Nouveau sélectionneur du Burundi, Patrick Sangwa est revenu pour Sport News Africa sur sa nomination, ses axes de travail et son objectif affirmé : qualifier les Hirondelles pour la Coupe d’Afrique des Nations 2027.
Par Romain Molina
Quels ont été les objectifs fixés par la Fédération de football burundaise ? Est-ce qu’ils concernent simplement l’équipe nationale A ou touchent d’autres prérogatives ?
Patrick Sangwa : Nous nous tournons résolument vers la CAN 2027 avec l’objectif de nous qualifier. Nous avons aussi la suite des éliminatoires de la Coupe du monde 2026, mais ne soyons pas utopistes ; personne ne dira rien si nous n’allons pas au Mondial. Par contre, j’assume clairement notre ambition : si le Burundi ne se qualifie pas pour la CAN 2027, je démissionnerai. C’est aussi simple que cela, je poserai ma lettre de démission.
Pour le reste, je serai peut-être également consultant pour d’autres équipes nationales, mais nous verrons. L’essentiel, c’est se préparer pour la CAN 2027.
Malgré un jeu parfois séduisant et des vraies performances, le Burundi ne s’est qualifié qu’à une seule Coupe d’Afrique durant son histoire (en 2019) et peut encore regretter son élimination des qualifications 2023 contre le Cameroun lors de la dernière journée par manque d’efficacité. Comment expliquez-vous cela ?
Patrick Sangwa : Vous avez raison, nous avons souvent manqué d’efficacité. J’étais présent au Cameroun, c’était… Il nous manque parfois cette rigueur, cette capacité de gagner. Souvent, on se satisfait d’avoir bien joué lors d’une défaite. C’est là où nous devons évoluer et où je dois apporter quelque chose de nouveau, peut-être hérité de mes années en Occident. J’entraîne en Belgique (à Aywaille, en quatrième division) et je compte mettre cela à profit.
Pour revenir à ce match au Cameroun, comment pouvons-nous concéder un but aussi terrible dès la reprise de la seconde période ? Nous étions qualifiés à la mi-temps avec ce 0-0. Nous n’avions pas besoin de prendre autant de risques. Cette petite déconcentration, ce manque de rigueur, c’est ce qu’on doit gommer. C’est aussi être plus malin parfois et plus calculateur.
Votre intronisation comme sélectionneur arrive dans une période compliquée après l’élimination précoce du Burundi aux éliminatoires de la CAN 2025. Beaucoup de frustrations et d’incompréhension semblent avoir parsemer ce parcours. Est-ce que votre arrivée intervient aussi pour apaiser les relations ?
Patrick Sangwa : Je ne me permettrai pas de commenter ou de juger les éliminatoires, notamment par respect pour l’ancien sélectionneur. Il est certain que tout n’a pas été facile, c’est sûr… Il faut lancer un nouveau cycle en rassemblant toutes les forces vives pour notre objectif commun, celui de qualifier le pays pour la CAN 2027. Le reste ne m’intéresse pas.
De nombreux jeunes ont été intégrés dernièrement avec des réussites parfois diverses. Est-ce que vous comptez approfondir cela et rajouter d’autres binationaux comme le font d’autres sélections africaines ou rester avec une base de joueurs évoluent en Afrique comme aujourd’hui ?
Patrick Sangwa : Contrairement à d’autres sélections, nous n’avons pas tant de binationaux que cela. Concernant les jeunes, nous avons par exemple Lucien Delaigle qui n’avait jamais joué un match d’adulte avant de venir en sélection ; il était avec les U21 du RWD Molenbeek. C’est bien, mais pour sa progression, il a besoin de jouer contre des adultes. Avec les jeunes, vous avez des professionnels qui redescendent avec vous pour les matchs et si vous perdez, ce n’est pas si grave, il n’y a pas tant de responsabilités ou de pression. C’est différent avec les adultes.
On a aussi Mattéo Nkurunziza qui était dans le même cas à Molenbeek. C’est un bon gardien, il n’y a pas de doute, mais ça n’a pas été forcément facile pour lui lors de la double confrontation face au Burkina Faso (ndlr, il a été sorti à la mi-temps du premier match après avoir encaissé trois buts). Il a besoin de jouer contre des adultes pour apprendre, mais il fait partie d’une belle génération pour nous, comme Jean-Claude Girumugisha et d’autres.
Pour les aider, les épaules, je compte donc m’appuyer en priorité sur nos joueurs d’expérience. Nous avons besoin de tout le monde et notamment des cadres pour constituer un groupe solide. Je compte vraiment sur eux pour que nous puissions construire dans la durée quelque chose.
Vous parlez de la double confrontation face au Burkina Faso (défaites 4-1 et 2-0) où cela faisait très longtemps que le Burundi n’avait pas autant déjoué…
Patrick Sangwa : Oui, surtout le premier match où nous n’étions pas nous-mêmes. C’est pourquoi nous avons besoin de retrouver de la sérénité et d’ajouter, comme je le disais, cette rigueur un peu occidentale. J’ai déjà analysé nos manques et je dois apporter ces petites touches pour que nous puissions avoir cette mentalité pour prendre des points qu’importe le match. Des points par-ci, des points par-là pour se qualifier à cette CAN 2027.