Victime d'une rupture des ligaments croisés du genou la saison dernière, Ignatius Ganago goûte à nouveau au plaisir de fouler les pelouses. Revenu en fin de saison dernière, l'attaquant retrouve ses sensations et veut jouer sa partition dans la saison du FC Nantes. Dans cet entretien facilité par la Ligue de Football Professionnel, le joueur de 25 ans revient sur ces mois loin des terrains et évoque son ambition de retrouver la sélection du Cameroun.
Il y a un peu moins d'un an vous avez été victime d'une rupture des ligaments croisés. Vous avez fait votre retour à la compétition pour le début de saison. Comment vous sentez-vous ?
Ignatius Ganago : Je me sens bien ; de mieux en mieux. J'ai beaucoup travaillé en salle pour que ça aille mieux et retrouver mon niveau. Aujourd'hui je me sens bien et m'entraîne bien, donc on peut dire que ça va.
N'y avait-il pas de l'appréhension en retrouvant la compétition après une si longue période sans jouer ?
Ignatius Ganago : Franchement, au début ça reste dans la tête. Mais je pense que j'ai eu beaucoup de temps pour passer ce cap et commencer à voir les choses différemment. Le travail pour revenir m'a aussi aidé. Je ne dirais pas que je n'ai plus cette appréhension, mais aujourd'hui je m'en soucie moins. Maintenant, je sais que ça va quand même rester un peu, le temps d'être à 100%. Mais avec le travail, le renforcement musculaire et tous les soins, je sens que j'ai le genou solide et j'arrive à faire tous les exercices comme les autres. C'est cette confiance gagnée qui permet d'éliminer la peur et l'appréhension. Je pense que j'ai fait un grand pas dans ce domaine.
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« Dans les moments difficiles, seuls ta famille et tes proches sont là »
Par rapport à votre blessure, vous disiez avant le début de la saison que « dans la vie il faut s'asseoir, réfléchir et être livré à soi-même ». Que vous a appris cette période sur vous et le monde du football ?
Ignatius Ganago : Quand tu es blessé un long moment et que tu ne joues pas, les gens t'oublient un peu. C'est un constat. Au moment où je me suis blessé, j'ai reçu énormément de messages de soutien. Mais quand je n'étais plus sur le terrain, qu'on me voyait moins, les messages se faisaient plus rares (sourire). Il faut juste comprendre que c'est comme ça en fait. Dans les moments difficiles, il n'y que ta famille et ton entourage vraiment proche qui sont là. Certains par contre avec qui j'échangeais beaucoup quand je jouais, pendant cette période ils ont été moins présents. Après je n'irais pas jusqu'à parler de faux amis ou autres, mais au moins en étant livré à toi même, tu sais qui est là pour toi en fait.
Mais ça m'a aussi permis de réfléchir, penser à l'après-carrière, aux opportunités. Bizarrement, dans mon malheur avec cette blessure, c'était un bon moment pour en profiter et penser à d'autres choses, préparer l'avenir mais aussi à préparer le retour et se fixer des objectif pour le moment où je pourrais à nouveau jouer. C'était tout ce mélange dans ma tête. Je m'étais promis de ne rien lâcher dans tous les domaines.
Qu'est-ce qui vous a le plus manqué pendant cette période ?
Ignatius Ganago : Jouer. Etre sur la touche et ne pas pouvoir aider mon équipe, surtout qu'on était dans une période difficile... La fin de saison a été compliquée et je voulais être là pour aider, tout donner pour le club. Nantes c'est un grand club et c'était dur de voir ses coéquipiers lutter et ne pas pouvoir être avec eux sur le terrain. C'est un sentiment d'impuissance. Mais je pouvais aider par la motivation. Une fois dans le vestiaire j'ai pris la parole pour parler à l'équipe. Je leur ai dit que je les enviais parce que je pouvais à peine marcher eux ils avaient la chance de jouer, ils étaient en bonne santé. Ils devaient se faire plaisir sur le terrain avant tout et ne pas se mettre la pression malgré sa situation. Ils devaient se faire plaisir avant tout pour oublier la pression du résultat. Et mine de rien, avant ma blessure j'étais comme eux. Mais maintenant j'ai d'abord envie de me faire plaisir sur le terrain, marquer, aller communier avec les supporters.
