Choix du président de la Fécafoot Samuel Eto’o, la nomination de Rigobert Song au poste de sélectionneur de l’équipe du Cameroun ne fait pas l’unanimité. Notamment en raison de son expérience avec les sélections jeunes.
Il serait précoce de dire que Rigobert Song est « l’hirondelle » qui apportera le printemps au sein de l’équipe nationale de football du Cameroun. Si le nouvel entraîneur des Lions indomptables peut se targuer d’avoir le profil de l’emploi et un staff jugé efficace, il sait également qu’il est attendu au pied du mur. Le successeur d’Antonio Conceiçao est condamné à valider le ticket pour le Mondial 2022. Un grand rendez-vous pour lequel les Lions indomptables sont grandement attendus puisqu’une deuxième absence consécutive (après Russie 2018), serait impardonnable. Rigobert Song peut-il rendre le rêve possible après la désillusion aux portes du pays de Vladimir Poutine ? La question est au centre des débats au Cameroun.
L’arrivée de Rigobert Song sur le banc des Lions indomptables ne fait en effet pas l’unanimité dans son pays. Au sein de l’opinion et de la presse sportive locale, deux camps s’opposent sur le choix du président de la Fédération. Il faut croire que tout le monde ne partage pas le projet de Samuel Eto’o, de nationaliser le poste de sélectionneur. Parce qu’avant toute chose, il devrait s’agir de compétence. « C’est une erreur de promouvoir la nationalisation du poste de sélectionneur au détriment de la compétence, tranche Alain Ikoul, journaliste à CFOOT. Et quand bien même il faudrait absolument que le sélectionneur soit Camerounais, j’ai la naïveté de penser que Rigobert Song n’est pas le plus méritant ». Une conclusion que notre confrère justifie au regard du palmarès du technicien camerounais, en tant qu’entraîneur.
Rigobert Song a en effet déjà entraîné deux sélections nationales de son pays. D’abord l’équipe locale, les Lions A’, qu’il a mené au Championnat d’Afrique des Nations (Chan) 2018 au Maroc. Et enfin les Lions espoirs qu’il a conduit à la CAN U23 de 2019 en Egypte. Deux compétitions qui se sont soldées par une élimination du Cameroun au premier tour. « Durant ces deux tournois, Rigobert Song a montré des lacunes notamment aux plans de son système de jeu et du choix des joueurs », note Marc Chouamo, le chef du service des Sports de la chaine de télévision privée Canal 2 International. « L’expérience de Song avec ces deux sélections inférieures ne le prédisposent pas au poste d’entraîneur des Lions séniors. Il n’est pas prêt », appuie Alain Ikoul.
L’autre facteur qui gêne certains, c’est le timing. Rigobert Song n’a que deux semaines pour préparer la double confrontation de mars (les 25 et 29), face à l’Algérie. « C’est bien que le poste de sélectionneur soit attribué à un Camerounais, mais le temps qui nous sépare des barrages du Mondial 2022 n’est pas idoine pour un tel changement », martèle Christian Tchapmi, rédacteur en chef au quotidien privé Le Messager. Un avis que ne partage pas Thierry Ndoh, journaliste en service à Sky One Radio. « Il n’y a jamais de bon ou de mauvais timing pour nommer un entraîneur ; ce sont les objectifs qui lui sont assignés et les moyens pour les atteindre qui sont importants », explique-t-il. Le journaliste convoque d’ailleurs l’histoire pour soutenir l’acte posé par le président de la Fécafoot.
« Ce n’est pas la première fois qu’une pareille nomination arrive pour une échéance aussi importante, fait-il remarquer. C’était déjà le cas en 1993 avec le Camerounais Léornard Nséké, nommé pour un match capital en vue de la Coupe du monde 1994. En 1997, un collectif d’entraîneurs locaux notamment Jean Manga Onguéné, Jean Paul Akono, Jean-Pierre Sadi et Michel Kaham joue pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1998 contre le Zimbabwe. Dans les deux cas, le Cameroun s’est qualifié. Donc, le timing ne fait pas problème ». Au contraire, Samuel Eto’o a bien fait d’opérer ce changement, dit-il. « De plus, cela peut apporter une sorte de plus-value ; parce que quiconque connaît Rigobert Song connaît l’esprit de combativité qu’il a apporté dans notre équipe. Ça peut être un bon catalyseur », a-t-il conclu.
Kigoum WANDJI