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Sénégal : comment les sportifs vivent la crise politique ?

Depuis le 1er juin dernier, le sport sénégalais dans sa généralité est à l’arrêt. Le climat de tensions socio-politiques que traverse le Sénégal a rendu impossible la tenue des championnats de la quasi-totalité des sports. Les Fédérations ont été obligées de suspendre officiellement toutes leurs activités jusqu’à nouvel ordre. Une situation qui affecte les sportifs. Au micro de SNA, ces athlètes ont fait part de leurs inquiétudes même s’ils tentent chacun à sa manière de s’adapter dans l’espoir d’un retour à la normale.

Sénégal sports et crise politique
La crise politique met à l'arrêt les compétitions sportives

C’est le désert dans les stades de football, les parquets de basket-ball, les terrains de handball… Depuis 10 jours, le sport au Sénégal est en léthargie suite aux violentes manifestations enregistrées un peu partout dans le pays. Dans l’incapacité de disposer des forces de l’ordre pour le service d’ordre pour les différents championnats, les Fédérations sportives ont tout bonnement arrêté leurs activités jusqu’au retour de la paix. Une sortie de crise incertaine qui plonge les acteurs dans l’expectative.

Les aires de jeu exposés

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait jusqu’ici 16 morts et des centaines de blessés selon le dernier bilan des autorités sénégalaises. La violence constatée entre les jets de pierre et de cocktails molotov n'épargne aucun édifice. «Triste de vivre cette situation qui nous impacte fortement. Pour faire notre métier nous avons besoin de paix. Cela fait plusieurs jours d’entraînement manqués depuis le 1er juin. Le championnat est suspendu et on n’ignore quand ça va reprendre», s’est inquiété Oumar Gningue, capitaine de l’AS Pikine (D1 Football).

Le championnat élite de handball a également été suspendu provisoirement par la Fédération sénégalaise de handball (FSHB). Diourbel s’est vu freiner dans son ascension juste avant son match face au 2ème ASFA et après avoir dominé l’ISEG, leader de la D1 masculine. « Nous étions sur une très bonne dynamique dans nos compétitions. Nous étions sur trois victoires sur nos trois derniers matchs. Une série qui nous permet d’être 4ème en championnat mais qui aurait pu nous faire grimper plus haut au classement sans cette interruption », a regretté Pathé Diop, arrière centre de l’Olympique Diourbel.

Face à l’arrêt des compétitions, on s’adapte comme on peut chez les sportifs. «La situation impacte la disponibilité des terrains. Heureusement qu’il y a des zones un peu plus calmes, relativise le basketteur Ngor Goudiaby. Pour ne pas perdre la main, je me suis fait un programme d’entraînement en salle de musculation pour travailler sur ma condition physique. S’il y a des zones moins touchées par les heurts, j’en profite pour travailler sur mon tir. On s’adapte comme on peut face à cette situation précaire. Maintenir au mieux la forme physique et l’esprit de compétition », nous apprend le meneur de jeu de l’équipe de l’USPA (D2).

Risque de démobilisation inéluctable

La suspension de toutes les compétitions sportives semble être une sage décision même si l’on observe depuis quelques jours une accalmie. « Je comprends la décision de la Fédération de suspendre les compétitions parce qu’on ne sait jamais. Les populations sont nerveuses. Les risques sont importants face à une poursuite des compétitions. Surtout pour les compétitions de 2ème division qui se jouent souvent en terrain ouvert. Il y a encore plus de risques », a expliqué Ngor Goudiaby dont le club tente de remonter dans l’élite après sa relégation la défunte saison.

Les heurts ont surtout touché Dakar, la capitale et Ziguinchor dans le sud du Sénégal. Même si la majeur partie du territoire est épargné, les terrains disponibles, les jambes ne suivent pas. « Même si à Diourbel les tensions sont moins visibles, mais chacun pense à un membre de sa famille à Dakar, à l’université Cheikh Anta Diop où les affrontements ont fait rage. La plupart des Diourbelois, des « baol-baol » (ressortissants de la région de Diourbel) travaillent à Dakar. Leurs familles ici vivent au quotidien dans une angoisse exacerbée. Psychologiquement tu n’as plus la tête au handball. Quand tu viens au terrain, tu es là physiquement mais tes pensées sont ailleurs », a avoué Pathé Diop.

Les heurts que vit le Sénégal affectent les populations sur tous les plans. Les sportifs locaux ne sont malheureusement pas en reste comme le confirme Pathé Diop. « Ces tensions sociales nous affectent également sur le plan psychologique. On n’a plus la même motivation quand on va s’entraîner. On est totalement relâché et on n’est jamais au complet. Actuellement les entraînements ne sont plus ce que c’était. Un joueur a besoin de savoir si les compétitions iront au bout pour être motivé à continuer de s’entraîner », confie le jeune international sénégalais de handball.

Espoir et avis tranchés sur la crise

La banlieue de Dakar a été la zone la plus meurtrie durant ces affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Particulièrement le département de Pikine où une demi douzaine de jeunes ont perdu la vie. « Je présente mes condoléances aux familles des victimes », se désole le capitaine de l’AS Pikine. Avant d’ajouter : «si la situation persiste, je ne crois pas que le championnat ira à terme. Dans ce cas, le Sénégal n’aura pas de représentants dans les Coupes continentales de clubs. Pour qu’il y ait du football au Sénégal il faut que la paix revienne au préalable. J’espère que les personnalités œuvrent pour le retour de la paix dans notre pays.»

De son côté, Ngor Goudiaby tente avec beaucoup de psychologie de comprendre les revendications des jeunes. « Il y a beaucoup d’injustices dans ce pays. Je comprends donc cette situation que nous vivons en sachant qu’il y a d’autres qui voient cela différemment. Chaque individu endure différemment les situations que nous vivons. Je ne peux blâmer ceux qui sont à bout et qui sortent manifester leur colère. Même si de mon côté je réagi autrement face à ces injustices en ne versant pas dans la violence encore moins nuire à mon prochain. Mais je me mets à la place des manifestants, je fais preuve d’empathie en me disant qu’ils en ont marre», a-t-il conclu.

Moustapha M. SADIO

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