Ce vendredi 2 décembre à Lusail, le Cameroun devra non seulement battre le Brésil, mais également espérer un scénario qui lui sera favorable lors de la rencontre Serbie-Suisse. Pierre Lechantre, l’ancien sélectionneur des Lions Indomptables (1999-2001) et champion d’Afrique en 2000 veut y croire, même s’il n’ignore rien de la complexité de la tache.
De notre correspondant en France,
Sport News Africa : Pour espérer se qualifier en huitièmes de finale du Mondial 2022, le Cameroun va devoir cocher plusieurs cases, à commencer par celle exigeant une victoire face au Brésil…
Pierre Lechantre : Je sais très bien qu’il faudra un vrai concours de circonstances pour que le Cameroun se qualifie. Il doit gagner son match face au Brésil, ce qui ne sera pas simple, mais également miser sur le score de l’autre rencontre entre la Suisse et la Serbie. Cela fait beaucoup, mais il faut évidemment y croire. Et moi, je veux y croire.
Qu’attendez-vous de la part des Lions Indomptables ?
J’aimerais voir une équipe qui se lâche vraiment, une équipe, un feu follet, qui prend des risques, qui attaque. Evidemment, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, de partir à l’attaque n’importe comment, surtout face à une équipe comme le Brésil, qui va chercher à conforter sa première place et à gagner. Mais les Camerounais n’ont rien à perdre. S’ils veulent se qualifier, ils savent ce qu’ils ont à faire, même s’ils ne sont pas maîtres de leur destin. On peut s’attendre à un match très ouvert. J’aimerais que les équipes sub-sahariennes soient moins européennes dans leur style de jeu. Je sais bien que la plupart des internationaux évolue en Europe, mais les joueurs africains ont beaucoup de talent, et parfois, il j’ai l’impression qu’on ne les laisse pas assez s’exprimer, jouer leur jeu, improviser.
Qu’avez-vous pensé des deux premiers matches des Lions, face à la Suisse (0-1) et à la Serbie (3-3) ?
Le premier match a été compliqué, l’équipe est restée trop timide, même quand elle a été menée au score. J’ai bien aimé sa réaction face à la Serbie, lorsqu’elle est revenue à 3-3. Elle aurait même pu gagner avec un peu plus de chance et de réussite.
Le Cameroun a dû gérer une nouvelle crise dans ce Mondial, avec l’affaire Onana…
C’est regrettable. Sur le papier, le Cameroun ne peut plus compter sur un des meilleurs gardiens d’Europe et sur un de ses cadres. J’ai lu et entendu beaucoup de choses sur cette affaire. Je n’ai pas plus d’informations. Ce que je peux vous garantir, c’est qu’on ne connaîtra jamais la vérité.
Avant la Coupe du Monde, Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), avait publiquement déclaré que les Lions Indomptables visaient le titre mondial. Aujourd’hui, le Cameroun est plus près de la porte que des sommets…
J’avoue que je n’ai pas bien compris cette communication de Samuel. Il a parfaitement raison d’avoir de l’ambition. Mais de là à déclarer ouvertement que le Cameroun avait comme objectif d’être champion du monde... Même les sélectionneurs de la France, du Brésil, de l’Argentine, qui ont tout de même à leur disposition des effectifs beaucoup plus forts que celui du Cameroun, ne l’ont pas dit ouvertement. Samuel aurait peut-être dû y aller par étape, en déclarant que le Cameroun visait d’abord une qualification pour les huitièmes de finale en sortant d’un groupe relevé. Et ainsi de suite. Je ne sais pas s’il a mis trop de pression aux joueurs. Je pense cependant que ces derniers étaient bien conscients avant la Coupe du monde que le Cameroun, au moins sur le papier, était inférieur à des équipes qui font partie des favoris…
Alexis BILLEBAULT
