Le Sénégal abrite du 11 au 18 novembre le 31ème championnat du monde de pêche sportive. 25 équipes de 15 nations sont présentes à Dakar pour rivaliser de leur science de la mer et des subtilités de la pêche. Cette discipline considérée comme un « sport de combat » entre l’homme et le poisson comporte quelques spécificités que Sport News Africa a tenté de révéler.
De notre correspondant à Dakar,
Pour comprendre la genèse de la pêche sportive, on nous a recommandé un livre célèbre pour enfants, « le vieil homme et la mer ». Le roman raconte l'histoire de Santiago se battant, seul, contre le puissant poisson, pendant plusieurs jours. Le vieil homme sort finalement vainqueur du combat, mais le marlin est si gros qu'il ne peut le hisser sur sa barque et qu'il se contente de l'arrimer contre la coque de celle-ci, afin de le ramener au port.
Un combat que l’homme n’a pas toujours remporté à en croire notre interlocuteur, Christian Thierno Rak, délégué à l’organisation de ce 31ème championnat du monde. « On a beaucoup de poissons qui gagnent. Soit le fil casse, soit il se décroche. L’année dernière, mon fils a travaillé un poisson pendant 11 heures. Au moment d’attraper le bas de ligne, le fil a cassé, le poisson a gagné ce bras de fer et est parti. C’était un poisson de plus de 300 Kg. C’est pourquoi on dit que c’est un sport de combat parce qu’il faut rester debout pendant des heures », a-t-il expliqué.
C’est sur la Marina d’un hôtel de Dakar que se dispute l’édition 2023 du championnat du monde de pêche sportive. Parmi les 15 nations ayant fait le déplacement dans la capitale sénégalaise, on retrouve l’Italie, tenante du titre et une des nations dominante de ce sport. Vingt-cinq équipes au départ de la compétition et donc 25 bateaux fournis par l’organisation. « Ce sont les bateaux de nos clubs. On a des bateaux qui nous viennent de Ngor, Saint-Louis, Saly et même de Casamance (au sud du pays) », a renseigné M. Rak, également vice-président de la Fédération sénégalaise de pêche sportive (FSPS).
À la suite d’un tirage au sort effectué la veille de la journée d’entraînement, chaque équipe dispose de son embarcation pour un départ à 7h30 et la fin de la journée de compétition pour 16h30. Des bateaux de réserve sont également prévus en cas de problèmes techniques subis par une équipe. Les équipages qui ont droit à 4 cannes à pêche chacun, sont composés de 4 pêcheurs, un skipper pour piloter le bateau et éventuellement un matelot. Des éléments essentiels pour permettre aux équipes de trouver les bons spots grâce à des techniques particulières. L’observation du mouvement des vagues, la direction de vol des mouettes ou encore les poissons en surface. Entres autres techniques pour flairer le bon marlin.
Sur chaque bateau, on retrouve un commissaire chargé de vérifier la prise. Chaque prise doit être confirmée par un film. « Le marlin compte 12 points quel que soit le poids parce que c’est un poisson dangereux à maîtriser. Pour le thon, on a une règle qui donne le poids minimum (20 Kg). En dessous de ce poids, la prise ne compte pas. Au-dessus de 20 Kg on a trois types de thon : le thon yellow fin ou thon jaune (6 points), le thon Big eye ou thon obèse (8 points) et le thon blue fin ou thon rouge (10 points) qui peut monter jusqu’à 350 Kg. À la fin de chaque journée, on fait la somme de chaque équipe. Le premier reçoit 1 point, le 2ème 2 points, ainsi de suite. Celui qui a le moins de points à la fin de la compétition l’emporte. Il faut être bon tous les jours. Un jour sans peut vous coûter la victoire », a expliqué M. Rak. À noter que la compétition est 100% relâche et qu’aucun poisson n’est ramené à quai.
Pays hôte de cette 31ème édition des Mondiaux de pêche sportive Big Game, le Sénégal a une longue tradition de pêche. « Le Sénégal et ses 700 Km de côtes a ça dans le sang, reconnaît Christian Rak. Quand on voit des pirogues de 7m qui font des thons de 300 Kg alors que nous et nos belles machines on tourne en rond, ça situe la qualité de nos pêcheurs. C’est pour cela que l’équipe a besoin d’un bon matelot et d’un bon skipper. On est dans nos eaux, on connaît la mer. J’ai été pêché dans d’autres mers et il faut la découvrir. C’est pour cela qu’il y a une journée d’entraînement avant la compétition. Pour que les concurrents s’habituent », a-t-il ajouté.
En 2003, le Sénégal avait pour la première fois accueilli cette compétition avec 15 équipes contre 25 cette année. Un véritable coup de maître avec, à la clé, le titre de champion du monde et la médaille de bronze pour la 2ème équipe locale. En 2000, pour sa 1ère participation, le Sénégal avait terminé vice-champion du monde de pêche sportive. Le pays de la Téranga a une longue et riche tradition en pêche sportive.
«On espère cette année faire aussi bien qu’en 2003. En tant qu’organisateur j’espère que la compétition se déroule bien mais en tant que sénégalais c’est qu’on gagne la coupe », a avoué M. Rak. Pourquoi pas faire coup double avec ce 1er championnat d’Afrique qui se tient durant ce Mondial face à l’Égypte et la Guinée-Bissau. Malgré l’absence de l’Afrique du Sud « qui dispute actuellement une grande compétition chez elle » et le Gabon, forfait à cause de problèmes politiques.
Cette première journée de compétition de mercredi a souri à l’une des deux équipes du Mexique avec la prise d’un thon de 25 - 30 Kg (6 points). D’autres équipes à l’image de la Croatie avec la prise de thon de moins de 20 Kg ou des sénégalais qui ont pêché des coryphènes non comptabilisé. Les équipages espèrent une journée aussi poissonneuse que celle de reconnaissance du lundi, avec une météo annoncée plus favorable. La 3ème et dernière journée de compétition, vendredi, sera décisive pour déterminer le pays champion du monde 2023 de pêche sportive.
