L’élection du Comité exécutif de la Fédération guinéenne prévu le 25 novembre, n'a pu se tenir à cause de la non atteinte du quorum requis pour la tenue du scrutin. Entre exclusion de journalistes et substitution de membres statutaires, le football guinéen est plus que jamais dans le flou. Pour l’émissaire de la FIFA, la balle est dans le camp de la Guinée.
De notre correspondant en Guinée
A moins de deux mois de la CAN 2024 prévue en Côte d’Ivoire, une cacophonie règne dans le football guinéen. Deux ans après l'arrivée du Comité de normalisation à la tête de la Feguifoot, la situation n'a jamais été aussi tendue. Une véritable crise de confiance s'est installée entre les membres statutaires et le Comité de normalisation. Le congrès censé mettre un terme à la crise qui mine le football guinéen, est plus que jamais dans l’impasse. Chaque partie campe sur sa position et le bras de fer entamé le 25 novembre s’est poursuivi le lendemain et a conduit à l’annulation du congrès. Le G47, le collectif des membres statutaires qui a vu sa tête de liste révoquée par la commission électorale à deux jours du scrutin, et ce en violation des dispositions de l’article 30 alinéa 4 des statuts et des articles 12 et 27 du code électoral de la Feguifoot, a notamment décidé de passer à l’offensive.
Ces derniers ont en effet boycotté le congrès. Sur 61 membres statutaires, seuls 21 étaient présents. Soit 8 membres de moins pour obtenir le quorum requis pour la tenue du congrès. Reporté pour le lendemain, le même scénario se reproduira avec cette fois-ci la présence de 22 membres sur 61. Pour obtenir le quorum requis, le Comité de normalisation va passer par tous les moyens. Et ce, jusqu’à l’annulation du résultat des élections de quatre ligues régionales sur 5 (Labé, Boké, Mamou et Kankan). Une nouvelle étape franchie dans le cadre du processus électoral. Face à l’intransigeance du G47 qui exige en effet le retour de son candidat dans la course et la révocation de la Commission électorale de recours, le blocus se poursuit entre ces membres statutaires et le Conor qui tient coûte que coûte à organiser le congrès.
Face à ce bras de fer, le Premier ministre guinéen qui s’était impliqué pour l’adoption des textes qui ont abouti à l’organisation du congrès, est à nouveau sollicité. Dr Bernard Goumou reçoit à la primature une délégation du Comité de normalisation pour tenter de trouver un consensus désespéré. Sans succès. Le quorum n’ayant toujours pas été atteint pour la deuxième journée consécutive, le congrès est alors annulé. Et le 30 novembre, la fin du Conor sonnera et l’intérim sera assuré par le secrétaire général de la fédération a annoncé l’émissaire de la FIFA. «Selon les dispositions des textes de la fédération, en l’absence d’un Comex élu, c’est le secrétaire général de la fédération qui va gérer les affaires courantes», a expliqué Rolf Tanner.
Après deux ans de gestion transitoire, le football guinéen est plus que jamais dans l’impasse. Dans cette optique, pour tenter de mettre un terme à cette crise qui mine le football guinéen, une mission de la FIFA conduite par le Directeur Régional de la division Afrique Gelson Fernandes est arrivée à Conakry. Au sortir d’une rencontre avec les différents acteurs, l’ancien international suisse a annoncé une première conséquence de ce blocus. «Le championnat scolaire de la CAF qui doit se tenir en Guinée n’aura pas lieu. Ce qui veut dire que la Guinée championne en titre ne pourra pas défendre son titre et ce, malgré trois mois de préparation», regrette Gelson Fernandes. Il enchaîne : «Ce n’est pas à nous d’éliminer ou valider quelqu’un. D’autres choses plus graves pourraient advenir je ne vais pas brandir la menace. J’espère que Kaba Diawara est suffisamment préparé pour une belle Can dans un contexte aussi délicat. Je n’ai rien contre personne dans ce pays. J’espère que le ministre des sports, le premier ministre sont conscients de la situation», prévient alors l’émissaire de la FIFA.
Deux ans après la nomination du omité de normalisation, la situation est toujours au point mort. Pour Gelson Fernandes, le balle est dans le camp de la Guinée. « La Guinée est maître de son destin. La balle est dans le camp de la Guinée. C'est elle qui sait dans quelle catégorie on va la placer. Dans les prochains jours, on va donner des directives pour la suite » annonce Gelson Fernandes. Et de poursuivre «Ce congrès c'est un fiasco historique international. C'est un désaveu terrible. J'ai été estomaqué. On ne peut pas se le permettre à deux mois de la CAN » regrette l’ancien international Suisse.
A deux jours de la fin du mandat du CONOR, la crise est donc loin de connaître son épilogue. Pour le missionnaire de la FIFA, une solution interne est la meilleure pour sortir de cette impasse. «Une feuille de route sera donnée par la FIFA et la CAF. Mettons de côté nos égos et trouvons une solution à ce fiasco», propose Gelson Fernandes. «Le CONOR n’est pas responsable du processus électoral, ni du processus de recours. Pas plus que la FIFA ni la CAF » tranche Gelson Fernandes. L’émissaire de la CAF abonde dans le même sens. « La FIFA et la CAF sont satisfaits de la gestion du Conor. Ils ont mis les moyens à leur disposition pour permettre à un retour à la normale. Malheureusement, les membres ne se sont pas entendus » soutient Jean-Jacques Diène responsable gouvernance de la CAF.
Après 24 mois passés à la tête de la Feguifoot pour ramener le calme après une crise qui avait secoué le football guinéen, la situation a crée plus de malaise qu’elle n’en a résolu. Les membres statutaires sont plus que jamais divisés et le CONOR n’est pas parvenu à rétablir l’ordre dans le football guinéen. La situation est plus que jamais toxique. En attendant la mise en place d’une nouvelle feuille de route qui sera ainsi validée par la CAF et la FIFA, le secrétaire général de la fédération guinéenne de football va assurer l’intérim au-delà du 30 novembre, date de la fin du mandat du Comité de normalisation.
Mamadou Gongorè DIALLO