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Gambie-Faye Njie (Judo) : «Mon rêve ultime pour mon pays, une médaille olympique»

Porte-étendard du judo gambien depuis quelques années maintenant, Faye Njie a pris une nouvelle dimension ces derniers mois. Le natif d’Helsinki a relevé la fierté nationale de la Gambie en remportant la médaille d’argent aux derniers Jeux du Commonwealth. À 29 ans, celui qui a choisi la nationalité sportive gambienne revient dans cet entretien exclusif accordé à Sport News Africa sur ce choix, ses belles performances récentes et son objectif aux JO de Paris en 2024.

De notre correspondant au Sénégal,

Faye Njie
Faye Njie

Sport News Africa : Le 3 août dernier aux Jeux du Commonwealth, vous décrochez la première médaille d’argent de l’histoire de votre pays, mettant fin à 52 ans de disette dans la compétition. Comment l’avez-vous vécu ?

Faye Njie : Cela a été une explosion de bonheur pour moi mais aussi pour le pays. Dans l’histoire des Jeux du Commonwealth, jamais la Gambie n’avait réalisé une telle performance. C’est un sentiment de satisfaction de l’avoir fait en premier. C’est un héritage que- je l’espère- les futures générations vont transformer en médaille d’or. Je reste convaincu qu’elles pourront gagner un titre et beaucoup d’autres médailles dans les éditions à venir.

Vous avez perdu ce lundi le combat pour la médaille de bronze aux Jeux de la solidarité islamiques. Cela a dû être une petite déception…

Oui bien sûr que cela a été une vraie déception de perdre le combat pour la médaille de bronze en Turquie. Les attentes après ma médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth étaient vraiment très élevées de ma part mais aussi de la part du Comité olympique (de la Gambie) et des autorités. Mais je retiens le positif des Jeux islamiques avec de très bonnes oppositions, de la compétition et de bons combats. C’est la vérité des compétitions où parfois tu gagnes, d’autres fois non. Cette fois-ci mon adversaire turc a su convertir ses rares occasions dans ce combat pour le bronze. Après tout, cela a été une bonne préparation pour moi avant les Championnats du monde qui arrivent bientôt. Je le prends comme une bonne leçon et je pourrais revoir ce combat et apprendre des erreurs commises pour des compétitions plus importantes.

 

«J’ai bénéficié du soutien du peuple gambien. Gagner la médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth a décuplé cet engouement. J’ai reçu des centaines de mails, des messages privés. Cela a été une grosse surprise de voir la dimension qu’a revêtu cette médaille.»

 

À 29 ans, vous êtes à la quête de votre troisième participation aux Jeux olympiques après Rio et Tokyo. Quels sont les objectifs pour Paris 2024 ?

Mon objectif est d’atteindre le 3ème tour car à Rio et à Tokyo j’ai été sorti au 1er tour. Mon but principal est de remporter un premier combat aux JO. Ce serait un progrès par rapport à mes précédentes olympiades. Mais comme vous le savez, la Gambie n’a jamais décroché de médaille olympique. Mon rêve ultime est de décrocher la première médaille olympique de l’histoire de mon pays. On sait tous que cela va être très difficile car il s’agit de la plus importante médaille mondiale.

Vous avez gagné plusieurs titres continentaux et des médailles internationales. Comment ces succès sont vécus en Gambie ?

J’ai bénéficié du soutien du peuple gambien à travers les réseaux sociaux. Je leur en suis extrêmement reconnaissant. Que ce soit de la part de ma famille vivant en Gambie ou juste d’amoureux de sport. Gagner la médaille d’argent aux Jeux du Commonwealth a décuplé cet engouement. J’ai reçu des centaines de mails, des messages privés à travers les réseaux sociaux. Pour moi cela a été une grosse surprise de voir la dimension qu’a revêtu cette médaille.

Vous êtes né en Finlande d’un père Gambien et d’une mère Finlandaise. Qu’est-ce qui a fait pencher la balance pour représenter la Gambie ?

Mon père pratiquait les arts martiaux dans sa jeunesse. Son père avant lui faisait de la lutte traditionnelle. Je pense que j’ai cela dans le sang. C’est pour moi un honneur de perpétuer cette tradition familiale. Et changer de nationalité sportive pour la Gambie est quelque chose que j’ai toujours voulu faire. C’était ma propre décision. Même si bien sûr cela a ravi mon père. Avant moi, il n’y a pas eu beaucoup de judokas gambiens à ce niveau. C’est donc quelque part un sentiment de fierté de rendre ce sport populaire en Gambie.

Vous vivez en France et vous vous entraînez au club de Coulommiers. Qu’est-ce que cela a changé dans vôtre judo ainsi que la collaboration avec Rémy Van Wymeersch ?

Pour moi le judo français est très différent d’ailleurs. Ici ils sont plus portés sur la tactique. C’est le plus haut niveau européen du judo qu’on pratique en France. C’est ce qui explique ma décision de rejoindre ce pays. Rien n’est simple car j’aspire à atteindre le meilleur niveau. Et en France, je sens que cela peut être possible. Et Remy Van Wymeersch a toujours été là pour me pousser dans mes retranchements, à m’aider dans ma carrière de différentes façons. C’est pourquoi je n’ai pas hésité pour le rejoindre à Coulommiers. Notre collaboration dure depuis presque une année. J’ai énormément progressé depuis en suivant ses conseils.

Vous travaillez au quotidien avec d’autres judokas franco-gambiens comme les frères Paziaud. Qu'est-ce que cela change-t-il ?

C’est génial d’avoir d’autres Gambiens dans le même club. C’est toujours bénéfique d’avoir d’autres personnes qui sont dans la même position que toi afin que nous puissions nous soutenir mutuellement de plusieurs façons. C’est aussi bien d’avoir des gens qui pourront perpétuer l’héritage que je laisserai à ma retraite. À Coulommiers nous avons une belle communauté de Gambiens provenant de différents horizons. On s’entraîne ensemble, on échange nos ressentis en compétition. Il est clair qu’on pourra s’entraider de multiples façons.

 

«J’ai fait du judo en même temps que du football jusqu’à 16 ans. Ensuite je n’ai pu avoir le temps de faire les deux. J’ai alors décidé de me concentrer sur le judo au détriment du football.»

 

Racontez-nous votre histoire d’amour avec le judo ?

J’avais 8 ans lorsque j’ai commencé le judo. Avant je jouais au football mais un jour, un ami qui pratiquait le judo m’a proposé d’essayer à l’entraînement. Je ne savais rien du judo pour tout vous dire. Mais dès le premier entraînement, j’ai tout de suite aimé. Pour moi c’est l’un des sports les plus versatiles où l’on doit être à la fois agile, explosif, fort mentalement et physiquement. Des choses que j’ai toujours appréciées. J’ai fait du judo en même temps que du football jusqu’à 16 ans. Ensuite je n’ai pu avoir le temps de faire les deux. J’ai alors décidé de me concentrer sur le judo au détriment du football.

Avez-vous des projets sportifs ou extra sportifs pour la Gambie ?

Actuellement, je n’ai pas de projet en particulier en Gambie mais je suis bien sûr reconnaissant du soutien des Gambiens. Ils seront récompensés. Je trouverai le moyen de montrer ma gratitude au peuple gambien. Mais actuellement je suis concentré sur ma carrière sportive. Après cela, peut-être construire un nouveau gymnase en Gambie. Ou travailler à aider au développement de la Fédération. On trouvera un moyen d’aider mais là je reste focus sur ma carrière de judoka.

Moustapha M. SADIO

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