Suite à une série d’échecs des Aigles du Mali en phase finale de CAN, le ministère malien chargé des Sports, en collaboration avec la Fédération Malienne de Football, a organisé un Symposium national sur le Football au Stade du 26 Mars, du 5 au 7 mars. La rencontre a réuni plusieurs acteurs du sport roi malien pour diagnostiquer les obstacles et baliser les solutions devant permettre à la discipline sportive de combler les longues attentes.
De notre correspondant au Mali
La famille du football malien souffre d’un sentiment de rendez-vous manqué depuis Brazzaville 1965 jusqu’à Bouaké 2024. Le traumatisme national, au soir du quart de finale de la dernière CAN à Bouaké et de surcroît devant un adversaire historique du Mali (la Côte d’Ivoire), oblige à une introspection poussée et à une analyse profonde. « Quoi de plus normal qu’un symposium, qu’est ce qui est plus approprié que cet instrument scientifique technique, pour analyser un problème et y apporter les solutions idoines ? », s’est interrogé le journaliste, Papa Oumar Diop, maître de cérémonie lors de la cérémonie d’ouverture.
L’initiative de ce symposium découle du constat que, depuis les années 1960, le football malien a toujours eu du mal à émerger au plan africain et international. Ainsi, depuis les Jeux Africains « Brazza 1965 » (Congo), le Mali s’est toujours heurté à des échecs à répétition et toujours près du but. Et cela, malgré des soutiens politiques intenses. « Force est de constater que la sélection nationale seniors du Mali, malgré le talent des joueurs et la qualité de son jeu, n’arrive toujours pas à se qualifier pour les demi-finales depuis la CAN 2013 organisée en Afrique du Sud. Elle n’arrive pas à atteindre la finale depuis celle perdue face au Congo (Brazzaville) à Yaoundé (Cameroun) en 1972 », a souligné le ministre malien des sports Abdoul Kassim Fomba dans son discours.
Au total, soixante-dix (70) recommandations sont retenues à l’issue des trois jours de travaux en groupes et en séances plénières. Les participants ont recommandé l’opérationnalisation de la Direction Technique Nationale, le renforcement du staff technique par des coachs locaux, ensuite de mener une étude sociologique sur le joueur malien et son environnement ainsi que promouvoir la recherche scientifique pour booster la performance.
« Améliorer la manière dont fonctionne le staff de l’équipe nationale et renforcer la qualité des ressources qui sont mises au profit de l’équipe. C’est important », a fait savoir le modérateur Gaoussou Drabo.
Pour favoriser le développement du football au Mali, il a été également recommandé la création des Directions Techniques Régionales. « Il est important d’encourager les formes de football qui ont disparu comme le football scolaire et universitaire qui étaient une pépinière, c’est le rappel des vérités très simples » explique le Gaoussou Drabo.
Impliquer le volet psychologique dans la préparation des sélections du Mali ; mettre en place un plan de suivi médical des joueurs et assurer la formation continue du staff médical tout en renforçant également le staff médical autour des Aigles, sont les décisions retenues.
Les participants ont également émis le souhait que les conditions de voyages et d’hébergement des sélections nationales soient améliorées à travers la création d’une commission ad ’hoc MJS-FEMAFOOT, l’assainissement de l’environnement des sélections, tout en mettant en place un règlement intérieur autour de la gestion de l’équipe nationale.
L’une des recommandations fortes est de changer le nom de la sélection nationale du Mali « en tenant compte de notre histoire, notre environnement et de nos valeurs socio-culturelles » et s’assurer que la sélection des binationaux repose sur le talent avant les valeurs, ainsi qu’encadrer les associations de supporters. Reste à savoir si le surnom Aigle va changer pour un autre.
Il s’agit de favoriser une incitation fiscale des entreprises souhaitant accompagner les clubs de football en mettant en place un plan marketing pour vulgariser le produit football. « Il y a la question du financement du football qu’on demande d’améliorer parce qu’effectivement, le football de clubs marche à l’aide de sponsoring. Et il est très modeste dans ses contributions. Mais l’essentiel, c’est de trouver des solutions qui sont réalisables et avec un peu de persévérance on peut les appliquer ».
Certes, les Aigles du Mali étaient à leur 13ème participation à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations de football en Côte d’Ivoire, dont la 9ème consécutive, mais au finish le public sportif a toujours déchanté. C’est pourquoi, en partenariat avec la Fédération Malienne de Football (FEMAFOOT), le département de tutelle a décidé de mener des « réflexions approfondies » avec l’ensemble des acteurs de la discipline afin de « mieux comprendre les obstacles qui hantent le football malien» et leur trouver «des solutions adéquates et consensuelles».
« Cela a permis à l’ensemble du football de faire le point, de se parler franchement, et de dégager des solutions pour l’avenir », a déclaré Amadou Diakite, ancien président de la Fédération Malienne de Football. Et d’ajouter « Si les résolutions que nous venions d’adopter ne sont pas classées dans un tiroir, je pense que notre football va prendre un nouveau départ. Nous sommes sur la bonne voie. Toutes les recommandations sont prioritaires. Tous les intervenants l’ont dit, c’est un grand malade, donc y a beaucoup de pathologies, et les recommandations vont servir à améliorer la santé du malade ». Le Diagnostic a été ainsi posé. Les maux ont été identifiés et la prescription médicale adéquate a été délivrée. « À présent, les médecins et les pharmaciens sont à pied-œuvre pour administrer le traitement de choc afin que le football malien puisse définitivement quitter la civière et amorcer la rampe de lance la tête haute », dixit le ministre Fomba.
Pour le modérateur Gaoussou Drabeau, l’avantage de la déception à la CAN en Côte d’Ivoire a suscité une envie de voir le football malien être finalement récompensé. Et on a rappelé que pour cela, il faut d’abord travailler. Il n’y a pas d’autre vérité que celle du travail. « Cette volonté de travail traverse toutes les résolutions qu’on a proposées », conclut Gaoussou Drabo ancien ministre de la communication modérateur du symposium.
Drissa Niono