Le pugiliste Clément Loko est aujourd'hui le porte-étendard de la boxe béninoise en Afrique. Le triple champion d’Afrique de boxe WPBF poids plume n’a pas une trajectoire facile. Dans un entretien exclusif accordé à Sports News Africa, le boxeur de 27 ans relate sa préparation pour les championnats du Monde WBC Francophone de boxe. Il évoque sans langue de bois, les difficultés rencontrées au quotidien et son abandon par la Fédération Béninoise de Boxe.
De notre correspondant au Bénin
Clément Loko : J'ai une dizaine de combats à livrer. J'ai remporté les 4 premiers notamment au Togo, au Nigeria, en Côte d'Ivoire et au Ghana. Je continue de m'entraîner du lundi au vendredi, matin et soir pour atteindre l'objectif qui est d'assurer une qualification pour les championnats du monde.
Vous aviez remporté votre dernier combat le 11 février 2023 au Ghana par forfait de l'adversaire au cinquième round. Quelle a été la clé de ce succès ?
J'ai affronté un certain Bernard Adzewoda, un adversaire de taille qui me forçait à aller au corps à corps. Il attaquait pendant que moi je me contentais de gérer. À la troisième reprise, il a reçu un bon uppercut au bras gauche, mon coach m'a demandé de l'achever. J'ai commencé par lui lancer des coups et sorti le jab. Cinquième reprise, il a abandonné par KO puisqu'il n'en pouvait plus et j'ai remporté le combat.
Trois fois champion d'Afrique poids plume déjà, 2019, début et fin 2021, c'est une bonne performance pour un jeune de 27 ans ?
C'est vrai je suis content et heureux des titres mais je ne suis pas encore satisfait. On t'appelle champion d'Afrique mais au fond de toi tu n'es pas aussi à l'aise à cause des difficultés.
Depuis décembre 2017 vous pratiquez la boxe professionnelle, Clément Loko n'a toujours pas de manager. Cela freine-t-il votre évolution ?
C'est un grand problème. Si j'avais un manager qui va porter ma voix auprès des organisateurs de combats, trouver des combats et gérer les soucis liés au travail, les choses allaient être beaucoup plus différentes. Mieux, si j'avais un sponsor, ça m'aiderait. On a déposé des dossiers de demande de sponsoring auprès des sociétés mais on n'a pas encore eu de retour positif.
Le soutien des autorités sportives est suffisant pour aller chercher une médaille mondiale ?
Je ne reçois pas d'accompagnement de la Fédération Béninoise de Boxe. Pas de geste à mon égard. Du côté du ministère des sports oui mais pas suffisant. Pour mon dernier combat, c'est le ministre en personne qui m'a aidé à voyager sur Accra. Il a promis de me recevoir au retour, donc j'attends son appel. Je manque d'accompagnement. Par défaut d'un ring en bon état pour se préparer, je m'entraîne sur un air cimenté réalisé par le père de mon coach. Si je trouve aujourd'hui deux sponsors, je vous assure que le moral sera totalement haut. Je vais oublier tous les soucis.
Comment trouvez-vous l'évolution de la boxe au Bénin et pensez-vous qu'un Béninois peut aujourd'hui vivre de la pratique ?
La boxe dort un peu au Bénin. Avant, il y avait des championnats et des combats interclubs chaque samedi. Depuis deux ans, il n'y a plus ces compétitions. Tu te donnes pour le jeu mais tu n'as pas le retour que tu souhaites. Tu gagnes des trophées, on est adulé comme un champion mais tu continues à aller à moto. Cela ne nous honore pas du tout.
En août 2022, il y a eu une polémique selon laquelle vous auriez perçu 19.000 F CFA après un combat en France et que la plus grosse somme touchée après un combat serait 70.000 F CFA en Afrique du Sud. Qu'avez-vous à dire ?
Je n'ai pas touché des sommes pareilles que quand j'étais amateur. Sinon le niveau professionnel franchi, les choses ont changé.
Clément Loko alias La Panthère, quelle histoire derrière ce surnom ?
Mon club formateur à Godomey s'appelait la panthère rouge. Son fondateur était en même temps notre entraîneur. À l'époque, j'impressionnais déjà chez les minimes. Après le décès du coach, le club n'a plus fonctionné. Les enfants étaient découragés puisque c'était lui qui formait et dépensait. Il était l'intermédiaire entre les parents et leurs enfants. Par respect pour sa mémoire, j'ai gardé La Panthère pour que le nom demeure à jamais.