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Le Maroc a gagné le droit de disputer une demi-finale de Coupe du Monde contre la France le 14 décembre, une première dans l'histoire du football africain, après avoir battu le Portugal samedi (1-0). Abdeslam Ouaddou, l'ancien défenseur des Lions de l'Atlas, a évidemment suivi cette qualification mémorable.
De notre correspondant en France,
Sport News Africa : Que ressentez-vous après la qualification historique du Maroc face au Portugal ?
Abdeslam Ouaddou : Evidemment beaucoup de joie. Le Maroc a réussi quelque chose de fantastique, d'extraordinaire. Il est en train de déjouer tous les pronostics. Il a battu la Belgique (2-0), éliminé l'Espagne (0-0, 3-0 aux t.a.b) et maintenant le Portugal, trois sélections qui étaient citées parmi les favoris ou les outsiders, et fait match nul contre la Croatie (0-0).
Même Walid Regragui, après le match face au Portugal, a reconnu qu'il n'avait pas imaginé que son équipe allait disputer une demi-finale de Coupe du monde...
Et pourtant... Beaucoup de gens prédisaient une élimination dès le premier tour. Moi, avant le match contre l'Espagne, j'avais déclaré, lors d'une interview accordée à 20 Minutes, que je voyais le Maroc aller en finale. Nous n'en sommes pas encore là, bien sûr, car il y aura une demi-finale à jouer contre la France, mercredi prochain. Ce sera très compliqué, mais il faut y croire. Les Français ne vont certainement pas nous prendre à la légère. Connaissant Didier Deschamps, c'est impossible. C'est un grand compétiteur, il va respecter le Maroc et le prendre très au sérieux. Et puis, un match France-Maroc en demi-finale, c'est quand même un peu particulier, non ? C'est une demi-finale inédite, entre deux pays très proches.
Le Maroc a réussi à garder sa cage inviolée, pour la quatrième fois depuis le début de la Coupe du Monde. A ce niveau, ce n'est plus du hasard...
Bien sûr que non ! Les joueurs marocains affichent un état d'esprit fantastique. Il y a une immense solidarité. Ils ont envie d'aller encore plus loin. Ils sont fatigués, ils donnent beaucoup, ils ont souffert contre le Portugal, mais ils sont encore debout. Le Maroc a une très belle génération de joueurs. Et puis, il y a une qualité tactique qui est impressionnante.
Vous faites allusion notamment au travail de Walid Regragui ?
Oui. Il a été nommé au mois d'août dernier, et avant la Coupe du monde, il n'a eu que trois matches amicaux pour préparer la compétition. C'est assez extraordinaire de parvenir à un tel résultat avec une vie commune aussi courte et seulement trois matches de préparation. Il a un système de jeu très bien huilé et rationnelle : une très bonne assise défensive, un jeu de transition, un bloc bas, des lignes serrées et une capacité à se projeter vite vers l'avant après avoir récupéré le ballon. Et comme il y a d'excellents manieurs de ballon dans cette équipe, ça marche.
Comprenez-vous les critiques entendues ou lues ici et là sur le profil supposé trop défensif du Maroc ?
Non. Elles sont pour moi infondées. Le Maroc défend bien, très bien même, mais il montre aussi des choses quand il est en phase de possession. Cette équipe a des valeurs, elle est d'une solidarité exemplaire. Elle peut compter sur d'excellents joueurs, comme Bounou, Amrabat, Ziyech, En-Nesyri, et bien sûr toute la défense. Ce qui m'inquiète un peu, c'est justement le secteur défensif : Aguerd et Mazraoui n'étaient pas là contre le Portugal, car ils étaient blessés, et on ne sait pas s'ils seront rétablis contre la France. Et Romain Saïss est sorti sur blessure ce samedi. On verra qui pourra jouer. Il y a sans doute beaucoup de fatigue, il faudra bien récupérer.
Alexis BILLEBAULT
