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Congo : quand le hapkido séduit les filles

Introduit au Congo il y a cinq ans, le hapkido séduit la jeunesse du pays. Il s’agit plus singulièrement des filles qui le préfèrent aux autres arts martiaux. Et les raisons sont beaucoup plus extrasportives.

De notre correspondant au Congo

hapkido-Congo-Brazzaville
Une séance d'entraînement

Une véritable ninja ! Par son maniement du nunchaku, ses prises et ses déplacements, Séphora Zéfo force l’admiration de quiconque assiste à ses entrainements au jardin de la commune de l’arrondissement 3 Tié-Tié de Pointe-Noire. La dizaine révolue, la jeune fille est « amoureuse » des arts martiaux depuis le bas âge, a d’abord hésité sur le sport de combat qu’elle pouvait apprendre. « Il était question de choisir entre la boxe, le kungfu, le judo et bien d’autres », se souvient Zéfo qui apprend le hapkido au Centre d’Excellence, un club basé dans la capitale économique congolaise.

En 2019, le hapkido s’installe au Congo par le biais de l'Association congolaise d'hapkido (ASHAP) dirigée actuellement par Me Edmond Gantsié, et affiliée à la Fédération congolaise de close-combat et disciplines associées (FÉcoclose-DA). Très rapidement, l’ASHAP entreprend une campagne de vulgarisation de grande envergure dans tout le pays. Actuellement, chacun des douze départements a une branche de l’association.

Pour beaucoup de jeunes congolais, la découverte de ce sport de combat d’origine sud-coréenne est trop belle pour la rater. « Oui, nous recevons beaucoup de jeunes quasiment chaque jour. C’est la preuve que nous avons réussi notre campagne de vulgarisation. Mais il faut aussi reconnaître que la plupart de nos élèves sont des filles. Plus de 90 % de nos apprenants sont des filles. Il y a bien des raisons qui incitent ces enfants à jeter leur dévolu sur le hapkido. C’est sans doute en raison de ses spécificités par rapport aux arts martiaux », se félicite Armel Matanzala, fondateur et responsable du Centre d’Excellence.

Au nom du self-défense

Et qui peut mieux parler de ces raisons qu’elles-mêmes, les filles ? « Je m’y suis intéressée d’abord par curiosité. Et l’appétit venant en mangeant, j’ai fini par découvrir un art martial à plusieurs vertus. Le hapkido te permet d’accroître ta force, mais aussi ta souplesse. C’est une forme d’amélioration de la condition physique que personnellement, je n’ai trouvée ailleurs », raconte encore Zéfo.

Si ces enfants ne rêvent pas encore de carrière ou performances aux événements internationaux, comme les Championnats du monde prévus en août prochain à Nonthaburi en Thaïlande, elles entendent tout de même mettre à profit leur hapkido pour leur self-défense. Une aspiration motivée par le contexte.

Comme un peu partout au monde, de grandes villes congolaises dont Pointe-Noire et Brazzaville sont exposées au grand banditisme. Ici, ce sont les « bébés noirs » qui pourrissent la vie par des rackets et des agressions physiques. Les filles font partie des cibles faciles.  Et pas que, car la société congolaise est aussi en proie aux violences basées sur le genre. « À maintes reprises, j’ai été victime d’agressions de la part de ces bandits. C’est vrai que les agents de l’ordre font leur travail pour les dissuader. Mais ils ne peuvent pas être partout au même moment. En attendant, tu as déjà subi », se souvient Sophia Kangou, une autre apprenante du Centre d’Excellence. La jeune demoiselle ajoute : « Un jour, à l’arrêt de bus, un jeune garçon était en train de me tapoter sur les épaules. Je l’ai observé. Et je me suis aperçu qu’il voulait aller un peu plus loin (piquer quelque chose dans sa poche, NDLR). Mais par une posture de défense, j’ai éloigné sa main. Ce qui l’a dissuadé et il m’a laissée tranquille », témoigne Kangou.

Mais pas de quoi être prétentieuses ou verser dans la suffisance. « Il ne s’agit pas de jouer aux justicières ou aux provocatrices dans la rue. Il faut admettre que le hapkido est avant tout un réservoir de vertus et qualités mentales et psychologiques : la maîtrise de soi, la confiance en soi, la concentration, l’humilité, la contrition, la compassion, … Il faut s’armer de ces vertus pour prétendre pratiquer le hapkido », explique encore Séphora Zéfo.

« Ce sport est une école de la sagesse orientale à travers laquelle tu apprends à bien gérer et maîtriser tes émotions (colère, stress, etc.) et cultive une certaine confiance en toi. Voilà ce que nous enseignons à nos enfants », indique Armel Matanzala. Il invite ainsi les parents à encourager les enfants à pratiquer le hapkido, car il peut être un facteur d’insertion sociale.

John Ndinga Ngoma

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