La Gambie s’est qualifiée pour sa deuxième phase finale de Coupe d’Afrique des Nations en obtenant le point du match nul face au Congo (2-2), dans les dernières secondes, alors qu’elle était menée (0-2) à la pause. Une qualification obtenue à Marrakech, une ville touchée par le séisme qui a durement frappé le Maroc. Tom Saintfiet, le sélectionneur belge des Scorpions, raconte ces derniers jours si particuliers.
De notre correspondant en France,
Oui, nous étions sur place depuis le 4 septembre. Le vendredi soir, quand il y a eu le tremblement de terre, certains joueurs et membres du staff étaient soit au bord de la piscine de notre hôtel, soit dans les chambres. Nous avons été très impressionnés, choqués. On a eu peur. Sur le coup, j’ai eu le sentiment que tout allait s’arrêter. Dans notre hôtel, il y a eu des dégâts, des morceaux de plâtre sont tombés du plafond. Le quartier où nous étions logés n’a pas été le plus touché de Marrakech.
Je pense que le football, dans ce genre de situation, n’est pas important. Il ne me semblait pas normal de jouer ce match alors qu’un pays venait de vivre un drame, que des gens venaient de mourir, d’autres blessés ou portés disparus. Certains de mes joueurs ont même envisagé de quitter Marrakech le samedi. Ils n’étaient pas dans les bonnes conditions pour jouer ce match, ils étaient choqués et pensaient surtout aux victimes. J’ai dit qu’il fallait reporter cette rencontre, mais je n’ai eu aucune communication avec la CAF. Le samedi, ma fédération m’a dit qu’il fallait jouer…
Il y a eu un entraînement le samedi. Puis dans la nuit de samedi à dimanche, des joueurs ont préféré dormir au bord de la piscine, alors que d’autres ont dormi dans des chambres mais au premier étage, pour s’échapper rapidement en cas de réplique. Avant le match, j’ai dit aux joueurs qu’il fallait jouer en pensant aux victimes, et qu’on devait valider le travail fait depuis des années. Mais ce n’était pas évident.
Il y a eu des mauvais choix de notre part, des erreurs de placement, de concentration, face à une bonne équipe congolaise. On prend deux buts, dont un penalty très, très sévère. Mais l’arbitrage n’explique pas cette première mi-temps. Heureusement, il y a eu une belle réaction et on a réussi à revenir à 2-2. Souvent, on marque en fin de match, ou dans le temps additionnel. Les joueurs ne lâchent pas, ils sont motivés, et ça a encore payé contre le Congo.
Non, car il est toujours difficile de confirmer. Ces dernières années, le Burundi et Madagascar, présents en 2019, et les Comores en 2022, n’ont pas pu enchaîner une deuxième qualification. Notre qualification prouve que nous progressons, que l’équipe est chaque fois plus compétitive. On va attendre le tirage au sort du mois d’octobre.
Qualif #CAN2023 : Un but qui restera dans l'histoire ! À la 90e minute, Badamosi permet à la Gambie d'égaliser face au Congo et d'obtenir son billet pour la prochaine CAN ! 🥰 pic.twitter.com/rUvyYs3yZe
— CANAL+ SPORT Afrique (@cplussportafr) September 10, 2023
Je ne le pense pas. On m’a dit que ce ne serait sans doute pas possible pour des raisons budgétaires. Je vais quand même me renseigner... On jouera deux fois en novembre, lors des qualifications pour la Coupe du Monde 2026 contre le Burundi et la Côte d’Ivoire, et pour préparer la CAN, on fera sans doute un stage dans le Golfe Persique. Je vais aussi voyager pour aller voir mes joueurs et faire de scouting. J’ai à 90 % dans la tête le groupe qui ira en Côte d’Ivoire en janvier, mais il peut y avoir des blessures. On va avoir pas mal de travail d’ici janvier !
Alexis Billebault
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