Neuf matches aux résultats mitigés et déjà des voix s'élèvent pour douter de la capacité de Jean-Louis Gasset à mener le renouveau des Éléphants de Côte d'Ivoire. Le technicien français est-il un bon choix ou une erreur de casting?
De notre correspondant en Côte d’Ivoire,
Jean-Louis Gasset vient de disputer son 9ème match avec les Éléphants. Si on s’attarde sur les chiffres, son bilan est flatteur pour l’instant avec six victoires, un nul et deux défaites. La dernière (3-0) remonte le 17 juin 2023 face à la Zambie. Un couac qui n’a pas notamment fini de faire jaser chez les Ivoiriens qui commencent à douter de la capacité du sexagénaire français à pouvoir mener à bien la barque ivoire à quelques mois de la CAN prévue en Côte d’Ivoire en janvier 2024.
Jean-Louis Gasset a été nommé entraîneur de la sélection de football de Côte d'Ivoire fin mai 2022. Sa nomination avait en effet surpris plus d'un. Surtout que des noms comme ceux de Kombouaré, Laurent Blanc, Philippe Troussier et autres Frédéric Antonetti avaient alors fuité au moment de donner les résultats de l'appel à candidature lancé pour la succession de Patrice Beaumelle. A l’arrivée, c’est Gasset qui est choisi. Ses statistiques dans les clubs où il est passé ne plaident pas en sa faveur. Surnommé «Mr échecs», Gasset, c'est 86 victoires sur 252 matchs à Montpellier, Bordeaux et Saint-Étienne. Soit un ratio d'une ) victoire tous les 3 matchs dans sa carrière.
De piètres stats qui n'auraient même pas milité pour lui même chez la dernière nation africaine au classement FIFA. Mais, c'est connu de tous, on juge un coach expérimenté par ses résultats et son apport sur les équipes qu'il manage. Treize mois après son arrivée sur les bords de la lagune Ebrié, le désamour s'est installé entre Gasset et les supporters qui commencent sérieusement à douter de ses capacités techniques. Mieux, plusieurs de ses choix sont en effet discutables en plus d’avoir rompu la confiance avec le public. «Gasset n’a pas toujours pris les bonnes décisions dans la composition de ses listes. A preuve, la convocation de nombreux joueurs en manque de temps de jeu en club comme Bailly, Kessié, Christian Kouamé pour ne citer que ceux-là. Pour le regroupement du mois de juin, il a eu un entretien au haut niveau. On lui a demandé des explications pour la convocation de Bailly, il a dit que c’était le meilleur joueur du regroupement de mars 2023 et que ça irait physiquement pour ce qu’il a pu voir concernant le garçon. Malheureusement, Bailly a fait un match catastrophique face à la Zambie. Ce genre de mauvais choix fragilise forcément un entraîneur même s’il reste fidèle à ses idées», confie un membre du comité exécutif de la FIF à Sport News Africa.
«Quand Jean-Louis Gasset arrivait, il était précédé d’un bon background. On ne pouvait pas donc dire qu’il n’est pas un grand entraîneur vu ce qu’il a réalisé en France malgré des échecs. Aujourd’hui, les Ivoiriens sont focus sur la CAN. Ce qui les amène à avoir des jugements hâtifs. Le match face à la Zambie a renforcé cette façon de voir. Cette défaite est un gros bémol dans le parcours de Gasset. Il a perdu par la même occasion le capital confiance que les Ivoiriens avaient en lui. Cela le fragilise. Il a plus droit à l’erreur», analyse Kouadio Georges, ancien sélectionneur des Éléphants et aussi actuel président du syndicat national des entraîneurs, éducateurs et cadres techniques du football de Côte d’Ivoire.
Certains spécialistes réclament carrément qu’on le dégomme avant la CAN. «Gasset est une grosse erreur de casting. Il n’est pas tard pour mieux faire. Il faut le virer et mettre rapidement un autre entraîneur à la tête des Éléphants. Ce n’est pas ce qui n’a jamais été fait dans l’histoire du football africain. Nous sommes à six mois de la CAN, y aller avec Gasset qui n’a aucun projet de jeu, aucune emprise sur le vestiaire de son équipe et aucun onze type depuis un peu plus d’un an serait un gros risque que je conseille de ne pas prendre», soutient Rash N’Guessan, journaliste et consultant à la télévision nationale.
La CAN, son vrai test ?
«Comme la Côte d'Ivoire est qualifiée d'office pour la CAN 2023, le véritable de test de Gasset sera d'arriver en finale de la compétition. Et non gagner contre la Zambie, le Lesotho ou les Comores», dixit Aboi Franck, l’ex-coach de OFC Adiaké (Ligue 2 ivoirienne). Et il n'est pas le seul à penser ainsi. Si Gasset n'atteint pas ce stade et ne propose pas un jeu fluide non plus, il restera à jamais pour beaucoup d'Ivoiriens un véritable looser. Il lui reste 3 fenêtres FIFA (septembre 2022, octobre 2022 et novembre 2023) soit six matches dont 1 en qualifications et trois amicaux pour convaincre sur sa capacité à remplir sa mission. «Nous savons qu'il peut réussir sa mission. Nous lui avons demandé dans un premier temps de former un commando et ensuite d'atteindre au minimum les demi-finales de la CAN. Il a carte blanche pour ses choix et son management. En tant que président de la Fédération, notre rôle c’est de mettre tous les moyens à sa disposition et aussi des joueurs. Pour le reste, ce sera à lui et à son commando de jouer», ne cesse ainsi de rappeler Idriss Diallo.
Un soutien de taille venant de ses employeurs, pour l'aider à travailler dans la sérénité. Mais jusqu’à quand ?
Sanh SEVERIN