Un malheur ne vient jamais seul. Au Congo-Brazzaville, la déroute au récent CHAN a provoqué la révocation du sélectionneur des Diables rouges A’. Mais pas de quoi se résigner pour Jean Élie Ngoya qui contre-attaque par une plainte contre sa hiérarchie et un sévère réquisitoire contre l’organisation footballistique de son pays.
De notre correspondant au Congo
Il était une fois…la contre-attaque de Jean Élie Ngoya. Dans une interview rendue publique récemment sur les réseaux sociaux, l’ex-sélectionneur de l’équipe nationale des locaux du Congo-Brazzaville n’est pas passé dans le dos de la cuillère pour réagir à son limogeage le 14 février par la Fédération congolaise de football (FECOFOOT).
En mai 2022, les autorités congolaises lassées de plusieurs contreperformances dont l’élimination au Mondial qatari, trouvent en la qualification pour le CHAN un moyen de rebondir. Il fallait un homme providentiel. Si nul n’est prophète chez soi, Jean Élie Ngoya Obackas, réussit à convaincre les dirigeants congolais. Le Belgo-Congolais réussit à faire qualifier les Diables rouges A’ grâce à la victoire 1-0 le 4 septembre sur les Fauves de la RCA, malgré la défaite 1-2 à l’aller le 28 août. Il se fixe alors un objectif clair : aller au-delà des quarts de finale. « Nous devons faire mieux que les quarts de finale atteints en 2018 et 2021 ; nous travaillons durement pour aller dépasser cette étape des quarts de finale », promettait le 3 janvier dernier le tacticien lors d’une conférence de presse.
Malheureusement ce 7e CHAN qui s’est joué du 13 janvier au 4 février en Algérie sera un véritable enlisement de la machine Ngoya. Avec un seul petit point glané sur deux matches soit une défaite 0-1 contre le Cameroun et un match nul (0-0) contre le Niger et qui plus sans inscrire le moindre but, les Diables rouges étaient rentrés au bercail bredouille. L’occasion ou l’opportunité était trop belle pour que la FECOFOOT eût la main lourde en remerciant le technicien belgo-congolais et tout le staff au cours d’une réunion tenue le 14 février à Brazzaville. Pour sa part, Ngoya assume sa responsabilité comme sait le faire tout manager. Non sans dénoncer le « licenciement abusif » dont il venait de faire l’objet. Une manière de dire que les responsabilités sont partagées. S’agissant de la part des autorités congolaises, le tacticien explique dans un rapport sur le CHAN dont il avait remis la copie à un confrère, que « toutes les conditions en amont avaient été réunies pour que je fasse un échec ».
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S’il s’est abstenu de répondre à nos sollicitations en promettant de communiquer « en temps opportun », l’ancien journaliste a tout de même fait publier une longue interview sur les réseaux sociaux où il dénonce de mauvaises conditions de préparation de ses hommes. « En gros, il nous a manqué une préparation effective au niveau local, dans un premier temps, et aussi le non-respect de notre planning tel que nous l'avions proposé au sortir de notre difficile qualification en Septembre 2022 ». Et d’expliquer que tous ses desiderata sont restés lettre morte. « Le 1er Décembre 2022, j'ai de vive voix exprimé mon inquiétude au directeur technique national, avant d'adresser officiellement un courrier au président Mayolas. Vous voudriez bien prendre connaissance de la copie de ce courrier que je vous fais parvenir pour publication. Des détails précis et des pistes de solution que j'ai consignée dans ce courrier parlent d'eux-mêmes. À ma grande surprise, le président de la FECOFOOT y a répondu par le silence », déplore Ngoya. Accusant 11 mois d’arriérés de salaires, Élie Ngoya qui, avant le CHAN disait à ses hommes de se soucier plus du travail que des primes, promet de porter plainte au Tribunal arbitral sportif (TAS).
S’il est le premier sélectionneur local (encore qu’il a la nationalité belge) à exprimer son intention de porter plainte contre les autorités, sa démarche n’est pas sans rappeler sa démission en 2019 du poste de sélectionneur des Diables rouges des moins de 23 ans. « N'ayant pas atteint les objectifs fixés c'est-à-dire une qualification à la CAN U23 Égypte 2019. Je présente ce jour ma démission au poste de sélectionneur National du Congo de l'équipe Olympique, tout en vous remerciant de la confiance que vous m'aviez témoignée en dépit de multiples tensions qui avaient que pour seul but la recherche de la performance », avait-il écrit à Jean Guy Blaise Mayolas, président de la FECOFOOT.
Nommé en 2018, le technicien n’avait pas pu qualifier son équipe à la CAN U23 2019 en Égypte. Là aussi, il avait évoqué les mêmes soucis d’ordre organisationnel. De là à se demander quelles ont été les nouvelles bases pour que Ngoya ait accepté de manager les Diables rouges A’, sachant que c’était le même environnement et les mêmes acteurs. Mais du côté des autorités congolaises, ni le ministère ni la FECOFOOT n’ont encore réagi aux récriminations du désormais ex-sélectionneur. Reste à savoir jusqu’où ira ce bras de fer qui ne fait que commencer.
John Ndinga-Ngoma
