Il y a quelques années, on n’aurait pas parié un kopeck sur le sacre de l’AS FAR dans une compétition africaine. Mais le premier trophée continental décroché par le club marocain dimanche soir est tout sauf le fruit du hasard. Il pourrait même être le début d’un règne sur le continent. Explications.
De notre correspondant au Maroc,
L’AS FAR apprend vite, très vite. Dimanche soir, le club le plus titré au Maroc s’est adjugé son premier titre en Ligue des championnes en battant les championnes en titre, les Sud-Africaines de Mamelodi Sundowns. Une écrasante victoire (4-0) inattendue, mais qui confirme l’évolution rapide du football féminin au Maroc, discipline qui bénéficie d’un soutien important des instances fédérales.
Pour Mohammed Amine Alioua, coach des Militaires, « le sacre de l’AS FAR constitue un fait marquant du football national ». Le coach de l’AS FAR était aux anges après la victoire finale. Il a ainsi salué la prestation de son équipe, qui obtient son premier titre continental après avoir terminé 3e lors de la première édition de la compétition.
« Je suis satisfait que l’AS FAR ait réussi à garder le trophée de la Ligue des champions africaine féminine au Maroc », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse d’après match.
Lors de la première édition, les militaires avaient obtenu le bronze. Mais le potentiel affiché dans le jeu en terre égyptienne montrait clairement qu’elles avaient les armes pour aller au bout. L’AS FAR parie, en effet, sur l’expérience de son effectif composé d’internationales marocaines. Elle constitue d’ailleurs l’ossature de la sélection des Lionnes de l’Atlas finaliste de la CAN 2022.
La gardienne Khadija Rmichi a disputé la dernière CAN en tant que titulaire, tout comme la latérale droite Zineb Redouani et Fatima Tagnaout. La capitane Ghizlaine Chebbak, blessée, n’a pas pu s’illustrer en LDC CAF féminine.
L’effectif reste jeune. Et durant le dernier mercato, la direction a eu le flair de renforcer la ligne défensive en recrutant Blessing Shine Agbomadzi en provenance de Hasaacas Ladies du Ghana. Ce secteur présentait quelques lacunes qui ont été gommées durant la compétition. Résultat : l’AS FAR n’a concédé qu’un seul petit but durant tout le tournoi contre les Zambiennes de Green Buffaloes.
En attaque, si Sanae Mssoudy avait marqué les esprits durant la première édition de la LDC CAF féminine, cette fois-ci le coach Amine Aliouna, qui a succédé à Abdallah Haidamou, a préféré à sa place titulariser Ibtissam Jraidi, plusieurs fois meilleure buteuse du championnat marocain. Et ce choix s’est avéré payant. La joueuse internationale marocaine ayant terminé en tête des artificières du tournoi, avec notamment un retentissant triplé en finale.
« Disputer la finale était déjà un exploit en lui même, mais nous nous sommes senties tout près du but et nous avons tout fait pour y parvenir », s’est réjouie Amine Aliouna. Ele n’a pas manqué de relever que « les Sud-Africaines de Mamelodi Sundowns ont été en infériorité numérique, mais nous avons ouvert le score quand les deux équipes jouaient à onze contre onze ».
Pour l’héroïne de la soirée, « La sensation de gagner est indescriptible. Une sensation très agréable de remporter le prix de la meilleure joueuse du match, et en même temps de réussir un triplé et de remporter le titre africain ».
« C’est un exploit historique. Je le dédie à toutes les composantes de l’Armée royale et aux fans qui nous ont soutenus tout au long du tournoi », a confié Jraidi
Avec cette victoire, l’AS FAR envoie un message clair à la concurrence. Le club reste le plus stable sur le plan national. À l’instar des clubs marocains de foot masculin, une domination continentale est possible avec la stratégie marocaine visant à développer le football féminin.
L’AS FAR renforce son effectif chaque année et parie aussi sur le rajeunissement. Ses joueuses sont par ailleurs loin de subir la mauvaise politique qui peut exister dans d'autres clubs (salaire non versés, absence de primes, problème de transport...). Et les meilleurs éléments de l'équipe ont encore plusieurs années dans les jambes.
Fatima Tagnaout, 23 ans, s'est illustrée en marquant trois buts et en délivrant autant de passes décisives. Ghizlaine Chhiri, 28 ans, s'est également distinguée (3 passes décisives).
Si par le passé l’effectif ne comptait que des Marocaines, il est désormais renforcé par un talent du continent, la Nigériane Blessing Shine Agbomadzi. Les recruteurs vont avoir les yeux braqués dans les pays en avance sur le foot féminin, tels que le Nigeria, le Ghana et la Zambie, histoire de consolider une équipe habituée à glaner des trophées.
Mohamed HADJI