Etienne Ndayiragije a été nommé entraîneur de l’équipe nationale du Burundi fin janvier 2023 pour une durée de deux ans. Son premier objectif, dit-il, est de qualifier le Burundi à la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Dans cet entretien accordé à Sport News Africa estime que les joueurs burundais sont assez talentuex pour y parvenir.
De notre correspondant au Burundi,
Etienne Ndayiragije, comment avez-vous le fait d’avoir été choisi comme sélectionneur du Burundi ?
Etienne Ndayiragije : J’ai été très content. Pour être honnête, c’est une chose qui tournait dans ma tête depuis longtemps. J’attendais impatiemment ce moment. Entraîner l’équipe nationale de votre pays, est une chose très importante. Je l’ai fait en Tanzanie et je me disais qu’aider mes petits-frères à atteindre un autre niveau serait une bonne étape dans ma carrière. Franchement quand le président m’a appelé et m’a proposé ce poste, je n’ai pas hésité, surtout qu’on m’a présenté un bon projet. Je lui suis reconnaissant pour cette confiance qu’il a placée en moi.
Ce sera quoi votre premier objectif ?
Etienne Ndayiragije : Notre projet à court terme est une qualification à la prochaine CAN. On rencontre très souvent des difficultés dans notre métier. Entraîner une équipe nationale n’est jamais une chose facile. J’ai de l’expérience et je pense que c’est pour cette raison qu’on m’a choisi. Avec l’aide de nos dirigeants et les joueurs que nous avons, j’espère bien qu’on sera en Côte d’Ivoire l’année prochaine.
Quelles sont vos priorités pour construire une équipe compétitive ?
Etienne Ndayiragije : Je suis en train de faire des recherches pour bien connaître les joueurs, comment ils vivent et comment ils jouent en club. Chaque weekend, je me rends sur différents terrains du Burundi pour suivre le championnat. Avec mon staff, on est déjà à l’œuvre. Je vous apprends qu’on a déjà visionné à maintes reprises les matchs que le Burundi a livré contre le Cameroun et la Namibie. Il nous arrive même de dormir à 4 heures du matin.
Est-ce qu’Etienne Ndayiragije va-t-il donner la chance aux joueurs locaux, contrairement à ses prédécesseurs ?
Etienne Ndayiragije : Tout Burundais capable de représenter son pays est sélectionnable. Ce n’est pas pour rien que je suis de près le championnat burundais. Il y a de bons joueurs capables de gagner leur place dans la sélection.
Pourtant pour plusieurs observateurs le niveau du championnat est très bas ?
Etienne Ndayiragije : Pas du tout. Pour moi, c’est un championnat avec des talents énormes. Je l’observe depuis ma nomination, et je suis content du niveau de beaucoup de joueurs de ce championnat. Je pense qu’ils auront leur chance.
Est-ce facile de suivre les joueurs burundais jouant à l’étranger ?
Etienne Ndayiragije : Oui bien sûr. Le monde est devenu comme un village. Je regarde les joueurs qui sont à l’étranger pour voir ceux qui jouent, ceux qui jouent peu et ceux qui ne jouent pas dans leur club. Cela va peser lors de la présélection des joueurs. C’est une tâche que je fais au quotidien.
Quels sont vos critères de sélection ?
Je prend les joueurs qui sont en forme. Je ne privilégie jamais des joueurs de par leur passé, parce que le football est différent de la musique. Que les joueurs le sachent déjà, seul le travail sera récompensé.
Est- ce que c’est possible de sélectionner un joueur qui évolue en Europe mais qui n’a pratiquement pas de temps de jeu dans son club ?
Oui c’est possible. Il peut arriver qu’un joueur qui ne joue pas dans son club en Europe soit meilleur qu’un autre qui joue au même poste, mais dans un championnat moins relevé. Je l’ai fait en Tanzanie et ça a bien marché. Ce sont des décisions exceptionnelles, mais qui pourraient également être valables pour le Burundi.
Des cas de favoritisme ont été soulevés par certains joueurs, êtes-vous au courant ?
Je ne suis pas au courant, mais je sais que c’est une réalité dans le football. Personnellement, je suis contre le favoritisme. Seuls les meilleurs vont jouer. Je sais comment certains joueurs ont été victimes de ce fléau. Quand j’étais encore joueur, j’ai vu comment ça détruit la carrière d’un joueur. Que les joueurs soient rassurés, je prendrai les meilleurs pour le bien de la Nation et de ma carrière.
Vous avez dirigé la sélection tanzanienne, quelle est la différence avec celle du Burundi ?
Il y a une grande différence. En Tanzanie, la sélection est faite en grande partie avec des joueurs locaux. Ils jouent en grande partie dans les clubs de Simba et Young Africans, des clubs qui participent souvent dans des compétitions africaines. Des joueurs tanzaniens qui s’imposent dans ces clubs sont capables de rivaliser avec n’importe qui. Au Burundi, par contre, la plupart des joueurs viennent de l’étranger. Ce sont des joueurs avec un talent inné qui se débrouillent très bien où ils sont en Europe ou ailleurs. Regardez Yussouf Ndayishimiye par exemple. Il signe à peine à Nice et il est titulaire dès son premier match. C’est un exemple parmi tant d’autres. Au Burundi nous avons la chance d’avoir des joueurs qui apprennent vite.
Au mois de mars, le Burundi n’a pas de matchs, contrairement à vos adversaires (Cameroun et Namibie). Comment allez-vous pallier à ça ?
Nous allons livrer deux matchs amicaux contre le Kenya. Cela nous permettra de tester beaucoup de joueurs. Avoir des matchs amicaux quand on est nouveau à un poste, c’est une bonne chose. Les joueurs auront l’occasion de se familialiser avec ma philosophie du jeu. C’ est également une occasion de voir nos adversaires jouer. Donc, je pense que le mois de mars nous sera d’une grande utilité.
Avez-vous un message particulier pour les joueurs qui seront bientôt présélectionnés ?
Qu’ils sachent que rien n’est plus important que la nation. C’est une fierté de jouer pour son pays. Je le répète, je prendrai les meilleurs et je veux qu’ils donnent le maximum de leurs moyens. Dans l’équipe nationale, les portes sont toujours ouvertes, les uns vont entrer et d’autres vont sortir. Je demande aux joueurs burundais partout où ils sont de travailler dur car les places sont limitées.
Désiré HATUNGIMANA