L’affiche du 8ème de finale de la Coupe du monde U.17 entre le Sénégal et la France suscite énormément d’excitation au pays de la Téranga. Il ne s’agit pourtant que d’un match des moins de 17 ans, mais l’histoire coloniale entre ces deux pays et la victoire historique des Lions en match d’ouverture du Mondial 2002 explique cet intérêt notoire des supporters sénégalais à l’idée de s’offrir le scalp de l’équipe de France. Quelle que soit la discipline et la catégorie.
À quelques heures de l’affrontement entre la France et le Sénégal en 8ème de finale de la coupe du monde U17, les supporters sénégalais trépignent d’impatience. Faire face à la France semble être une source inestimable de dépassement de soi pour le pays de la Téranga. Cela devrait encore être le cas pour Serigne Saliou Dia et son groupe. Le sélectionneur sénégalais devrait s’appuyer sur ce levier pour doper son groupe, affecté peut-être par la perte de son leader, Amara Diouf (il est incertain). Pour les fans à Dakar, battre la France n’est pas une option.
France - Sénégal n’est pas une affiche habituelle dans le sport, encore moins dans le football. Lorsqu’on tente de trouver les raisons de cette excitation des supporters sénégalais, la machine à remonter le temps nous ramène un matin de 31 mai 2002. Lors de ce match d’ouverture de la Coupe du monde en Corée et au Japon, le Sénégal alors emmené par son prodige de 21 ans, El Hadji Ousseynou Diouf, crée un tremblement de terre en battant 1-0 la France de Thierry Henry, championne du monde en titre. Un succès inoubliable pour tous les Sénégalais.
Fatim Dème est une supportrice sénégalaise qui avait à peine une dizaine d’années lors de l’exploit du Sénégal en 2002. Elle semble en raffoler des France - Sénégal. « Il y a une différence entre battre la France ou une autre nation, concède-t-elle. C’est toujours un plaisir d’affronter la France, nation qui nous a colonisés. On a une histoire personnelle avec elle. On a aussi une histoire sportive avec la France. Nos Lionceaux sont galvanisés et au fond de moi je sais qu’ils vont relever le défi. Ils doivent battre la France pour aller au bout de leur rêve. Ils doivent battre la France pour se dire qu’ils ont fait comme leurs « papas » à la coupe du monde 2002 », a-t-elle invité au micro de Sport News Africa.
Astou Thiam quant à elle, était encore plus jeune que sa compatriote Fatim. « En tant que fan, si l’on se base sur le cadre purement sportif, j’aurais aimé éviter la France (vice championne d’Europe en titre) mais la sénégalaise que je suis est excitée de vivre ce match. Historiquement, la France a été le pays colonisateur du Sénégal, donc comme en 2002 on a toujours envie de battre la France. C’est une sorte de revanche « historique ». Si moi, supportrice, je suis déjà hyper motivée de défier la France, j'imagine que ce sentiment est décuplé pour l’équipe en Indonésie », a avoué la jeune supportrice.
Le match du 31 mai 2002 est incontournable dans cette « rivalité » entre la France et le Sénégal. Mais il n’est pas l’unique explication. Des raisons historiques se cachent derrière cette ferveur. « Une victoire contre la France ne sera jamais pareille pour nous sénégalais, concède Astou Thiam. Une victoire contre la France, c'est une revanche historique, une revanche de l’ancienne colonie, le Sénégal, sur le colon français. Cette victoire dépasse toujours le côté purement football », a-t-elle expliqué.
Des raisons qui font écho chez tous les Sénégalais qui raffolent des affrontements entre leurs équipes et celles de la France. Des duels qui sont rares sur le terrain sportif mais que les fans de l’équipe du Sénégal A réclament dans les réseaux sociaux. La Fédération sénégalaise de football est souvent interpellée pour décrocher un nouvel affrontement entre ces deux sélections. À la coupe du monde au Qatar, ils étaient nombreux à clamer haut et fort leur envie de tomber dans le même groupe que les champions du monde 2018.
Entre l’excitation et l’envie, il existe également la crainte de se faire éliminer. En face, l’équipe de France U17 impressionne après son 1er tour conclu avec 3 victoires en autant de matchs. « C’est une affiche alléchante entre la France favorite et le Sénégal, 2ème de son groupe, qui vient en outsider. La France avec 0 buts pris en 3 matchs, beaucoup de certitudes et des circuits préférentiels », a réagi Mounir Sonko qui reste néanmoins optimiste pour les Lionceaux. « C’est une équipe de France très forte avec des joueurs du PSG, de Lille, de l’OM. Mais cela ne veut rien dire. C’est un match de football où il faudra se battre et mouiller le maillot. Je suis certain que les Lionceaux auront leurs chances dans ce match ».
Qualifiés après un premier tour convaincant malgré le revers 0-2 face au Japon, l’équipe du Sénégal des moins de 17 ans fait rêver les supporters sénégalais. Les voir soulever la première Coupe du monde de football de l’histoire du pays est fortement présente dans les esprits. Et tous les signaux sont bons pour y croire. « Je suis heureuse du parcours de nos Lionceaux, confie Fatim Dème. D’habitude la France nous porte bonheur en football. Les affronter c’est toujours un beau challenge. Je trouve que nous avons une très belle équipe avec laquelle on peut rêver aller très loin dans cette coupe du monde. On a hâte pour ce match contre la France, ils vont faire le job s’il plaît à Dieu », espère-t-elle.
Il faudra que toutes les étoiles s’alignent pour voir le Sénégal se qualifier en quarts finale. Les Lionceaux ont peut-être perdu Serigne Diouf (Gardien de but) et surtout la pépite de 15 ans, Amara Diouf, sortis sur blessure contre le Japon. De quoi jeter l’effroi chez Mounir Sonko. « La grande interrogation reste à savoir si l’on aura Serigne Diouf et Amara Diouf. Le Sénégal doit se dire que la France est favorite, choisir de lui laisser le ballon, courir l’un pour l’autre et être prêt à souffrir. Il faudra mettre au fond les rares occasions qu’on aura et profiter des pertes de balles françaises. Le Burkina Faso n’a pas été ridicule face à cette équipe de France (1ère journée, phase de poule) en ratant des opportunités de scorer. Ils l’ont payé cher en seconde période », a-t-il rappelé.
Selon nos informations, le Sénégal devrait récupérer le portier Serigne Diouf qui a participé au dernier galop d’entraînement des Lionceaux U17. Par contre, les coéquipiers d’Idrissa Guèye feront sans leur capitaine Amara Diouf. L’attaquant de Génération Foot, auteur d’un doublé lors du succès 2-1 face à l’Argentine (1ère journée, phase de poule) devrait toutefois rejouer si le Sénégal atteint les demi-finales. Le Sénégal tentera ce mercredi à 12:00 GMT d’accéder aux quarts de finale pour la première fois de son histoire, après le 8ème en 2019 pour sa première participation (défaite 1-2 face à l’Espagne).
Moustapha M. SADIO