Alors que la Coupe du monde approche à grands pas, le thermomètre tarde à s’emballer dans les rues de Yaoundé, la capitale du Cameroun qui va prendre part à sa huitième participation à ce tournoi.
De notre correspondant au Cameroun,
«À 50-50 francs le programme de la Coupe du monde.» La voix perçante, Jules, 23 ans, glisse entre les véhicules qui vont et viennent, au lieu-dit Poste centrale de Yaoundé, en plein cœur de la capitale du Cameroun. En cette matinée ensoleillée du jeudi 17 novembre, le jeune commerçant ambulant est d’attaque. Son objectif de la journée : «faire mieux que les deux maigres ventes d’hier», dit-il.
À quelques jours du coup d’envoi du Mondial au Qatar, en effet, la petite affaire de Jules est en berne. «D’habitude, assure-t-il, en période de compétitions internationales de football, les programmes des matchs se vendent bien. Mais cette année, l’activité a du mal à décoller. Les gens n’ont pas l’air intéressés.»
Cet infographe de formation n’est pas le seul à avoir fait le constat. Au marché central, Marc fait grise mine, à l’entrée de son magasin. Ce vendeur de téléviseurs attend son premier client de la semaine… en vain. «J’ai pourtant baissé les prix dans l’espoir d’aguicher le maximum de clients en cette approche de Coupe du monde», lance le commerçant.
La cinquantaine sonnée, l’homme croit connaître les raisons de cette situation : «La première raison doit être liée au fait que les grandes chaînes internationales de télévision francophone ont décidé de ne pas diffuser les matchs. L’autre raison est forcément liée au manque de moyens financiers.»
Christelle, propriétaire d’un bar au quartier Damase, a convaincu son voisin de lui prêter son écran de 43’’ exclusivement pour les jours de match de la sélection du Cameroun. «En ce moment, l'activité tourne au ralenti. Acheter un téléviseur neuf serait un mauvais investissement. Avec la vie qui est déjà assez difficile, je préfère consacrer mes économies à l’achat de la boisson.» Faute de moyen, l’entrepreneure n’a même pas prévu de passer une nouvelle couche de peinture sur les murs de son local. «Je ne m’attends pas à une ambiance particulière», tranche-t-elle.
Dans les grandes artères de la ville, la fièvre de la Coupe du monde n’est toujours pas perceptible. Aucun signe annonciateur de la grand-messe du football planétaire. À l’heure où les acteurs du football appellent à l’union sacrée derrière les hommes de Rigobert Song, les mairies et les particuliers n’ont pas encore installé des écrans géants ni de fans zones dans les rues. Et rien ne semble indiquer que la situation devrait changer d’ici à dimanche.
Kigoum WANDJI