Après avoir porté Yzeure en 2ème division française la saison dernière, Seynabou Mbengue a rejoint le FC Nantes cet été. L’attaquante sénégalaise a confié dans cet entretien accordé à Sport News Africa, nourrir de grandes ambitions avec son nouveau club. À 30 ans, la native de Diourbel (à 165 KM à l’Est de Dakar) ne ferme pas la porte à un retour en sélection.
De notre correspondant au Sénégal,
Seynabou Mbengue, racontez-nous comment est né votre amour pour le football ?
Seynabou Mbengue : Enfant je ne fréquentais que des garçons. Je les fréquentais tout le temps pour aller jouer au football. Depuis, je n’ai rien fait d’autre dans ma vie que jouer au football. Ma mère était la seule qui était réticente à ce que je joue au football. Elle détestait me voir toujours en compagnie des garçons. Elle allait jusqu’à me taper pour m’interdire de jouer au foot. N’empêche, dès le lendemain j’y retournais encore. C’est aussi un peu normal je pense. J’ai grandi dans une famille nombreuse. On voyait quasiment jamais des filles en short à plus forte raison jouer au football. C’est assez inhabituel pour eux. Mais j’étais trop passionné pour prendre tout cela en considération. Quelles que soient les réprimandes, je jouais au foot tout le temps.
Comment s’est passée votre formation alors ?
Seynabou Mbengue : J’ai commencé à l’école de football Baye Bada à Diourbel. Matar Faye, joueur de Baye Bada à l'époque, m'y avait emmené. Ensuite j’ai été proposé par Baye Bada à Diamono. Il disait qu’il fallait que je joue au niveau national pour me faire connaître. J’ai fait près de 8 ans à Diamono de Diourbel. J’ai rejoint ensuite les Tigresses de Thiès pendant 3 saisons. En 2017 je passe une saison à Kaolack FC avant de rejoindre les Amazones de Grand-Yoff. Et depuis, je joue en France. D’abord à Valenciennes FC, ensuite à Yzeure pendant deux saisons. Et depuis cet été j’ai signé au FC Nantes.
Quel genre d’attaquante êtes-vous, la race des obnubilés par le but ?
Seynabou Mbengue : Moi, je pense qu’un attaquant qui ne marque pas n’est au final pas un attaquant. Nous sommes jugés que sur notre rendement devant les buts. On doit savoir marquer, créer des occasions de buts et créer des espaces dans les défenses adverses. De mon côté, s’il y a un aspect de mon jeu que je travaille régulièrement, c’est la vitesse. C’est mon point fort mais je ne cesse de travailler dessus.
Comment avez-vous atterri à FC Nantes ?
Seynabou Mbengue : On a joué contre le FC Nantes la saison dernière en 1/2 finale de Coupe de France. On les élimine 2-1 et je marque les deux buts. Je pense que c’est là que les dirigeants de Nantes m’ont repéré et ont décelé mes qualités de buteuse. J’ai marqué les esprits par mon sérieux devant les buts, ma concentration et surtout ma vitesse.
En finale de coupe de France justement, face aux stars parisiennes vous vous êtes inclinées 8-0. Avez-vous été impressionnée par l’adversaire ce jour-là ?
Seynabou Mbengue : Face au PSG, on partait en se disant qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne. Nous n’avions rien à perdre et tout à gagner. On l’a préparé en toute sérénité même si c’est un événement exceptionnel. Jamais je n’ai été impressionnée par une joueuse. Même si je te vois à la télé, je t'oublie dès que le ballon roule. Je te prends comme une joueuse du championnat de 2ème division. Du coup avant le match on peut nous vendre les qualités de telle ou telle joueuse mais dès que le match démarre, ça ne compte plus pour moi. Pareil pour les équipes. Je me concentre sur moi, mes qualités et ce que j’ai à faire sur le terrain. Mais je ne suis pas quelqu’un qu’on peut impressionner. Sincèrement.
🎥 La préparation de nos Nantaises se poursuit avec sérieux du côté de la Jonelière 👊 pic.twitter.com/WRNJ79O3Y3
— FC Nantes Féminines (@FCN_Feminines) August 1, 2022
Rêves-tu d’un club ou d’un championnat en particulier ?
Seynabou Mbengue : Je n’ai pas vraiment de préférence de club ou de championnat. J’aime évoluer dans des équipes qui n’ont pas une grosse histoire derrière elles pour que je puisse, moi-même, participer à écrire l’histoire du club. Mais j’adore évoluer en Europe. Le football européen est plus compétitif qu’ailleurs et en plus je rêve de disputer la Ligue féminine des champions. Je souhaite remporter un maximum de trophées.
Vous êtes internationale sénégalaise mais vous n’êtes plus venue en sélection depuis quelques années. Que s’est-il passé en Algérie en 2020 ?
Seynabou Mbengue : En ce qui concerne l’équipe nationale, je ne veux pas trop en parler. De mon côté, je veux rester concentré sur mon travail au quotidien, progresser et faire des performances dans le championnat. Et il faut donner la chance aux autres car il y a beaucoup de jeunes filles au pays qui ont du talent et ont besoin d’évoluer en sélection pour rejoindre comme moi de meilleurs championnats. Entre moi et la sélection, on verra si toutefois on réussit à convaincre le sélectionneur. S’il fait appel à moi, je verrais à ce moment ce qui sera la meilleure réponse. Mais pour l'instant je reste focus sur les objectifs du club.
Le Sénégal a atteint pour la première fois les quarts de finale de la CAN avant de s’incliner face à la Zambie. Comment avez-vous trouvé leur parcours ?
Seynabou Mbengue : L’équipe nationale a fait une bonne participation à la CAN je trouve. Mais comme dans tout parcours, on sait qu’il y a des choses à parfaire. On pouvait faire mieux en quart finale. Quand on voit ce match, les tirs au but, on sentait qu’elles auraient pu se qualifier. De près ou de loin, je serai toujours la première supportrice des Lionnes parce qu’on ne peut rien avoir de plus que le Sénégal. Je leur souhaite bonne chance pour le tournoi de qualification à la coupe du monde.
Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
L’objectif principal c’est de faire monter le FC Nantes en D1 Arkéma (1ère division féminine française) dès cette saison. Mes objectifs personnels à moi sont de terminer meilleure buteuse du club et aussi du championnat. J’aimerai vraiment écrire l’histoire du club.
Par Moustapha M. SADIO