Dernier représentant du continent africain, le Maroc affrontera l’Espagne mardi à Al Rayyan. Après un premier tour épatant, les Lions de l’Atlas ont les arguments pour contrarier la Roja, qui reste le favori objectif de cette opposition.
Quand on a successivement accroché la Croatie, vice-championne du monde (0-0), dominé logiquement une Belgique certes vieillissante et plombée par les conflits internes (2-0) et dompté une intéressante sélection canadienne (2-1) certes éliminée, il y a de quoi aborder un 8e de finale avec quelques certitudes qui ne doivent surtout pas se transformer en excès de confiance. Un critère mental que Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, ne peut avoir négligé, une fois la qualification acquise et l’identité de l’adversaire de son équipe connue.
Car en face d’elle, la sélection nord-africaine n’aura pas n’importe qui. L’Espagne, même si ses derniers titres (Euro 2008 et 2012) et Coupe du Monde (2010), à une époque où elle gagnait tout, commencent à dater, est un candidat au sacre planétaire, le 18 décembre prochain. Flamboyante face au Costa Rica (7-0), brillante puis secouée par une Allemagne qui ignorait encore qu’elle courait à sa perte (1-1) , la Roja, victime de son ego, a lamentablement échoué face au Japon (1-2) piégée par son jeu de possession exacerbé, devenant une caricature d’elle-même.
« La plus grosse erreur consisterait à penser que le Maroc est le favori parce qu’il a brillamment terminé en tête de son groupe et que l’Espagne a été mise en difficulté, notamment par le Japon, un adversaire qui lui est inférieur. Mais je pense que les Lions de l’Atlas peuvent poser des problèmes aux espagnols et se qualifier. Il faut avoir de l’ambition et je souhaite vraiment que l’équipe de 2022 fasse mieux que celle de 1986 à laquelle j’appartenais », affirme Mustapha El Haddaoui, qui avait atteint au Mexique le second tour face à la RFA (0-1).
Les joueurs de Luis Enrique privilégient le jeu de possession, avec une tendance à multiplier les passes pour s’approcher du but adverse, une stratégie qui peut se révéler aussi stérile qu’agaçante. «Les Espagnols auront plus souvent le ballon, cela me semble évident », intervient le Français Patrice Beaumelle, ancien sélectionneur-adjoint de son compatriote Hervé Renard (février 2016-Août 2019). «Mais les Marocains auront des contres à exploiter. L'Espagne laissera des espaces, et je pense que les Lions ont les arguments techniques pour la gêner. En 2018, en Russie, cela avait déjà été le cas (2-2). »
Les Nord-africains n’ont sans doute pas les qualités d’explosivité des japonais, ou au moins pas autant développées, et qui avaient tant fait mal aux ibériques. « Cela dit, les Marocains sont capables de se projeter rapidement. Ils ont des joueurs qui peuvent aller vite. Je pense que le rôle d’Hakimi, de Boufal, de Ziyech bien sûr sera très important », poursuit l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire. Depuis Doha, où il assiste à la Coupe du Monde, Mustapha El Haddaoui se veut raisonnablement optimiste. « Ce sera un match à mon avis indécis, il y aura des occasions, des buts. L’Espagne est le favori, c’est normal, mais avec ce qu’il a montré depuis le début de la Coupe du Monde, avec la dynamique insufflée par Walid Regragui, le Maroc a ses chances. Sur un match à élimination directe, tout est possible…»
Alexis BILLEBAULT