Le 3 février 1996, quatre ans et demi après l'abolition de l'apartheid, l'Afrique du Sud remportait la 20ème édition de la CAN sur son sol. Personne n'avait vu venir ce sacre.
Personne ne s'y attendait. Pour un pays qui a vécu une ségrégation raciale depuis 1948, on ne pensait certainement pas au football en Afrique du Sud. La fin de l'Apartheid décrétée en 1991, la Nation Arc-En- Ciel avait réussi à panser ses plaies à travers le ballon rond. Car, 5 ans plus tard, l'Afrique du Sud est championne d'Afrique dans "sa" CAN qu'elle avait organisée au profit du Kenya qui devait normalement, l'abriter. Une sélection mixte entre blancs (Andre Arendse, Mark Fish, Neil Tovey, Eric Tinkler entre autres) et noirs comme pour acter définitivement l'acceptation de l'autre. Et main dans la main, les Bafana Banafa poussés alors par tout un peuple, ont tout écrasé sur leur passage.
Harangués par un entraîneur qui avait du gnac Clive Barker (récemment décédé), Docteur Khumala, Lucas Radebe, Phil Masinga sont comme possédés. Dans une poule avec le Cameroun, l’Egypte et l’Angola, l’Afrique du Sud joue au flip flap et finit en tête avec deux victoires, un 3-0 face au Cameroun et un 1-0 contre l'Angola, mais perd néanmoins face à l’Egypte (0-1).
Ce revers lors de la 3ème et dernière journée de la poule A, n'altère toutefois en rien la soif de vaincre des Bafana Bafana. En quart de finale, ils héritent et écartent l'Algérie (2-1) avec brio. Les portes des demi-finales s'ouvrent donc. L'Afrique du Sud sort l'artillerie lourde, pilonne (3-0) le Ghana de Anthony Yeboah. Exceptionnel !
Le 3 février 1996, arrive donc le jour de gloire tant attendu. Les Bafana Bafana sont à 90 minutes de remporter leur première CAN de leur histoire. Portés par 92 000 spectateurs colorés du Soccer City avec Nelson Mandela comme tête de gondole, ils étaient dopés lorsque l’immense Boeing 747 de la South African Airways a plané lourdement au-dessus du FNB Stadium avec ce message en zoulou. Et en français ça donne ça : «Envolez-vous les gars, envolez-vous ! Vers votre propre destinée. Laissez-vous transporter par ce courant euphorisant qui ne cesse depuis quatre ans, avec la fin de l’apartheid, de traverser le pays.» Message bien reçu !
La Tunisie de Henry Kasperzack ne verra que du feu, battue quelle a été par 2-0. Première participation, première victoire, la Coupe était pleine pour les Sud-Africains qui se hissent sur le toit de l’Afrique lors de cette 20ème édition de la CAN.
Jim CEESAY