Unique médaillée d’or (72 KG) de la délégation sénégalaise lors des derniers championnats d’Afrique de lutte olympique à El Jadida au Maroc, Anta Sambou se positionne désormais comme le porte-étendard du Sénégal dans cette discipline. À 29 ans depuis le 24 janvier, la native de Djicomol, un petit village dans le département d’Oussouye au sud du Sénégal a confié dans cet entretien accordé à SNA, son rêve de titre olympique. Fan inconditionnelle d’Isabelle Sambou, légende de la lutte au Sénégal, elle espère supplanter son aîné. Désormais en pleine maturité, elle compte utiliser la bourse olympique pour s’offrir des sparring-partner et disputer plus de compétitions à l’international.
De notre correspondant au Sénégal,
Sport News Africa : Comment avez-vous vécu votre titre de championne d’Afrique en mai 2022 ?
Anta SAMBOU : J’étais trop contente. Je n’ai cessé de rendre grâce au Tout puissant. C’est grâce à lui que j’ai obtenu ce titre de championne d’Afrique et cette médaille d’or. Dans la délégation sénégalaise, tout le monde était heureux pour moi. C’était une joie immense parce qu’ils comptaient tous sur moi pour ramener une médaille d’or au Sénégal. Ce jour-là restera graver dans ma mémoire. C’est inoubliable. Ce n’est pas la première médaille que j’ai eue. J’ai décroché la médaille d’or aux Jeux de la francophonie (2017) à Abidjan. J’ai eu également d’autres médailles dans les championnats d’Afrique.
Comment avez-vous chopé la lutte olympique ?
C’est par amour que je me suis lancé là-dedans. Dans mon village, je pratiquais la lutte traditionnelle. Un jour, lors d’une cérémonie que le lycée a organisé, il y avait des épreuves de lutte traditionnelle auxquelles j’ai participé. J’ai terminé championne de ce tournoi. C’est comme ça que le sélectionneur national dames (de lutte olympique) est venu à ma rencontre pour me parler de la lutte olympique. Automatiquement, j’ai accepté. C’était déjà une passion pour moi de pratiquer la lutte traditionnelle. C’est ainsi que j’ai débuté une carrière en lutte olympique.
Quel est le sportif qui vous inspire pour espérer progresser au quotidien ?
Isabelle Sambou est ma référence. Quand j’ai commencé la lutte olympique, j’ai en effet eu la chance de la trouve encore en activité. Nous étions ensemble, elle m’a encadrée. Nous allions ensemble aux entraînements. Et quand j’ai découvert son immense palmarès, je lui ai dit : «Je vais marcher sur tes traces, faire comme toi. Et si tu ne fais pas attention, je vais te dépasser; Parce que je vais remporter la médaille olympique». Elle m’a encouragée pour cette détermination, elle a cru en moi. Elle me conseillait tout le temps.
Aux entraînements, lorsque je la voyais faire certains exercices, même quand j’étais épuisée, dans ma tête je me disais que si tu veux avoir le palmarès d’Isabelle (Sambou), il faudrait faire ce qu’elle fait. Elle me motive quand elle est sur le tapis, elle me donne envie de lutter. C’est vraiment elle mon idole.
Le Comité olympique sénégalais a octroyé cette semaine des bourses à 18 athlètes et vous faites partie des bénéficiaires. Qu’est-ce que cela change pour vous ?
Cette bourse olympique va changer beaucoup de choses dans ma préparation. Tout d’abord parce que je m’entraîne tous les jours à Pikine (dans la banlieue de Dakar) et c’est vraiment très loin. Chaque jour je casque financièrement pour m’y rendre. Il arrive que je parte aux entraînements et que personne n’est là. Parfois je prends de ma poche pour donner le transport aux partenaires d’entraînement pour avoir des sparring-partners. Il arrive aussi que le CNG donne aux lutteurs l’argent du transport pour qu’ils puissent se déplacer aux sessions d’entraînement. Donc avec cette bourse, je pourrais me rendre régulièrement aux entraînements, également effectuer des voyages à l’étranger pour me frotter aux championnes pour mieux appréhender les compétitions internationales. Cette bourse permettra aussi de prendre part à certaines compétitions. Ça va beaucoup m’aider.
Quels sont vos objectifs cette année et pour les échéances à venir ?
Mon plus grand souhait c’est de conserver mon titre de championne d’Afrique. Mon autre objectif est de décrocher une qualification aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Ce sont les grands objectifs que je me suis fixés. Je compte faire tout mon possible pour les atteindre.
Selon vous, quels sont les domaines à améliorer pour espérer titiller les meilleures mondiales dans votre catégorie ?
En ce qui concerne l’axe de progression, je pense que c’est au niveau des entraînements. Je le disais tantôt, parfois je me rends à l’entraînement et je n’ai pas de sparring-partner. Je me retrouve toute seule. La lutte olympique est un sport de combat et il faut avoir de l’opposition lors des sessions. Grâce à cette bourse du CNOSS, je pourrais organiser des stages et avoir plusieurs sparring-partners. C’est là que je pense que je dois m'améliorer. Ce sera plus que bénéfique pour moi.
Quel est le but ultime de Anta Sambou dans son sport ?
Mon plus grand rêve ? Je dirais devenir championne olympique. Cela changerait ma vie. Depuis que j’ai commencé la lutte, je n’ai cessé de rêver de porter autour du cou la médaille d’or aux Jeux olympiques. Et je me suis fixé comme challenge, avant de terminer ma carrière, j’aimerais au moins participer aux Jeux olympiques. Et bien sûr remporter une médaille d’or. C’est mon plus grand souhait, mon plus grand rêve.
Par Moustapha M. SADIO