On sent que Nantes est un club qui vous tient à cœur...
Ignatius Ganago : Franchement, oui. Le club a toujours été là pour moi, même pendant ma blessure. J'ai fait mes soins ici, tout le travail pour revenir. Le président, tous, ils ont été là ; sans rentrer dans les détails. Honnêtement, si j'avais pu travailler 3 fois plus pour revenir au bout de 2 mois seulement je l'aurais fait. Ça me tenait à cœur de pouvoir être là et aider le club.
« Un groupe pour viser plus haut »
Sachant que le club sort d'une saison difficile, quelle est l'ambition de Nantes pour cette saison ?
Ignatius Ganago : L'objectif est de se maintenir le plus vite possible. Ça fait plusieurs saison qu'on se bat jusqu'au bout pour le maintien, donc il faut prendre le maximum de points le plus rapidement possible pour respirer un peu par rapport aux autres années, parce que ce n'est jamais évident de compter sur les résultats des autres pour se sauver. Pour l'instant, après 7 journées on est bien. Donc ça dépend de nous, il faut qu'on continue à prendre et points et ne surtout pas se relâcher. On fait un début de saison encourageant, mais je pense qu'on a le groupe pour faire mieux. Il y a vraiment de la qualité et on peut viser plus haut.
Comment jugez-vous l'évolution de la Ligue 1 ?
Ignatius Ganago : J'en suis à ma 8ème année et ce que je trouve encourageant, c'est que c'est un championnat qui attire beaucoup de monde, de plus en plus de joueurs étrangers. Le niveau est plus élevé aujourd'hui. D'année en année, on voit que ça monte. Il y a Paris certes, mais aussi des équipes comme Monaco qui peuvent les concurrencer. Nice aussi s'est renforcé et même des équipes comme nous on arrive à faire quelque chose des fois. On parle souvent de la Premier League et de tous les matchs disputés même contre des mal classés, on commence à retrouver ça en Ligue 1. La dernière fois Reims a posé des problèmes au PSG. Il n'y a pas si longtemps encore ils étaient en Ligue 2. Ça montre que le niveau s'est élevé, ça monte en puissance. Il y a plus de match avec du spectacle et puis on a vu de grandes stars débarquer.
Sur un plan personnel, quel est votre objectif pour cette saison?
Ignatius Ganago : Avant tout, retrouver mon meilleur niveau. Ensuite il y a des choses plus personnelles, mais en tant qu'attaquant j'ai envie de marquer des buts, d'être décisif. Après, je ne joue pas encore beaucoup, mais je suis là, je travaille et j'attends mon moment.
« Faire de grandes choses avec le Cameroun »
On sort de la trêve internationale. Forcément vous avez vu que le Cameroun s'est qualifié pour la CAN 2025. Revenir en sélection, c'est aussi quelque chose qui vous motive ?
Ignatius Ganago : Forcément, c'est le Cameroun quand même. C'est « le continent » (rires). Ça fait longtemps que je n'ai pas été en sélection et j'ai hâte de pouvoir revenir. Honnêtement, c'est quelque chose que j'attends car ça a toujours été mon rêve de jouer pour l'équipe nationale. J'ai toujours voulu faire de grandes choses avec le Cameroun, mais il s'est passé beaucoup de choses entre temps. J'ai joué quelques fois, mais pas vraiment comme j'aurais souhaité. Mais oui, revenir est un objectif. J'ai envie de rejouer pour le Cameroun, tout casser. Marquer des buts pour le Cameroun, aider pendant la CAN ou une Coupe du monde... J'ai envie d'y être.
Et est-ce que vous avez des contacts avec le nouveau sélectionneur, Marc Brys ?
Ignatius Ganago : Bientôt j'espère (sourire). Pour l'instant le téléphone n'a pas encore sonné mais j'attends avec impatience parce que je suis prêt à défendre le vert et jaune.