qui a fini le match face au Qatar devrait être reconduite d’entrée contre l’Équateur. Krépin (Diatta) et Ismaïla Sarr sont en difficulté dans cette compétition. On demande au coach de titulariser Iliman. S’il le fait, je suis persuadé qu’on se qualifiera pour le tour suivant », assure-t-il.
Même son de cloche chez Abdoulaye Sambe, laveur de voitures au Boulevard de la République, toujours en centre-ville. « Le seul conseil que j’ai pour le coach Aliou Cissé, c’est de renforcer le milieu de terrain. Et j’espère qu’il mettra Iliman Ndiaye parce que c’est un super joueur » suggère-t-il. Contrairement aux autres, Abdoulaye est très optimiste pour les Lions de la Téranga. « Je suis confiant, je pense que le Sénégal va remporter ce match. Ce qu’on a fait face au Qatar et même lors de la défaite face aux Pays-Bas me rassure. L’Équateur est une bonne équipe, qu’on doit respecter. Mais quand je regarde cette équipe du Sénégal, je n’ai aucune crainte ».
Chez nos interlocuteurs, on sent une unanimité sur la manière d’aborder cette rencontre. Et ce qui est notable, c’est que nos apprentis sélectionneurs sont très portés sur l’offensive. « Le coach doit mettre une équipe offensive. Réduire les milieux défensifs. Il peut mettre un milieu défensif et deux autres à vocation offensive. S’il fait ça, on a de grandes chances de marquer tôt, ce qui obligera l’Équateur à se découvrir. On pourra dès lors les contrer », insiste Ablaye Mar.
Le 31 mai 2002, le Sénégal surprend le monde du football en s’offrant le scalpe de la France championne d’Europe et du monde en titre à l’époque lors du match d’ouverture de la Coupe du monde. L’unique but de la rencontre avait été inscrit par Pape Bouba Diop. L’ombre de la légende du football sénégalais planera au Khalifa International Stadium en ce jour de 2ème anniversaire de son décès (29 novembre 2020). « Ce match coïncide avec la date anniversaire du décès de Pape Bouba Diop, une légende du foot sénégalais. Je demande aux Lions de jouer en ayant cela en tête, afin d’honorer la mémoire de Pape Bouba », implore Mohamed Ndiaye.
Pour venir à bout d’Équatoriens physiquement impressionnants, les Lions devront sortir leurs tripes à en croire Aly Diagne. « Il faut impressionner l’adversaire. S’inspirer du Maroc face à la Belgique sur l’intensité qu’ils y ont mise. Je vois que nos joueurs ne sont pas des morts de faim sur les ballons neutres. On doit montrer de l’agressivité et montrer aux Occidentaux que l’Afrique peut elle aussi gagner la Coupe du monde », a-t-il réclamé.
Moustapha M. SADIO
