Passeur décisif lors de la victoire du Cameroun face au Brésil (1-0) le 2 décembre 2022, Jérôme Ngom raconte à Sports News Africa, sa première expérience en Coupe du monde.
De notre correspondant au Cameroun,
Jérôme Ngom Mbekeli, vous faites partie des deux joueurs locaux camerounais présents au Mondial 2022 au Qatar (il joue à Colombe du Sud). A partir de quel moment, avez-vous réalisé la chance qui vous a été donnée ?
Jérôme Ngom : Sincèrement, c’est à partir du moment où notre avion a atterri à Doha. Au début je n’y croyais pas. J’ai eu la chance de disputer le dernier match amical de la sélection nationale à Yaoundé [nul 1-1 contre la Jamaïque, Ndlr.] et je l’ai saisie. Car au terme de ce match, le sélectionneur Rigobert Song a retenu mon nom parmi les joueurs qui allaient représenter le Cameroun au Mondial.
A ce moment-là, je ne réalisais pas encore que j’allais vraiment faire partie de cette expédition. C’est quand nous sommes arrivés à Doha que je me suis rendu compte que mon rêve était en fait une réalité. Je n’ai pas les mots pour décrire mon sentiment, à cet instant précis.
Que retenez-vous de votre participation à ce tournoi ?
Jérôme Ngom Mbekeli : Ç’a été une très grande expérience. Ces dernières années, c’est rare de voir un joueur local au Cameroun être sélectionné pour la Coupe du monde. Heureusement, j’ai été très bien accueilli et encadré par les aînés de la sélection nationale. Très vite, je me suis senti comme dans ma famille. Nous avons connu des moments que je n’oublierai jamais. Pour ce qui est de la compétition, je peux m’estimer heureux d’avoir flirté avec le très haut niveau. Je comprends désormais pourquoi ce tournoi s’appelle la Coupe du monde. C’est vraiment la compétition des meilleurs. Et nous en avons croisé des meilleurs. Même si au fond, nous avions notre mot à dire dans cette compétition. N’eût été un mauvais départ face à la Suisse [défaite 1-0, Ndlr.], je suis convaincu que nous serions passés au tour suivant.
Bien que novice, vous avez joué lors du dernier match de groupes contre le Brésil. Et c'est d’ailleurs vous qui délivrez la passe du but de la victoire à Vincent Aboubakar. Pouvez-vous nous raconter cette action ?
Jérôme Ngom Mbekeli : C’était une occasion difficile. Quand je suis entré en jeu [à la 86e minute], je me suis dit : il faut donner le maximum sur chaque ballon. Sur ma première balle, j’ai essayé un centre au ras du sol. Mais ça n’a pas bien marché. Je me suis promis de faire mieux lors de la prochaine opportunité. J’ai alors multiplié les appels. Puis, Olivier Ntcham m’a donné la balle au pied. J’ai fait un contrôle et j’ai levé la tête pour voir la position de Choupo-Moting et Vincent Aboubakar.
J’ai vu que Choupo-Moting était un peu en retrait. J’ai alors opté pour un deuxième contrôle qui a donné l’occasion à Vincent Aboubakar de se lancer dans la surface brésilienne. Je décide donc de faire un centre en profondeur. La balle arrive directement sur lui. Dieu merci, il place un coup de tête parfait et envoie la balle au fond des filets [90e+2].
Comment avez-vous réagi lorsque la balle a filé au fond des filets ?
J’étais fou de joie, je n’en revenais pas. J’ai couru vers Vincent Aboubakar et on a tous exulté ensemble. C’était un grand soulagement pour tout le monde, d’autant plus que c’était le Brésil en face. Pour moi, la victoire contre le Brésil m’a propulsé au paradis.
Le sélectionneur Rigobert Song vous avait-il prévenu que vous alliez disputer ce match ?
Pour ce match en particulier ? Non ! Mais il me disait régulièrement aux entraînements d’être prêt, qu’il allait m’utiliser à tout moment. Cela m’a aidé à repousser le stress et la pression, car mentalement j’étais bien préparé.
Quels sont les objectifs aujourd’hui ?
A l’heure actuelle, mon premier objectif, c’est de gagner le Championnat d’Afrique des Nations avec le Cameroun. Le second objectif, c’est de décrocher un contrat professionnel avec un club étranger.
Entretien réalisé par Kigoum WANDJI